NI PARDON,
NI OUBLI…
- ROMAN -
SECONDE EDITION REVUE ET CORRIGEE
Toute ressemblance avec des personnes, des lieux ou des évènements existants ou ayant existés n'est pas purement fortuite.
Copyright Magnolia des Cazes d’Aubais.
Tous droits réservés.
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"La terre habitable se dérobait et reculait aux lisières de la mémoire, là où les souvenirs s'éclairent à la lueur étrangère des songes, tout près de la porte voûtée de l'irréel."
André COMBETTES
"Morlières."
1987
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"Car cet ouvrage sera ce qu'en feront ceux à qui il s'adresse : tous ceux que l'injustice emplit de révolte et de dégoût. Je n'ai pas la prétention de plaire, mais seulement d'éclairer et d'informer."
Michel DEL CASTILLO
"Les écrous de la haine."
Editions Julliard, 1970
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A TOI,
Au moins tu sauras pourquoi tu m’as toujours jugée détestable !
Je te donne ici d’excellentes raisons de continuer…
Surtout ne change rien ! Car…
"Je suis concitoyen de toute âme qui pense, la vérité c'est mon pays."
MAGNOLIA
2005
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PREMIERE PARTIE : JUSTINE
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"Pour moi, on ne devrait pas chercher à expliquer l'homosexualité, elle est, un point c'est tout."
Colin SPENCER
"Histoire de l’homosexualité de l’Antiquité à nos jours."
Editions Le Pré aux Clerc, 1998
1/LE HEROS
Mon grand-père maternel Sylvain participa à la guerre de 1914/1918. Il s’illustra à Verdun où son officier Jules D. fut enterré par l’explosion d’un obus. Mon grand-père entrepris de le déterrer en creusant à mains nues. Les autres soldats français présents qui aimaient tous beaucoup l’officier l’aidèrent. Grâce à leurs efforts conjugués, ils le sauvèrent et mon grand-père lui donna à boire l’eau, alors très précieuse, de sa gourde. L’officier reconnaissant fit décorer ses hommes de la Croix de Guerre à Verdun où fut apposée une plaque commémorant cet acte héroïque.
Mon grand-père fut blessé dans les jours qui suivirent au Chemin des Dames. Ironie du nom de la bataille, un éclat d’obus arracha les testicules à ce jeune homme de dix-huit ans !
Il se maria cependant en 1924, après avoir mis sa fiancée Louise dans la confidence de cette blessure secrète. Ils voulaient tous les deux des enfants et il fut convenu entre eux que ma grand-mère prendrait un amant afin de pouvoir engendrer la descendance officielle du couple. L’amant en question s’appelait Célestin, il était si roux que les gens de la région l’appelaient « l’orange ». Il était surtout un étalon sans pareil puisque à sa mort il avait engendré huit-cent deux enfants avec une multitude de femmes. Célestin mourut d’une crise cardiaque à plus de quatre-vint dix ans en faisant l’amour à une jeune-fille qui donna d’ailleurs naissance à un enfant posthume neuf mois plus tard ! Le huit-cent troisième rejeton!
Sylvain et Louise n’avouèrent jamais la vérité à leurs quatre filles, allant même jusqu’à laisser deux d’entre elles épouser chacune un de leurs demi-frères ! Mais, l’hérédité trahissant leur secret, je suis le portrait craché au féminin de Célestin !
GRAND-PERE
(A Pépé de Vieurals)
Décoré de la Croix de Guerre
A Verdun
Pour avoir sauvé ton officier
Enterré
Par l’explosion d’un obus.
Au Chemin des Dames
Tu te retrouves castré
Par l'éclat d’un autre obus…
Finie pour toi
La Grande Guerre !
Mille neuf-cent vingt-quatre,
Tu te maries
Jolie la fiancée
Et déjà de ton avis :
Elle te fera des enfants
Avec ton accord
Même sans testicules
Mais avec un amant roux
Père de huit-cent trois enfants !
Un amant roux
Toujours le même
Et quatre enfants pour vous…
Un mari,
Un père par procuration
Intelligent et heureux
Tel était mon grand-père.
Rodez, le 10 avril 2005.
2/L’AUTRE GRAND-PERE
Mon grand-père paternel, Baptiste., fut lui aussi mobilisé pour la première guerre mondiale. Il devait se marier en 1914 lorsque la guerre fut déclarée. Avec Emilie, sa fiancée, ils décidèrent d’attendre la fin du conflit pour s’unir, évitant ainsi d’en faire une veuve de guerre. Ils ne se marièrent donc qu’en 1919, après le retour du soldat.
En 1924, naquit de leur union André, le père qui m’a élevée. Quand il eut cinq ans, il eut droit tous les jours à un verre de vin rouge à chaque repas. Prémices à son alcoolisme ! (Ses enfants eurent droit eux à un peu de vin rouge coupé avec de l’eau…)
Son père, Baptiste, abusa très vite de lui, encouragé en cela par un autre de ses fils : Antoine… Ceci explique la vieille haine qui existe depuis l’enfance entre André et son frère qui savent pourtant s’entendre à l’occasion de… Nous verrons quoi…
Mon grand-père paternel, Baptiste., fut lui aussi mobilisé pour la première guerre mondiale. Il devait se marier en 1914 lorsque la guerre fut déclarée. Avec Emilie, sa fiancée, ils décidèrent d’attendre la fin du conflit pour s’unir, évitant ainsi d’en faire une veuve de guerre. Ils ne se marièrent donc qu’en 1919, après le retour du soldat.
En 1924, naquit de leur union André, le père qui m’a élevée. Quand il eut cinq ans, il eut droit tous les jours à un verre de vin rouge à chaque repas. Prémices à son alcoolisme ! (Ses enfants eurent droit eux à un peu de vin rouge coupé avec de l’eau…)
Son père, Baptiste, abusa très vite de lui, encouragé en cela par un autre de ses fils : Antoine… Ceci explique la vieille haine qui existe depuis l’enfance entre André et son frère qui savent pourtant s’entendre à l’occasion de… Nous verrons quoi…
3/LES FIANCEES DU DIABLE
Mes trois tantes et ma mère, Josette, filles très officielles du héros de Verdun furent dans leur jeunesse celles que j’appellerai les fiancées du diable. Dans les années 1950 et 1960, elles trompèrent toutes leur mari ou futur mari et donnèrent naissance à des enfants qu’elles s’empressèrent d’abandonner… Des filles et plusieurs garçons… Il y eut Ida, Christiane, Huguette, Guylaine, et les autres ! Douze filles naquirent ainsi de ces quatre mères indignes et furent abandonnées à la naissance !
Des couples les adoptèrent et changèrent leurs prénoms… Elles ne connaissent toujours pas, pour la plupart, leurs origines réelles.
4/L’ENFANT DES BOIS
Dans ma petite enfance, André qui m'a servi de père, parlait beaucoup avec moi. C'est ainsi qu'il me racontait qu'on m'avait trouvée dans les bois et qu'il me surnommait Marie Laforêt, comme la chanteuse à la mode à l'époque, parce qu'on m'avait, disait-il, trouvée au cœur de la forêt et à cause de mes yeux, verts comme ceux de la fille aux yeux d'or. André disait également, toujours de moi, qu'il ne m'avait jamais vu rire, ce qui traduisait sûrement un profond malaise.
Ma sœur Rosalie disait, elle, que les yeux bleus sont les yeux de la famille F., comme s'ils étaient les seuls sur terre à les avoir de cette couleur, et elle me disait :
- " Fais moi voir les tiens… Ah! Non, ils ne sont pas de la bonne couleur!"
Remarque qui me plongeait dans la perplexité, tandis que Josette m'expliquait que les petits garçons naissent dans les choux et les petites filles dans les roses. Et, ai-je envie d’ajouter, les homosexuels comme moi dans les choux-fleurs !
Dans ma petite enfance, André qui m'a servi de père, parlait beaucoup avec moi. C'est ainsi qu'il me racontait qu'on m'avait trouvée dans les bois et qu'il me surnommait Marie Laforêt, comme la chanteuse à la mode à l'époque, parce qu'on m'avait, disait-il, trouvée au cœur de la forêt et à cause de mes yeux, verts comme ceux de la fille aux yeux d'or. André disait également, toujours de moi, qu'il ne m'avait jamais vu rire, ce qui traduisait sûrement un profond malaise.
Ma sœur Rosalie disait, elle, que les yeux bleus sont les yeux de la famille F., comme s'ils étaient les seuls sur terre à les avoir de cette couleur, et elle me disait :
- " Fais moi voir les tiens… Ah! Non, ils ne sont pas de la bonne couleur!"
Remarque qui me plongeait dans la perplexité, tandis que Josette m'expliquait que les petits garçons naissent dans les choux et les petites filles dans les roses. Et, ai-je envie d’ajouter, les homosexuels comme moi dans les choux-fleurs !
5/JEAN VALJEAN
1967, ce soir-là un homme était à la maison. Il s’appelait Denis et il était venu me chercher pour m’emmener vivre dans sa famille. Mais Josette et André n’étaient pas d’accord… Josette lui demanda de l’argent : 50 000 francs nouveaux, André n’était pas de son avis, il clamait que j’étais sa fille et qu’il voulait me garder avec lui… Josette fléchit et argumenta que quand je serai grande je « leur » gagnerai de l’argent… Etais-je Cosette, était-il Jean Valjean et, eux, étaient-ils les misérables Thénardiers, tout me porte à le croire ! Avant de partir l’homme vint me faire un bisou, il fut gentil avec moi et ça me changea d’André et Josette !… En partant Denis dit à voix haute comme pour lui-même : « Dans cette famille, elle n’a pas fini d’en baver ! Elle va souffrir !… »
Quelques jours plus tard, naquit un garçon des entrailles de Josette. Lorsque j’annonçais la nouvelle à ma sœur Rosalie qui rentrait de l’école je lui criais joyeusement : « On a un petit frère ! » Ce à quoi elle me répondit : « Mais ce n’est pas possible ! NOUS ON A UN PETIT FRERE, MAIS PAS TOI ! » Sa réponse me surpris…
Au moment de choisir un prénom au bébé toute la famille participa à ce choix et, me souvenant de mon Jean Valjean, je proposai tout naturellement Denis… Josette n’était visiblement pas d’accord et ce furent mes sœurs qui la firent fléchir mais à condition de changer l’orthographe du prénom. Le nouveau-né s’appela donc Denys entr’autres prénoms. L’autre Denis l’apprit et fut touché par mon idée.
J’appris bien plus tard que le Denis visiteur avait déjà adopté très officieusement deux des filles mises au jour par les fiancées du diable. Peut-être était-ce pour cela qu’il avait envisagé le plus sérieusement du monde la possibilité de m’adopter aussi ?…
6/NOEL NOIR
Quelques jours plus tard c’était noël 1967. J’avais trois ans et demi… Josette et les trois aînés partirent au quine à Verlac puis à la messe de minuit. Je restais donc seule avec André et le bébé. Le Père-Noël étant passé tôt cette année là, je jouais tranquillement dans la cuisine tandis qu’André surveillait le petit Denys installé sur le lit de coin, tout en buvant du vin rouge.
Plus tard dans la soirée, André décida de préparer un biberon pour celui qu’il croyait être son fils et il me demanda de surveiller l’enfant pendant que lui faisait chauffer du lait… Je refusais, non décidément ce « chiard » ne m’intéressait plus bien qu’il n’ait qu’à peine douze jours derrière lui ! André s’énerva et me gifla en m’insultant. Je lui criais alors que cet enfant n’était même pas de lui mais de l’actuel amant de sa femme le fameux Léon ! Les coups de pieds et les gifles tombèrent alors de plus belle mais je ne cédais pas. André m’agrippa et me traîna jusqu’à la chambre au premier étage où il m’abandonna dans le noir après m’avoir flanquée une raclée de plus!
C’est de Josette en personne que je tenais les informations sur le père du rejeton et sur les pères de ses autres enfants puisque aucun n’était d’André et qu’aucun n’avait le même géniteur… Elle aurait décidément mieux fait de se taire!
Je me couchais comme je pus dans le noir sans me déshabiller et je continuais de pleurer. La fatigue finit cependant par avoir raison de mon chagrin et je m’endormis.
Je fus réveillée par des cris quelques heures plus tard. André, décidément complètement saoul, s’en prenait au reste de la famille qui venait de rentrer après la messe. Josette surgit dans la chambre pour me demander ce qu’il s’était passé… Mes larmes se remirent à couler et tout ce que je réussis à dire c’est qu’André était méchant et que je n’oublierais jamais ce soir-là !
Et je n’ai jamais oublié mais les souvenirs d’avant ce vingt-quatre décembre 1967 disparurent, eux, cette nuit là à cause du traumatisme.
Quelques jours plus tard c’était noël 1967. J’avais trois ans et demi… Josette et les trois aînés partirent au quine à Verlac puis à la messe de minuit. Je restais donc seule avec André et le bébé. Le Père-Noël étant passé tôt cette année là, je jouais tranquillement dans la cuisine tandis qu’André surveillait le petit Denys installé sur le lit de coin, tout en buvant du vin rouge.
Plus tard dans la soirée, André décida de préparer un biberon pour celui qu’il croyait être son fils et il me demanda de surveiller l’enfant pendant que lui faisait chauffer du lait… Je refusais, non décidément ce « chiard » ne m’intéressait plus bien qu’il n’ait qu’à peine douze jours derrière lui ! André s’énerva et me gifla en m’insultant. Je lui criais alors que cet enfant n’était même pas de lui mais de l’actuel amant de sa femme le fameux Léon ! Les coups de pieds et les gifles tombèrent alors de plus belle mais je ne cédais pas. André m’agrippa et me traîna jusqu’à la chambre au premier étage où il m’abandonna dans le noir après m’avoir flanquée une raclée de plus!
C’est de Josette en personne que je tenais les informations sur le père du rejeton et sur les pères de ses autres enfants puisque aucun n’était d’André et qu’aucun n’avait le même géniteur… Elle aurait décidément mieux fait de se taire!
Je me couchais comme je pus dans le noir sans me déshabiller et je continuais de pleurer. La fatigue finit cependant par avoir raison de mon chagrin et je m’endormis.
Je fus réveillée par des cris quelques heures plus tard. André, décidément complètement saoul, s’en prenait au reste de la famille qui venait de rentrer après la messe. Josette surgit dans la chambre pour me demander ce qu’il s’était passé… Mes larmes se remirent à couler et tout ce que je réussis à dire c’est qu’André était méchant et que je n’oublierais jamais ce soir-là !
Et je n’ai jamais oublié mais les souvenirs d’avant ce vingt-quatre décembre 1967 disparurent, eux, cette nuit là à cause du traumatisme.
A CONTRE COEUR
Dès le premier guillemet
Le plus près du premier cri
Ils ont cassé l'enfant
Jouet trop fragile
Pour des haines d'adultes.
Lorsque le point final
Tombera sans suspension
Les pleureuses viendront
Encenser de larmes
Ce sevré d'éclats de rire.
NOEL NOIR
Lointaine odeur
D'enfance putréfiée
L'oubli déserte les rangs
Un jour par an
Sombre anniversaire
Dans tes veines
Coulait le sang de la vigne
Noël triste
A l'haleine fétide
Squelette de fête
A l'ossature trop fragile.
Dès le premier guillemet
Le plus près du premier cri
Ils ont cassé l'enfant
Jouet trop fragile
Pour des haines d'adultes.
Lorsque le point final
Tombera sans suspension
Les pleureuses viendront
Encenser de larmes
Ce sevré d'éclats de rire.
NOEL NOIR
Lointaine odeur
D'enfance putréfiée
L'oubli déserte les rangs
Un jour par an
Sombre anniversaire
Dans tes veines
Coulait le sang de la vigne
Noël triste
A l'haleine fétide
Squelette de fête
A l'ossature trop fragile.
7/BABY-SITTING
Au cours des années soixante, j' allais souvent à Vieurals avec Josette chez Louise et Sylvain, ses parents.
Ce jour-là, Josette devait aller à un enterrement avec eux, elle demanda donc à sa sœur Elisabeth si elle pouvait s'occuper de moi pour l'après-midi. Celle-ci refusa prétextant qu'elle avait du travail et ce fut une voisine qui me garda. Vers la fin de la journée, Justine, la fille d'Elisabeth, passa me voir chez ces gens et resta un bon moment discutant avec eux et me regardant jouer. Ils lui demandèrent comment elle allait car elle était en principe hospitalisée. Josette revint un peu plus tard et me fit remarquer que Justine était là, comme si c'était quelque chose qui revêtait une importance exceptionnelle dont la teneur m'échappait alors tout à fait. Le soir venant, nous rentrâmes à Sézam.
Au fil des ans, Josette me demanda très souvent si je me souvenais que quand j’étais petite Justine m’avait gardée fréquemment… Non, je ne me souvenais pas.
En fait, ce n’est pas une baby-sitter que j’aie eu dans ma petite enfance mais deux ! Justine est bien l’une d’entre elles, l’autre c’est Sarah sa cousine, la fille de Denis, celui là même qui voulait m’adopter !
Elles se relayaient, quand l’une était là l’autre était absente et je les ai rarement vues ensemble. Une fois pourtant, pour leur plus grand malheur…
8/POUR LEUR PLUS GRAND MALHEUR…
J’avais cinq ans lorsque j’entendis Josette harceler André pour qu’il fasse ce qu’elle voulait, lui refusait obstinément mais un jour il céda… Le plan de Josette pouvait dès lors s’exécuter…
Quelques jours plus tard, Justine vint à la maison et Josette lui dit perfidement qu’ils aimeraient bien qu’elle vienne les voir avec Sarah, sa cousine, qu’ils aimaient beaucoup…Justine ne vit pas le piège se refermer sur elles deux et promis de revenir avec Sarah.
Le jour où elles vinrent, André et son frère Antoine les attendaient dans la maison où les trois enfants les plus jeunes, dont moi, se trouvaient, alors que Josette, la perfide Josette s’était postée dehors en bon guetteur pour qu’ils ne soient pas dérangés. Alors que Julien encourageait son soit-disant père, je hurlais « Papa ! Arrête ! Papa ! Arrête ! » mais en vain ! Décidément Sézam était bien « LE VILLAGE DES FOUS » comme le surnommaient les gendarmes !
Ce jour-là, les deux frères violèrent les deux jeunes filles, Antoine voulut même les violer avec un couteau mais elles eurent le temps de s’enfuir avant et Antoine blessé dut être hospitalisé. Ce n’était que justice!
J’oubliais aussitôt la scène, traumatisée une fois de plus par la barbarie de ces vrais misérables !
PASSE PRESENT
(A Justine et Sarah)
L'histoire de mes ancêtres
Se poursuit dans mes veines.
Leur enfance écartelée
Eclate dans ma tête,
Déchiquetée.
Faible et solide,
Forte et fragile,
Victimes des guerriers,
Femmes parmi les hommes
Je vous aime.
La recherche
Livre enfin ses secrets.
Sous le sceau d'un faux nom,
Reste la marque
Indélébile
Identité…
Faible et solide,
Forte et fragile,
Victimes des guerriers,
Femmes parmi les hommes
Je vous aime.
Nous partageons
La même souffrance :
Celle que tu portes,
Celle qui m'emporte…
Faible et solide,
Forte et fragile,
Victimes des guerriers,
Femmes parmi les hommes
Je vous aime.
Quelques jours plus tard, Justine vint à la maison et Josette lui dit perfidement qu’ils aimeraient bien qu’elle vienne les voir avec Sarah, sa cousine, qu’ils aimaient beaucoup…Justine ne vit pas le piège se refermer sur elles deux et promis de revenir avec Sarah.
Le jour où elles vinrent, André et son frère Antoine les attendaient dans la maison où les trois enfants les plus jeunes, dont moi, se trouvaient, alors que Josette, la perfide Josette s’était postée dehors en bon guetteur pour qu’ils ne soient pas dérangés. Alors que Julien encourageait son soit-disant père, je hurlais « Papa ! Arrête ! Papa ! Arrête ! » mais en vain ! Décidément Sézam était bien « LE VILLAGE DES FOUS » comme le surnommaient les gendarmes !
Ce jour-là, les deux frères violèrent les deux jeunes filles, Antoine voulut même les violer avec un couteau mais elles eurent le temps de s’enfuir avant et Antoine blessé dut être hospitalisé. Ce n’était que justice!
J’oubliais aussitôt la scène, traumatisée une fois de plus par la barbarie de ces vrais misérables !
PASSE PRESENT
(A Justine et Sarah)
L'histoire de mes ancêtres
Se poursuit dans mes veines.
Leur enfance écartelée
Eclate dans ma tête,
Déchiquetée.
Faible et solide,
Forte et fragile,
Victimes des guerriers,
Femmes parmi les hommes
Je vous aime.
La recherche
Livre enfin ses secrets.
Sous le sceau d'un faux nom,
Reste la marque
Indélébile
Identité…
Faible et solide,
Forte et fragile,
Victimes des guerriers,
Femmes parmi les hommes
Je vous aime.
Nous partageons
La même souffrance :
Celle que tu portes,
Celle qui m'emporte…
Faible et solide,
Forte et fragile,
Victimes des guerriers,
Femmes parmi les hommes
Je vous aime.
Sète, 17 Janvier 1996.
9/LA FOLIE DU DIABLE
Au début des années 1970, je jouais avec Denys et Sylviane, une cousine, dans la cour devant chez ses parents à Sézam.
Il y avait au fond de la cour, un "Cazal" où se trouvait un bâtiment en ruines.
Sylviane m'entraîna sur une muraille et Denys qui voulait nous suivre et n'avait que trois ans tomba du haut de ce mur. Il se blessa à la tête, se mit à pleurer et saigner abondamment.
Sylviane alla chercher sa mère, Monique, qui arriva affolée. J'essayais de relever Denys qui me lança :"Ne me touche pas! C'est de ta faute!"
On épongea le sang avec un gant de toilette humide et on prévint notre mère.
- "C'est moi qui vais me faire engueuler…" gémissait ma tante Monique .
Josette arriva et se mit à hurler, c'est à moi qu’elle s’en prit.
On ramena Denys vers la maison et comme j'appelais la femme "maman" elle cria :
- "Denys c'est mon fils, pas toi! Je ne suis pas ta mère et je ne veux pas de fille comme toi, rappelle toi de ça!"
Devant ce rejet, je saisis une branche morte, courus vers la maison et frappais le mur à plusieurs reprises de toutes mes forces.
- " Elle est complètement folle!" conclut mon oncle Antoine alors que se terminait cette première crise de violence et que Josette disait de moi : "Mais, c'est le diable!".
Au début des années 1970, je jouais avec Denys et Sylviane, une cousine, dans la cour devant chez ses parents à Sézam.
Il y avait au fond de la cour, un "Cazal" où se trouvait un bâtiment en ruines.
Sylviane m'entraîna sur une muraille et Denys qui voulait nous suivre et n'avait que trois ans tomba du haut de ce mur. Il se blessa à la tête, se mit à pleurer et saigner abondamment.
Sylviane alla chercher sa mère, Monique, qui arriva affolée. J'essayais de relever Denys qui me lança :"Ne me touche pas! C'est de ta faute!"
On épongea le sang avec un gant de toilette humide et on prévint notre mère.
- "C'est moi qui vais me faire engueuler…" gémissait ma tante Monique .
Josette arriva et se mit à hurler, c'est à moi qu’elle s’en prit.
On ramena Denys vers la maison et comme j'appelais la femme "maman" elle cria :
- "Denys c'est mon fils, pas toi! Je ne suis pas ta mère et je ne veux pas de fille comme toi, rappelle toi de ça!"
Devant ce rejet, je saisis une branche morte, courus vers la maison et frappais le mur à plusieurs reprises de toutes mes forces.
- " Elle est complètement folle!" conclut mon oncle Antoine alors que se terminait cette première crise de violence et que Josette disait de moi : "Mais, c'est le diable!".
10/LES DESSINS
Durant l’année scolaire 1970/1971, j’étais en cours préparatoire à Saint-Geniez d’Olt. C’était mon oncle Antoine et sa femme Monique qui m’hébergeaient ainsi que mon frère Julien et, bien sûr, leur fille Sylviane qui n’a que six mois de moins que moi et était dans la même classe.
Le soir, je faisais mes devoirs en même temps que Julien pendant que Sylviane jouait dehors. Lorsque nous avions fini, Julien allait jouer pendant que je faisais faire ses devoirs à Sylviane. Après nous passions à table et nous allions nous coucher dans l’unique chambre de l’appartement loué par les parents de Sylviane. Nous n’éteignions pas tout de suite.
Julien et Sylviane jouaient ensemble à un jeu mystérieux qui les faisait déambuler d’un lit à l’autre… Un soir, ils me demandèrent si je voulais jouer avec eux, question : -"A quoi ?" Réponse : -"Tu verras bien !" –"Alors c’est non !"
Quelques semaines plus tard, Josette entreprit de faire notre lessive le week-end et en vidant les poches de Julien elle tomba sur un morceau de papier sur lequel se trouvait un dessin et une annotation : « le zizi de Sylviane »… Crise à la maison ! Je savais enfin ce qu’était ce jeu mystérieux ! Je ris beaucoup bien que Josette s'en prenne à moi : -«Qu’est-ce que c’est que ça ?» -« Tu n’as qu’à le demander à Julien !» Josette s'égosillait : -« Tu le savais toi ?! » -« Non ! »
Josette ameuta la tante Monique, mère de Sylviane, et il y eut des gifles qui tombèrent… Pour une fois, pas sur moi ! Et je me dis que mon frère était décidément trop con d’avoir mis cette annotation ! Mais ce n’était qu’un jeu d’enfant, pas bien méchant finalement !
11/L’ACCIDENT
Saint-Geniez d'Olt 1970, un samedi à midi trente. Ma tante Monique vint nous chercher à la sortie de l'école. Dans la rue de l'Hôtel de Ville, mon frère Julien me dit : "Suis-moi!" et traversa la rue en courant. Je m'élançais derrière lui et ce fut l'accident : la jeune fille qui travaillait chez la fleuriste me renversa avec son vélomoteur! J'étais à moitié sonnée en pleine rue! Les gens criaient et s'affolaient autour de moi. Ma tante, aidée par quelque passant, me porta jusqu'à la pharmacie voisine. La pédale du vélomoteur m'avait légèrement foré la jambe droite et, bien qu'il y ait plus de peur que de mal, je pleurais et geignais à qui mieux mieux. Arriva alors Justine, ma cousine germaine, qui se mit en colère et me dit que la motarde en herbe avait eu bien plus mal que moi et me pria d'arrêter cris et gémissements. Monique me défendit et elles se disputèrent.
Ce n'était finalement pas grand chose et on me ramena à Sézam, où je reçus un puzzle représentant un château, envoyé avec un petit mot par ma motarde malheureuse. C'est Julien qui fit le puzzle, pendant que je racontais naïvement que j'avais vu sortir mes tripes de ma jambes, à la grande joie de Josette qui s'esclaffait et tentait en vain de m'expliquer que nous n'avons pas de tripes dans les jambes…
- « Ah! Mais si! Puisque je les ai vues! Non, mais! »
Durant l’année scolaire 1970/1971, j’étais en cours préparatoire à Saint-Geniez d’Olt. C’était mon oncle Antoine et sa femme Monique qui m’hébergeaient ainsi que mon frère Julien et, bien sûr, leur fille Sylviane qui n’a que six mois de moins que moi et était dans la même classe.
Le soir, je faisais mes devoirs en même temps que Julien pendant que Sylviane jouait dehors. Lorsque nous avions fini, Julien allait jouer pendant que je faisais faire ses devoirs à Sylviane. Après nous passions à table et nous allions nous coucher dans l’unique chambre de l’appartement loué par les parents de Sylviane. Nous n’éteignions pas tout de suite.
Julien et Sylviane jouaient ensemble à un jeu mystérieux qui les faisait déambuler d’un lit à l’autre… Un soir, ils me demandèrent si je voulais jouer avec eux, question : -"A quoi ?" Réponse : -"Tu verras bien !" –"Alors c’est non !"
Quelques semaines plus tard, Josette entreprit de faire notre lessive le week-end et en vidant les poches de Julien elle tomba sur un morceau de papier sur lequel se trouvait un dessin et une annotation : « le zizi de Sylviane »… Crise à la maison ! Je savais enfin ce qu’était ce jeu mystérieux ! Je ris beaucoup bien que Josette s'en prenne à moi : -«Qu’est-ce que c’est que ça ?» -« Tu n’as qu’à le demander à Julien !» Josette s'égosillait : -« Tu le savais toi ?! » -« Non ! »
Josette ameuta la tante Monique, mère de Sylviane, et il y eut des gifles qui tombèrent… Pour une fois, pas sur moi ! Et je me dis que mon frère était décidément trop con d’avoir mis cette annotation ! Mais ce n’était qu’un jeu d’enfant, pas bien méchant finalement !
11/L’ACCIDENT
Saint-Geniez d'Olt 1970, un samedi à midi trente. Ma tante Monique vint nous chercher à la sortie de l'école. Dans la rue de l'Hôtel de Ville, mon frère Julien me dit : "Suis-moi!" et traversa la rue en courant. Je m'élançais derrière lui et ce fut l'accident : la jeune fille qui travaillait chez la fleuriste me renversa avec son vélomoteur! J'étais à moitié sonnée en pleine rue! Les gens criaient et s'affolaient autour de moi. Ma tante, aidée par quelque passant, me porta jusqu'à la pharmacie voisine. La pédale du vélomoteur m'avait légèrement foré la jambe droite et, bien qu'il y ait plus de peur que de mal, je pleurais et geignais à qui mieux mieux. Arriva alors Justine, ma cousine germaine, qui se mit en colère et me dit que la motarde en herbe avait eu bien plus mal que moi et me pria d'arrêter cris et gémissements. Monique me défendit et elles se disputèrent.
Ce n'était finalement pas grand chose et on me ramena à Sézam, où je reçus un puzzle représentant un château, envoyé avec un petit mot par ma motarde malheureuse. C'est Julien qui fit le puzzle, pendant que je racontais naïvement que j'avais vu sortir mes tripes de ma jambes, à la grande joie de Josette qui s'esclaffait et tentait en vain de m'expliquer que nous n'avons pas de tripes dans les jambes…
- « Ah! Mais si! Puisque je les ai vues! Non, mais! »
12/RUE FRAYSSINOUS
Le jeudi après-midi, à Saint-Geniez, nous allions souvent jouer chez nos cousines, rue Frayssinous. La petite troupe s’ébattait joyeusement vers leur maison. La première fois que nous y allâmes, arrivés devant, il y avait là d’autres enfants qui jouaient et une fille plus grande vint vers nous. Les autres commencèrent à se moquer d’elle et moi, déjà influençable, j’en fis autant ! Ma cousine se fâcha et me dit avec raison que je n’étais pas mieux que cette jeune-fille, que j’étais comme elle et que ce n’était vraiment pas la peine que je fasse ma maline ! J’étais donc prise en défaut ! Je me sentis d’autant plus bête qu’il me sembla alors la reconnaître… Elle venait à Sézam avant pour s’occuper de moi et il me semblait que je m’entendais bien avec elle… Mais là, un voile était passé au creux de ses yeux verts, pour la première fois je venais de la décevoir… Pardon Sarah! Vraiment !…
A quelques temps de là, un soir alors que les enfants étaient couchés, nous entendîmes des cris dans l'appartement à Saint-Geniez. C'était Justine, Sarah et un homme inconnu qui se battaient avec mon oncle. A travers la porte de la chambre j'entendis Sarah me dire : "Joëlle, c'est maman, je suis venue te chercher!" Mais la porte entre nous était fermée à clef et personne ne pu la passer. Sarah, Justine et l'inconnu furent donc obligés de renoncer à leur projet d'enlèvement d'enfant. Le lendemain, mon oncle prévint la gendarmerie et ma tante mes parents officiels. Il fut convenu que l'année suivante, j'habiterai ailleurs avec Josette qui allait prendre un appartement.
13/ENTREZ DANS LA DANSE
Décembre 1970… Un dimanche soir à Sézam, j'eus une violente crise de maux de ventre. André paniqua :
- "Ce sera comme sa mère! Qui aura fait ça? Mais qui aura fait ça cette fois-ci?"
Josette essaya de le calmer :
- " Mais tu vois bien que ce n'est pas possible…"
Il insista :
- "Les gens vont dire que c'est moi! Mais qui est le père? Ce sera l'autre…"
Elle continua :
- "Mais tu vois bien que ce n'est pas possible! Elle est trop jeune pour pouvoir avoir un enfant!"
On finit tout de même par appeler un médecin qui expliqua difficilement à André qu'à six ans et demi je ne pouvais pas être enceinte et conclut à une crise d'appendicite. On m'emmena donc à la clinique Saint-Louis à Rodez pour y être opérée le lendemain matin.
L'hospitalisation dura une semaine au cours de laquelle ma tante Reine m'amena un livre rouge, de la part de ma cousine germaine, sa nièce Justine, intitulé : "Entrez dans la danse" que je ne lus que bien des années plus tard. Il raconte l'histoire de l'apprentissage de la vie, du sexe puis de l'amour d'une petite paysanne. Tout un programme!
Justine vint me voir aussi à la clinique, accompagnée par Sarah, sa cousine. Il y eu une violente altercation avec Josette qui l'accusa de m'avoir battue lorsque j'étais petite. Justine m'expliqua alors qu'elle m'avait giflée quelques années auparavant. Je demandais alors à Josette si elle ne m'avait jamais giflée, elle, connaissant pertinemment la réponse. Justine me promit solennellement de ne plus jamais frapper un enfant de toute sa vie.
Quinze jours plus tard, je revins à la clinique pour me faire enlever les points de suture. Madame le docteur S. qui m'avait opérée, me fit particulièrement mal, volontairement me sembla-t-il. Josette lui parla de mon problème d'énurésie et le docteur me prescrivit un sirop. C'est ainsi que, durant des années, on me gava de potions diverses le soir, de miel avant d'aller dormir et qu'on m'interdisait de boire après seize heures pour éviter que je fasse pipi au lit… Cela ne régla pas le problème, sûrement dû à un manque affectif très aigu.
Nous avions deux chiens à Sézam, avec lesquels je m’entendais bien et qui m’apportaient un peu de l’affection qui me manquait. Un été, André partit avec eux et quelques minutes plus tard j’entendis des coups de feu. Comprenant aussitôt ce qu’il se passait, je courus à perdre haleine jusqu’au champ où ils se trouvaient, en criant : « Papa !Arrête ! »
André était entrain de faire tuer les chiens à coups de fusil par un voisin ! Taxi était déjà mort et Tom blessé courait encore ! Je ne pus rien faire et ils l’achevèrent !
A quelque temps de là, une chienne donna naissance à dix chiots. André m’emmena les voir et me demanda d’en choisir un pour que nous le gardions… Je refusais de choisir sachant que les neufs autres allaient être assassinés et me doutant qu’il tuerait d’abord celui que je choisirais !
14/A LA CLAIRE FONTAINE
Un été à Sézam, je jouais avec Denys, mon frère, nous courions dans un chemin et passant près d'une fontaine nommée "le naouquet" je glissais et tombais dans l'eau. Denys qui courait derrière moi sauta dans l'eau, croyant que je l'avais moi aussi fait exprès et que ça faisait partie du jeu.
Je me mis en colère après lui, sachant que j'allais me faire gronder copieusement puisque j'étais la plus grande des deux et qu'on m'avait toujours rendue responsable de mon petit frère.
Il y avait des jeunes, dont Justine ma cousine, sur la route au-dessus de la fontaine, qui avaient assisté à la scène. Elle m'assura que je ne risquais rien puisque je n'y étais pour rien, mais je n'en crus pas un mot et elle décida finalement de nous raccompagner à la maison où nous habitions alors.
Evidemment, lorsque Josette nous vit arriver trempés comme des soupes elle s'en prit à moi, Justine dut s'interposer et lui expliquer que je n'y étais pour rien. Josette s'énerva et lui dit de se taire, le ton monta et Josette lui dit méchamment que quand "ça" lui était arrivé on l'entendait crier jusqu'à Vieurals. Je ne comprenais pas de quoi elle parlait, traumatisée j’avais complètement oublié le double viol dont Justine et Sarah avaient été victimes en 1969. Cependant, l'intervention de Justine m'évita sûrement une correction parfaitement imméritée…
15/J’IRAI PLUS DANS VOS BOUMS !
Lorsque Rosalie et Emma, mes sœurs, furent adolescentes, la maison de Sézam devint le terrain de fréquentes boums folkloriques pour lesquelles elles invitaient leurs amis le week-end.
Justine, notre cousine germaine, qui n'y participait jamais, vint pourtant à l'une de ces boum. Mais elle passa la soirée assise face à moi à me parler et me faire parler au lieu de danser comme les autres jeunes. Josette surveillait la conversation, à peu de distance et se rapprocha plusieurs fois, s'extasiant que les choses se passent aussi bien entre Justine et moi.
Je ne sais plus si cette soirée eut lieu avant ou après celle où je me fis traiter de "petite pute comme ma mère!" par un homme dont j'ai oublié l'identité et qu'André dut chasser de la maison en lui interdisant de jamais y remettre le bout d'un orteil.
Il y eut un autre incident durant ces boums. Je ne sais plus comment ça commença, mais un homme m'interpella et me tint des propos que je ne compris pas sur mes parents essayant de me démontrer qu'André et Josette n'étaient pas les vrais. La famille s'interposa entre lui et moi, me poussant en arrière vers l'escalier qui montait aux chambres. Josette me dit de ne pas écouter cet individu, qu'il mentait. Je ne comprenais rien et ne trouvais qu'une chose à répéter : "Mais pourquoi il dit ça?"
Il y eut aussi la fois où étant allée me coucher avant la fin d'une boum, un homme ivre déboula dans ma chambre avec des intentions qui le firent se faire éconduire par Josette qui l'avait entendu monter l'escalier.
Depuis ces soirées, j'ai la danse en horreur et tout particulièrement s'il s'agit de folklore.
13/ENTREZ DANS LA DANSE
Décembre 1970… Un dimanche soir à Sézam, j'eus une violente crise de maux de ventre. André paniqua :
- "Ce sera comme sa mère! Qui aura fait ça? Mais qui aura fait ça cette fois-ci?"
Josette essaya de le calmer :
- " Mais tu vois bien que ce n'est pas possible…"
Il insista :
- "Les gens vont dire que c'est moi! Mais qui est le père? Ce sera l'autre…"
Elle continua :
- "Mais tu vois bien que ce n'est pas possible! Elle est trop jeune pour pouvoir avoir un enfant!"
On finit tout de même par appeler un médecin qui expliqua difficilement à André qu'à six ans et demi je ne pouvais pas être enceinte et conclut à une crise d'appendicite. On m'emmena donc à la clinique Saint-Louis à Rodez pour y être opérée le lendemain matin.
L'hospitalisation dura une semaine au cours de laquelle ma tante Reine m'amena un livre rouge, de la part de ma cousine germaine, sa nièce Justine, intitulé : "Entrez dans la danse" que je ne lus que bien des années plus tard. Il raconte l'histoire de l'apprentissage de la vie, du sexe puis de l'amour d'une petite paysanne. Tout un programme!
Justine vint me voir aussi à la clinique, accompagnée par Sarah, sa cousine. Il y eu une violente altercation avec Josette qui l'accusa de m'avoir battue lorsque j'étais petite. Justine m'expliqua alors qu'elle m'avait giflée quelques années auparavant. Je demandais alors à Josette si elle ne m'avait jamais giflée, elle, connaissant pertinemment la réponse. Justine me promit solennellement de ne plus jamais frapper un enfant de toute sa vie.
Quinze jours plus tard, je revins à la clinique pour me faire enlever les points de suture. Madame le docteur S. qui m'avait opérée, me fit particulièrement mal, volontairement me sembla-t-il. Josette lui parla de mon problème d'énurésie et le docteur me prescrivit un sirop. C'est ainsi que, durant des années, on me gava de potions diverses le soir, de miel avant d'aller dormir et qu'on m'interdisait de boire après seize heures pour éviter que je fasse pipi au lit… Cela ne régla pas le problème, sûrement dû à un manque affectif très aigu.
Nous avions deux chiens à Sézam, avec lesquels je m’entendais bien et qui m’apportaient un peu de l’affection qui me manquait. Un été, André partit avec eux et quelques minutes plus tard j’entendis des coups de feu. Comprenant aussitôt ce qu’il se passait, je courus à perdre haleine jusqu’au champ où ils se trouvaient, en criant : « Papa !Arrête ! »
André était entrain de faire tuer les chiens à coups de fusil par un voisin ! Taxi était déjà mort et Tom blessé courait encore ! Je ne pus rien faire et ils l’achevèrent !
A quelque temps de là, une chienne donna naissance à dix chiots. André m’emmena les voir et me demanda d’en choisir un pour que nous le gardions… Je refusais de choisir sachant que les neufs autres allaient être assassinés et me doutant qu’il tuerait d’abord celui que je choisirais !
14/A LA CLAIRE FONTAINE
Un été à Sézam, je jouais avec Denys, mon frère, nous courions dans un chemin et passant près d'une fontaine nommée "le naouquet" je glissais et tombais dans l'eau. Denys qui courait derrière moi sauta dans l'eau, croyant que je l'avais moi aussi fait exprès et que ça faisait partie du jeu.
Je me mis en colère après lui, sachant que j'allais me faire gronder copieusement puisque j'étais la plus grande des deux et qu'on m'avait toujours rendue responsable de mon petit frère.
Il y avait des jeunes, dont Justine ma cousine, sur la route au-dessus de la fontaine, qui avaient assisté à la scène. Elle m'assura que je ne risquais rien puisque je n'y étais pour rien, mais je n'en crus pas un mot et elle décida finalement de nous raccompagner à la maison où nous habitions alors.
Evidemment, lorsque Josette nous vit arriver trempés comme des soupes elle s'en prit à moi, Justine dut s'interposer et lui expliquer que je n'y étais pour rien. Josette s'énerva et lui dit de se taire, le ton monta et Josette lui dit méchamment que quand "ça" lui était arrivé on l'entendait crier jusqu'à Vieurals. Je ne comprenais pas de quoi elle parlait, traumatisée j’avais complètement oublié le double viol dont Justine et Sarah avaient été victimes en 1969. Cependant, l'intervention de Justine m'évita sûrement une correction parfaitement imméritée…
15/J’IRAI PLUS DANS VOS BOUMS !
Lorsque Rosalie et Emma, mes sœurs, furent adolescentes, la maison de Sézam devint le terrain de fréquentes boums folkloriques pour lesquelles elles invitaient leurs amis le week-end.
Justine, notre cousine germaine, qui n'y participait jamais, vint pourtant à l'une de ces boum. Mais elle passa la soirée assise face à moi à me parler et me faire parler au lieu de danser comme les autres jeunes. Josette surveillait la conversation, à peu de distance et se rapprocha plusieurs fois, s'extasiant que les choses se passent aussi bien entre Justine et moi.
Je ne sais plus si cette soirée eut lieu avant ou après celle où je me fis traiter de "petite pute comme ma mère!" par un homme dont j'ai oublié l'identité et qu'André dut chasser de la maison en lui interdisant de jamais y remettre le bout d'un orteil.
Il y eut un autre incident durant ces boums. Je ne sais plus comment ça commença, mais un homme m'interpella et me tint des propos que je ne compris pas sur mes parents essayant de me démontrer qu'André et Josette n'étaient pas les vrais. La famille s'interposa entre lui et moi, me poussant en arrière vers l'escalier qui montait aux chambres. Josette me dit de ne pas écouter cet individu, qu'il mentait. Je ne comprenais rien et ne trouvais qu'une chose à répéter : "Mais pourquoi il dit ça?"
Il y eut aussi la fois où étant allée me coucher avant la fin d'une boum, un homme ivre déboula dans ma chambre avec des intentions qui le firent se faire éconduire par Josette qui l'avait entendu monter l'escalier.
Depuis ces soirées, j'ai la danse en horreur et tout particulièrement s'il s'agit de folklore.
16/HALLOWEEN D’ETE
Eté 1971, ma marraine, Marguerite, la plus jeune sœur de Josette était en visite à Sézam.
- "Si tu veux, on te la prend", dit-elle à Josette en parlant de moi.
C'est ainsi que je partis en vacances pour deux mois dans le Tarn.
Je passais un mois chez Casimir, un frère d'André. L'autre chez Marguerite et Lucas son mari. A Saury, leur ferme, je dormais dans une chambre seule. Un matin, je fus réveillée par un bourdonnement qui m'effraya. Lorsque Marguerite entra dans la pièce pour me réveiller, elle me trouva terrorisée cachée sous les draps. La cause de ma terreur n'était qu'une libellule qui s'était introduite dans la chambre. Yvan, le plus jeune fils de Marguerite, qui collectionnait les insectes, se fit une joie de la capturer et de l'épingler dans sa collection.
Gérald et Yvan, les fils de Marguerite et Lucas, m'emmenaient de temps en temps avec eux dans la journée. C'est ainsi qu'ils me firent découvrir leurs cabanes. L'une creusée dans la terre et recouverte de troncs d'arbres posés côte à côte et recouverts de terre, sur le toit de laquelle la végétation avait repoussée. L'autre construite en bottes de foin rectangulaires dans un arbre devant la maison, où je passais des heures dans la solitude.
Au cours d'une de ces expéditions dans la nature, Yvan s'en prit à moi me parlant de ma mère et me disant méchamment que j'étais une petite pute comme elle. Je n'eus pas le temps d'en comprendre davantage car Gérald le frappa avec une branche morte en lui disant de se taire. Yvan partit en pleurant chercher sa mère. Lorsque Marguerite arriva, elle me prit à témoin me demandant si c'était bien son fils aîné qui avait frappé le cadet. Consciente que Gérald m'avait défendue, j'hésitais à répondre. La femme insista argumentant que je ne mentais jamais et c'est ainsi que je dénonçais mon seul allié contre mon gré. Il rentra à la maison sous une pluie de gifle de la part de sa mère en colère. Yvan avait un bras cassé mais la leçon avait porté : il cessa de répéter ce qu'il entendait dire par de plus grands que lui !
Une nuit, je m'éveillais et sentis mon cœur s'arrêter. Deux visages grimaçants ricanaient devant moi, au pied de mon lit. Je me mis à hurler et Marguerite et Yvan entrèrent dans ma chambre en riant. Ma tante alluma finalement la lumière me dévoilant ainsi la supercherie. Ils avaient planté au pied de mon lit deux citrouilles oranges dans lesquelles ils avaient sculptés deux visages. Ils avaient placés une bougie à l'intérieur de chacune de ces deux figures qu'ils avaient recouvertes d'un drap pour leur donner forme humaine. Voilà comment je découvris Halloween, une nuit en plein été, à sept ans et demi à peine. Jeu cruel s'il en est!
A quelques temps de là, Casimir, mon oncle paternel, passa voir Marguerite en allant à une foire. Il était accompagné d'une adolescente qu'il présenta comme étant la fille d'un de ses voisins qu'il emmenait en ville. Pendant qu'il discutait dans la maison avec ma tante maternelle, je restais dehors avec cette jeune fille qui me parla un peu d'elle. Nous avions sympathisé et elle me dit avant de partir :
- " J'aimerais bien avoir une fille comme toi…"
Cri du cœur qui me toucha et lorsque je la vis s'éloigner pour monter en voiture, je n'eus qu'une envie : partir avec elle!
Avant de monter dans le véhicule, elle me lança un long regard qui planta ses merveilleux yeux verts au creux de ma mémoire où ils sont encore près de trente ans plus tard.
Lorsqu'elle fut partie, j'eus une crise de cafard. Je courus me réfugier près du puits, dont on m'interdisait de m'approcher, avec l'envie de me jeter dedans. Ah! Comme j'aurais aimé avoir une mère comme elle!…
J'eus alors des doutes sur ma naissance, souhaitant qu'André et Josette ne soient pas mes vrais parents.
Lorsque Josette vint me chercher, à la fin de l'été, je refusais de partir avec elle lui disant :
- "Tu n'es pas ma mère!"
Un peu paniquée par cette affirmation, elle me répondit :
- "Mais si! Regarde : tu as les mêmes yeux que moi!"
Il faut savoir pour comprendre l'anecdote qu'elle a les yeux marrons et moi verts…
Après cet épisode, Josette n'eut de cesse de me convaincre que j'étais bien sa fille, allant jusqu'à exhiber une photo d'elle enfant en demandant à la cantonade de qui il s'agissait, pour le simple plaisir de s'entendre répondre : -"C'est Joëlle!"
Je n'aimais pas cet amalgame qui niait mon individualité, peut-être parce que je n'aimais pas Josette qui me le rendait bien!
Eté 1971, ma marraine, Marguerite, la plus jeune sœur de Josette était en visite à Sézam.
- "Si tu veux, on te la prend", dit-elle à Josette en parlant de moi.
C'est ainsi que je partis en vacances pour deux mois dans le Tarn.
Je passais un mois chez Casimir, un frère d'André. L'autre chez Marguerite et Lucas son mari. A Saury, leur ferme, je dormais dans une chambre seule. Un matin, je fus réveillée par un bourdonnement qui m'effraya. Lorsque Marguerite entra dans la pièce pour me réveiller, elle me trouva terrorisée cachée sous les draps. La cause de ma terreur n'était qu'une libellule qui s'était introduite dans la chambre. Yvan, le plus jeune fils de Marguerite, qui collectionnait les insectes, se fit une joie de la capturer et de l'épingler dans sa collection.
Gérald et Yvan, les fils de Marguerite et Lucas, m'emmenaient de temps en temps avec eux dans la journée. C'est ainsi qu'ils me firent découvrir leurs cabanes. L'une creusée dans la terre et recouverte de troncs d'arbres posés côte à côte et recouverts de terre, sur le toit de laquelle la végétation avait repoussée. L'autre construite en bottes de foin rectangulaires dans un arbre devant la maison, où je passais des heures dans la solitude.
Au cours d'une de ces expéditions dans la nature, Yvan s'en prit à moi me parlant de ma mère et me disant méchamment que j'étais une petite pute comme elle. Je n'eus pas le temps d'en comprendre davantage car Gérald le frappa avec une branche morte en lui disant de se taire. Yvan partit en pleurant chercher sa mère. Lorsque Marguerite arriva, elle me prit à témoin me demandant si c'était bien son fils aîné qui avait frappé le cadet. Consciente que Gérald m'avait défendue, j'hésitais à répondre. La femme insista argumentant que je ne mentais jamais et c'est ainsi que je dénonçais mon seul allié contre mon gré. Il rentra à la maison sous une pluie de gifle de la part de sa mère en colère. Yvan avait un bras cassé mais la leçon avait porté : il cessa de répéter ce qu'il entendait dire par de plus grands que lui !
Une nuit, je m'éveillais et sentis mon cœur s'arrêter. Deux visages grimaçants ricanaient devant moi, au pied de mon lit. Je me mis à hurler et Marguerite et Yvan entrèrent dans ma chambre en riant. Ma tante alluma finalement la lumière me dévoilant ainsi la supercherie. Ils avaient planté au pied de mon lit deux citrouilles oranges dans lesquelles ils avaient sculptés deux visages. Ils avaient placés une bougie à l'intérieur de chacune de ces deux figures qu'ils avaient recouvertes d'un drap pour leur donner forme humaine. Voilà comment je découvris Halloween, une nuit en plein été, à sept ans et demi à peine. Jeu cruel s'il en est!
A quelques temps de là, Casimir, mon oncle paternel, passa voir Marguerite en allant à une foire. Il était accompagné d'une adolescente qu'il présenta comme étant la fille d'un de ses voisins qu'il emmenait en ville. Pendant qu'il discutait dans la maison avec ma tante maternelle, je restais dehors avec cette jeune fille qui me parla un peu d'elle. Nous avions sympathisé et elle me dit avant de partir :
- " J'aimerais bien avoir une fille comme toi…"
Cri du cœur qui me toucha et lorsque je la vis s'éloigner pour monter en voiture, je n'eus qu'une envie : partir avec elle!
Avant de monter dans le véhicule, elle me lança un long regard qui planta ses merveilleux yeux verts au creux de ma mémoire où ils sont encore près de trente ans plus tard.
Lorsqu'elle fut partie, j'eus une crise de cafard. Je courus me réfugier près du puits, dont on m'interdisait de m'approcher, avec l'envie de me jeter dedans. Ah! Comme j'aurais aimé avoir une mère comme elle!…
J'eus alors des doutes sur ma naissance, souhaitant qu'André et Josette ne soient pas mes vrais parents.
Lorsque Josette vint me chercher, à la fin de l'été, je refusais de partir avec elle lui disant :
- "Tu n'es pas ma mère!"
Un peu paniquée par cette affirmation, elle me répondit :
- "Mais si! Regarde : tu as les mêmes yeux que moi!"
Il faut savoir pour comprendre l'anecdote qu'elle a les yeux marrons et moi verts…
Après cet épisode, Josette n'eut de cesse de me convaincre que j'étais bien sa fille, allant jusqu'à exhiber une photo d'elle enfant en demandant à la cantonade de qui il s'agissait, pour le simple plaisir de s'entendre répondre : -"C'est Joëlle!"
Je n'aimais pas cet amalgame qui niait mon individualité, peut-être parce que je n'aimais pas Josette qui me le rendait bien!
17/LES PETITS CONS
A la même époque, je dormais à Sézam dans la chambre des parents dans le même lit que Julien. Un matin, ce petit con âgé de trois ans de plus que moi, me proposa de faire ce que faisait papa et maman la nuit… Dans un premier temps, je ne compris pas de quoi il parlait : la nuit je dormais moi ! Comprenant tout à coup, je refusais mais il m’agrippa et je n’eus plus qu’une solution : me mettre à hurler ! Je réussis ainsi à ameuter Josette et une femme qui lui rendait visite. J’expliquais tant bien que mal, me fis traiter évidemment de menteuse par Josette, mais l’autre femme me défendit disant qu’à mon âge je ne pouvais pas avoir inventé ça !
Il fut décidé sur le champ que désormais les garçons de la famille dormiraient dans une chambre, les filles dans une autre et les parents dans une troisième, la maison le permettant.
Julien, ce petit con, s’était mis là dans un mauvais cas. Il dut subir dès ce jour là les assauts de Josette à qui l’incident avait donné des idées, évidemment malsaines! Comme toutes les idées de cette très chère mère ! C’est ainsi qu’elle lui fit vivre des années d’inceste.
Après Julien, parti pour Paris définitivement, ce fut le tour de Denys qui, lui, provoqua cette relation suite aux confidences de son frère. Le petit malin pris des photos de ces ébats et commença à faire chanter Josette… Depuis, si elle ne lui donne pas l’argent qu’il réclame, il menace de montrer les photos en se faisant passer pour la victime de ce nouvel inceste !
A la même époque, je dormais à Sézam dans la chambre des parents dans le même lit que Julien. Un matin, ce petit con âgé de trois ans de plus que moi, me proposa de faire ce que faisait papa et maman la nuit… Dans un premier temps, je ne compris pas de quoi il parlait : la nuit je dormais moi ! Comprenant tout à coup, je refusais mais il m’agrippa et je n’eus plus qu’une solution : me mettre à hurler ! Je réussis ainsi à ameuter Josette et une femme qui lui rendait visite. J’expliquais tant bien que mal, me fis traiter évidemment de menteuse par Josette, mais l’autre femme me défendit disant qu’à mon âge je ne pouvais pas avoir inventé ça !
Il fut décidé sur le champ que désormais les garçons de la famille dormiraient dans une chambre, les filles dans une autre et les parents dans une troisième, la maison le permettant.
Julien, ce petit con, s’était mis là dans un mauvais cas. Il dut subir dès ce jour là les assauts de Josette à qui l’incident avait donné des idées, évidemment malsaines! Comme toutes les idées de cette très chère mère ! C’est ainsi qu’elle lui fit vivre des années d’inceste.
Après Julien, parti pour Paris définitivement, ce fut le tour de Denys qui, lui, provoqua cette relation suite aux confidences de son frère. Le petit malin pris des photos de ces ébats et commença à faire chanter Josette… Depuis, si elle ne lui donne pas l’argent qu’il réclame, il menace de montrer les photos en se faisant passer pour la victime de ce nouvel inceste !
18/LE PETIT FILS INDESIRABLE
Emma, ma sœur aînée, avait dix-sept ans lorsqu’elle tomba enceinte… La plus grande discrétion fut de mise dans la famille car les parents considéraient cette grossesse comme honteuse.
Emma alla au lycée à Rodez tant que rien ne fut visible. Les derniers mois arrivant on l’envoya « se cacher » chez une tante où l’accouchement eut lieu. Josette présente à cette occasion essaya d’étrangler le bébé naissant qu’Emma eut juste le temps de lui arracher des mains !
La honte ne pouvant s’abattre ainsi sur la famille, il fut décidé de confier l’enfant à la famille du père, un voisin.
Sa grand-mère paternelle cacha le petit dans le grenier sans chauffage de sa maison, nu qu’il pleuve, qu’il vente où qu’il gèle à pierre fendre dehors !
Une fois, Josette m’emmena chez ces voisins et pour l’occasion la grand-mère paternelle sortit le bébé de son grenier.
Josette ne lui fit aucun des « mamours » qu’elle fait toujours hypocritement aux enfants en bas âge. Pour celui là, un « aarreuh » ou un « guiliguili » était inutile!
Pire ! Enervée par la vue de cet enfant, elle saisit une poêle à marrons et le frappa violemment à la tête jusqu’à ce qu’il tombe inconscient… C’était pour moi un traumatisme de trop !
L’enfant était toujours vivant et je ne pus le protéger de sa grand-mère maternelle qu’en criant… Devant ma réaction, les deux femmes remirent le petit dans son grenier. Il ne fut plus jamais normal et c’est ainsi qu’à quatre ans il tua un de ses cousins à coups de pierres ! Les grands-parents donnèrent de l’argent à la famille du mort et on voulu interner le petit-fils indésirable à l’hôpital psychiatrique. Une ambulance vint le chercher de Rodez, pour que ça ne s’ébruite pas. A l’arrivée deux des ambulanciers étaient morts, assassinés par l’enfant-fou !
Il tua plusieurs autres personnes dont son oncle paternel interné lui aussi « chez les fous dangereux » et en blessa d’autres au cour de son séjour en hôpital psychiatrique. Il mourut d’une crise cardiaque en 2003 et ce fut un soulagement pour les deux familles qu’il voulait assassiner et comme on le comprend ! Le père et la mère ainsi que les grands-parents furent informés de son décès mais personne ne réclama son corps et c’est ainsi que le petit-fils, décidément indésirable, finit dans une fosse commune !…
Emma, ma sœur aînée, avait dix-sept ans lorsqu’elle tomba enceinte… La plus grande discrétion fut de mise dans la famille car les parents considéraient cette grossesse comme honteuse.
Emma alla au lycée à Rodez tant que rien ne fut visible. Les derniers mois arrivant on l’envoya « se cacher » chez une tante où l’accouchement eut lieu. Josette présente à cette occasion essaya d’étrangler le bébé naissant qu’Emma eut juste le temps de lui arracher des mains !
La honte ne pouvant s’abattre ainsi sur la famille, il fut décidé de confier l’enfant à la famille du père, un voisin.
Sa grand-mère paternelle cacha le petit dans le grenier sans chauffage de sa maison, nu qu’il pleuve, qu’il vente où qu’il gèle à pierre fendre dehors !
Une fois, Josette m’emmena chez ces voisins et pour l’occasion la grand-mère paternelle sortit le bébé de son grenier.
Josette ne lui fit aucun des « mamours » qu’elle fait toujours hypocritement aux enfants en bas âge. Pour celui là, un « aarreuh » ou un « guiliguili » était inutile!
Pire ! Enervée par la vue de cet enfant, elle saisit une poêle à marrons et le frappa violemment à la tête jusqu’à ce qu’il tombe inconscient… C’était pour moi un traumatisme de trop !
L’enfant était toujours vivant et je ne pus le protéger de sa grand-mère maternelle qu’en criant… Devant ma réaction, les deux femmes remirent le petit dans son grenier. Il ne fut plus jamais normal et c’est ainsi qu’à quatre ans il tua un de ses cousins à coups de pierres ! Les grands-parents donnèrent de l’argent à la famille du mort et on voulu interner le petit-fils indésirable à l’hôpital psychiatrique. Une ambulance vint le chercher de Rodez, pour que ça ne s’ébruite pas. A l’arrivée deux des ambulanciers étaient morts, assassinés par l’enfant-fou !
Il tua plusieurs autres personnes dont son oncle paternel interné lui aussi « chez les fous dangereux » et en blessa d’autres au cour de son séjour en hôpital psychiatrique. Il mourut d’une crise cardiaque en 2003 et ce fut un soulagement pour les deux familles qu’il voulait assassiner et comme on le comprend ! Le père et la mère ainsi que les grands-parents furent informés de son décès mais personne ne réclama son corps et c’est ainsi que le petit-fils, décidément indésirable, finit dans une fosse commune !…
19/ENCORE EUX !!!
Eté 1974, c'était les vacances, j’avais dix ans…
Josette téléphona à sa sœur Elisabeth et elle nous proposa d’aller rejoindre Justine près de Bernier. Nous partîmes à trois : Julien, Denys et moi.
Lorsque nous arrivâmes dans le champ où elle se trouvait en compagnie de sa cousine, André et Antoine surgirent derrière nous et les agressèrent. Ils les violèrent pour la seconde fois et ce ne furent pas mes : «- Papa ! Arrête ! » ni mes «- Tonton !Laisse-là ! » qui y changèrent quelque chose !
Antoine était sur Justine tandis qu’André était sur Sarah, André fut le premier à se retirer, il agrippa alors Julien et lui dit «- Fais le aussi toi! » Julien, qui n’avait que treize ans, n’était pas à la hauteur de ce qu’on lui demandait, selon Antoine qui lâcha alors Justine et repoussa le gamin, pour se vautrer à son tour sur Sarah.
Pendant toute l’agression, Sarah avait gardé les yeux rivés sur moi, comme fascinée…
J’avais arrêté de crier Antoine m’ayant menacé de me faire la même chose qu’aux deux autres filles, je sentais bien qu’il en serait capable… Et mon courage avait ses limites !
Leur affaire finie, les deux hommes rentrèrent chez eux escortés par Julien. Denys arriva après la bataille tandis que Justine et Sarah arrangeaient leurs vêtements.
Je ne sais plus trop…Je crois que j’ai pleuré un peu… Justine et Sarah vinrent vers moi et Justine me gifla de toutes ses forces en hurlant que j’étais comme eux, que j’étais de leur sale race ! Sarah tenta de la calmer en lui faisant remarquer que j’étais une fille et que je n’avais rien fait pour les aider. Justine était en pleine crise de nerf.
Denys approcha en demandant ce qu'il se passait et Justine s’en prit à lui et, moi qui n’avais rien dit depuis le départ des deux violeurs, je pris la défense du petit frère en disant qu’il n’était même pas arrivé, qu’il était trop petit du haut de ses sept ans et qu’il ne serait pas comme eux… Enfin je l’espérais ! Sarah me soutint et Justine se calma peu à peu.
Au moment de partir je leur confiais que j’allais dénoncer les deux "salopards" qui leur avaient fait ça. Je crois qu’elles ne me crurent pas… Pourtant, à peine arrivée à Sézam je dénoncai les deux violeurs à corps et à cris et personne ne put me faire taire. Mes deux sœurs aînées Emma et Rosalie ne voulaient pas me croire, je leur conseillais donc d’aller téléphoner à Justine pour être sûres. Elles le firent et revinrent en disant : «- Justine dit que papa est un salaud ! »
Le soir André assis à la table entreprit de manger sa soupe, je pris l’assiette et la lui jetais au visage en clamant que les violeurs n’ont pas besoin de manger ! Il n’y eut pas de représailles à ce moment là…
Le lendemain après-midi par contre, j’étais dans ma chambre lorsque Julien vint me voir et me proposa de « le » faire avec lui, je refusais et lui criais après, il s’en alla en me disant que je l’aurai bien cherché ! Peu après, j’entendis des pas dans l’escalier et des chuchotements entrecoupés d’exclamations, Martin, le voisin, essayait d’empêcher les autres hommes de Sézam d’atteindre ma chambre… Je montais sur l’appui de la fenêtre et lorsqu’André déboula dans la pièce le visage grimaçant, je le menaçais de sauter s’il approchait. Les autres hommes du village le suivaient et leurs intentions étaient tout ce qu’il y a de plus claires : ils avaient l’intention de me violer successivement pour m’apprendre à me taire… Ils approchèrent, je sautais !
La fenêtre du premier étage étant petite je me faufilais comme je pus et je n’eus pas le temps de prévoir ma réception. Lorsque je touchais le sol, ma tête cogna violemment une pierre de la cour et je fus à moitié assommée… Mes agresseurs potentiels sortirent de la maison par toutes les sorties possibles… Je criais et hurlais ce que j’avais vu la veille ameutant le reste des habitants du hameau… Antoine proposa de me jeter dans le Rank sous Sézam, à l’endroit même où les gens de la commune se débarrassaient des corps encombrants animal ou humain ! Sa femme, ma tante Monique me vint en aide menaçant : «- Antoine ! Ne fait pas ça où il faudra m’y jeter moi aussi dans le Rank pour que je me taise ! »
A cour d’idées, j’argumentais qu’on allait s’étonner en septembre que je n’aille plus à l’école et qu’on allait venir leur demander où j’étais et que si les gendarmes allaient voir dans le Rank ils allaient y en trouver des choses !… Je me sentais de plus en plus mal… Ma sœur Rosalie décida d’aller appeler un médecin, elle ne put pas téléphoner, le téléphone se trouvant chez un voisin dont le fils était avec les autres hommes du village ! Je sombrais dans l’inconscience !
Je ne repris conscience que 24 heures plus tard. J’étais dans mon lit et Martin qui m’avait veillée pour me protéger des autres venait de s’en aller me sentant proche du réveil et ne voulant pas qu’il y ait d’ambiguïté.
J’avais encore un vague souvenir des deux jours précédents mais les minutes passant tout s’embrouilla et s’estompa ! Josette entra dans la pièce et me dit que sa sœur Elisabeth, la mère de Justine, avait téléphoné pour prendre de mes nouvelles… Ne comprenant pas tout mais me sentant en danger, je conclus "qu’il y en aurait au moins une qui m’aiderait s’il m’arrivait quelque chose !" Je vis alors Josette se décomposer : à l’eau tous ses beaux plans pour se débarrasser de moi ! Cependant, ma mémoire resta définitivement fragile et ma calligraphie se bloqua suite à cette chute et j'aurai toujours l'écriture d'un enfant de dix ans!
L’après-midi passant je me rendormis et oubliais absolument toute cette histoire jusqu’à l’année de mes quarante ans, soit pendant trente ans ! Mais, durant tout ce temps, les rumeurs les plus folles allèrent bon train à mon sujet…
- « Elle est folle ! La preuve : à dix ans déjà elle a essayé de se tuer en sautant par une fenêtre ! Ma fille, ma pauvre fille elle est tellement « malaaade » je vous dis !… »
- « Allez ! Allez rumeurs ! Faites votre travail de démolition ! Un jour ma mémoire reviendra et ce jour là… »
LES DEUX VIEUX SINGES
[A Justine et Sarah]
L’enfant
Qui saute par la fenêtre
En sait trop :
Il a vu la veille
Son oncle et son père adoptifs
Violer deux jeunes filles
D’à peine vingt printemps
L’enfant
Qui tombe par la fenêtre
Pour échapper au même sort
Montre du doigt
Dénonce et prouve
Les tournantes d’Aurelle-Verlac
Sa tête cogne sur une pierre
L’enfant oublie
Pendant plus de trente ans
Oublie la colère
Le besoin de vengeance
Et le désir de justice
Mais un beau jour
L’enfant adulte
Se souvient de tout
Surtout des larmes des jeunes filles
Salies, insultées et violées
Revoilà la colère
Le besoin de vengeance
Et le désir de justice…
L’enfant sourit :
« Rira bien
Qui rira le dernier »…
Les deux vieux singes
Font la grimace !
Rodez, le 22 juillet 2004.
20/BEAUX YEUX
J'avais une dizaine d'années cet été-là. Ce jour-là, Justine, ma cousine germaine, était à Sézam. Après le repas, j'allais partir me promener comme tous les jours. Justine dit à Josette :
- "Mais, tu la laisses partir comme ça?… Elle va où?"
- "Personne ne le sait. Elle s'en va souvent comme ça…"
- "Mais, tu vas où?" M'interrogea Justine.
- "Me promener, c'est tout."
- "Attends! Je peux venir avec toi?" Me demanda-t-elle.
J'hésitais un instant puis, comme elle avait l'air plutôt sympa :
- "Si tu veux."
Nous partîmes ensemble jusqu'à un chemin creux où je lui expliquais en m'asseyant que c'est là que je venais quand il n'y avait personne. Comme elle hésitait, je lui demandais pourquoi elle ne s'asseyait pas avec moi. Elle m'expliqua alors qu'il lui était arrivé quelque chose quand elle était plus jeune et que depuis elle n'aimait pas le vert, or l'herbe est verte. Je lui demandais alors si elle aimait ses yeux. Etonnée, elle ne me répondit pas. J'insistais et obtint un "oui". Je lui demandais si elle avait peur de ses yeux et lui fit observer qu'ils étaient verts. Elle sourit, regarda l'herbe, s'assit, la toucha et me raconta ce qui lui était arrivé : un viol sur de l'herbe à laquelle elle s'accrochait, et le sentiment de honte qui avait suivi. Je lui fis alors remarquer que l'herbe l'avait peut-être aidée, qu'elle avait sûrement été le lien entre elle, sa volonté de survivre et le reste de la planète. Elle sourit et prit l'herbe à pleine poignée en me demandant où j'allais chercher tout ça. Je ne savais pas trop où j'allais chercher tout ça, mais elle était réconciliée avec la couleur verte et ce n'était plus de la peur que je voyais dans ses yeux mais peut-être un peu d'amusement, ou de tendresse…
J'avais une dizaine d'années cet été-là. Ce jour-là, Justine, ma cousine germaine, était à Sézam. Après le repas, j'allais partir me promener comme tous les jours. Justine dit à Josette :
- "Mais, tu la laisses partir comme ça?… Elle va où?"
- "Personne ne le sait. Elle s'en va souvent comme ça…"
- "Mais, tu vas où?" M'interrogea Justine.
- "Me promener, c'est tout."
- "Attends! Je peux venir avec toi?" Me demanda-t-elle.
J'hésitais un instant puis, comme elle avait l'air plutôt sympa :
- "Si tu veux."
Nous partîmes ensemble jusqu'à un chemin creux où je lui expliquais en m'asseyant que c'est là que je venais quand il n'y avait personne. Comme elle hésitait, je lui demandais pourquoi elle ne s'asseyait pas avec moi. Elle m'expliqua alors qu'il lui était arrivé quelque chose quand elle était plus jeune et que depuis elle n'aimait pas le vert, or l'herbe est verte. Je lui demandais alors si elle aimait ses yeux. Etonnée, elle ne me répondit pas. J'insistais et obtint un "oui". Je lui demandais si elle avait peur de ses yeux et lui fit observer qu'ils étaient verts. Elle sourit, regarda l'herbe, s'assit, la toucha et me raconta ce qui lui était arrivé : un viol sur de l'herbe à laquelle elle s'accrochait, et le sentiment de honte qui avait suivi. Je lui fis alors remarquer que l'herbe l'avait peut-être aidée, qu'elle avait sûrement été le lien entre elle, sa volonté de survivre et le reste de la planète. Elle sourit et prit l'herbe à pleine poignée en me demandant où j'allais chercher tout ça. Je ne savais pas trop où j'allais chercher tout ça, mais elle était réconciliée avec la couleur verte et ce n'était plus de la peur que je voyais dans ses yeux mais peut-être un peu d'amusement, ou de tendresse…
21/LA BLONDE ET LA BRUNE
Quand j'étais enfant, Josette m'emmenait souvent chez sa sœur Reine qui habite le village voisin.
J'avais remarqué à cette occasion deux superbes portraits sur le buffet de la cuisine. L'un de Coco, blonde aux cheveux longs, la fille de Reine, l'autre de Justine, brune aux cheveux longs, la fille d'Elisabeth la sœur aînée de Josette et de Reine. On me demandait souvent laquelle des deux je préférais et Reine répondait invariablement en mon nom : "- Celle de Justine!" Je n'aimais pas cette façon de me demander mon avis et de conclure à ma place.
Un jour les photos disparurent et Reine donna pour explication que Coco et Justine, nées à vingt-quatre heures d'intervalle, s'étaient fait couper leurs beaux cheveux toutes les deux. Je n'ai jamais revu ces portraits qui avaient peut-être été détruits par ma tante en colère.
Ma tante me donna un jour un petit canard en me disant qu’il était pour moi parce qu’il était le seul de sa portée. Je l’appelais Saturnin et je réussis à l’apprivoiser à tel point que quand il me voyait rentrer de l’école il courait vers moi ventre à terre ! Mais un dimanche au cours du repas Josette me dit en apportant une volaille sur la table : «- Tu peux en manger, c’est ton canard ! » Je quittais la table aussitôt en lui lançant une bordée d’injures et j’allais pleurer seule dans un coin… Décidément, je détestais cette famille de paysans et tout particulièrement le manque total de psychologie de chacun de ses membres!
Quand j'étais enfant, Josette m'emmenait souvent chez sa sœur Reine qui habite le village voisin.
J'avais remarqué à cette occasion deux superbes portraits sur le buffet de la cuisine. L'un de Coco, blonde aux cheveux longs, la fille de Reine, l'autre de Justine, brune aux cheveux longs, la fille d'Elisabeth la sœur aînée de Josette et de Reine. On me demandait souvent laquelle des deux je préférais et Reine répondait invariablement en mon nom : "- Celle de Justine!" Je n'aimais pas cette façon de me demander mon avis et de conclure à ma place.
Un jour les photos disparurent et Reine donna pour explication que Coco et Justine, nées à vingt-quatre heures d'intervalle, s'étaient fait couper leurs beaux cheveux toutes les deux. Je n'ai jamais revu ces portraits qui avaient peut-être été détruits par ma tante en colère.
Ma tante me donna un jour un petit canard en me disant qu’il était pour moi parce qu’il était le seul de sa portée. Je l’appelais Saturnin et je réussis à l’apprivoiser à tel point que quand il me voyait rentrer de l’école il courait vers moi ventre à terre ! Mais un dimanche au cours du repas Josette me dit en apportant une volaille sur la table : «- Tu peux en manger, c’est ton canard ! » Je quittais la table aussitôt en lui lançant une bordée d’injures et j’allais pleurer seule dans un coin… Décidément, je détestais cette famille de paysans et tout particulièrement le manque total de psychologie de chacun de ses membres!
22/LA MAUVAISE REPUTATION
Noël, dans les années 1970… Noël à Sézam.
Le Père-Noël, que je sais déjà être les parents, m'a amené une superbe poupée noire. J'en rêvais après en avoir vue une de couleur semblable dans la vitrine du grand bazar de Saint Geniez d'Olt. Mais Josette m'avait dit que je n'en aurais pas à cause du prix trop élevé. Etonnée donc de recevoir ce cadeau je dis à Josette "- Mais tu m'avais dit que c'était trop cher…" elle me rétorqua "- Ce n'est pas ce que je t'ai dit!"
Sur ce André, entrain de boire, se mêla à la conversation : "- Moi, je me demande combien a bien pu coûter cette poupée… Maintenant je sais où est passé l'argent d’Edouard et qui le lui a volé! Tu peux l'appeler Justine ta poupée! Justine la voleuse!"
- "André ne dis pas ça! Ça n'a rien à voir!" dit Josette.
- "Ah! On n'a pas volé son argent à Edouard? Alors pourquoi est-il venu m'en parler? C'est Justine qui le lui a volé pour payer cette poupée! Je vais aller voir son père demain matin pour lui dire qui l'a volé et pourquoi!"
Si le début de cette soirée s'annonçait bien contrairement à l'habitude, l'alcool aidant, André monta le ton et gâcha un Noël de plus.
Le lendemain, il mit ses menaces à exécution et alla voir son beau-frère Edouard a qui il raconta son délire d'alcoolique invétéré invectivant sa nièce sans l'ombre d'une preuve. Ainsi naquit la mauvaise histoire de "Justine la voleuse" qui n'avait probablement rien fait.
André était passé à Vieurals, chez Edouard, le jour où l'argent avait disparu. S'il accusait sa nièce ainsi c'est sûrement qu'il était sûr que le vrai coupable ne se dénoncerait pas et comment pouvait-il en être sûr s'il fut s'agit d'un autre que lui? La question reste posée.
Après cela, je n'ai jamais donné de nom à la poupée noire mais je l'ai gardée comme un témoin de cette mauvaise scène de délire de celui qu'il me fallait appeler "papa" et qui se comportait d'une façon aussi odieuse. Elle est toujours là, comme un reproche mettant mes Thénardiers à l'index. Comment pardonner à cet individu cette dénonciation probablement volontairement calomnieuse?
Et d'ailleurs, si Justine avait réellement volé cet argent pour faire un cadeau à un enfant, que lui dire à part "merci" comme seul reproche? C'est pourtant ainsi que naquit sa mauvaise réputation.
23/CE N’EST QU’UN AU REVOIR?
Justine, ma cousine, travaillait chez le dentiste de Saint-Geniez d'Olt, dont la fille aînée Claudia a mon âge et était alors en classe avec moi.
J'ai un lourd contentieux avec Claudia qui m'a appris en cours préparatoire que le Père Noël c'est les parents, ce que j'ai mis longtemps à lui pardonner, sans doute parce que cette révélation annihilait mon beau rêve d'égalité sans distinction sociale. Claudia pensait qu'il suffit de demander de l'argent à la banque pour qu'on nous en donne, alors que j'avais déjà la notion de pauvreté que je ne lui ai jamais expliquée, lui laissant ses illusions.
Un jeudi, jour de congé des élèves dans les années soixante-dix, Justine vint me chercher pour que je passe l'après-midi chez Claudia.
Je jouais avec Claudia pendant que ma cousine faisait le ménage et j'étais un peu écoeurée par l'étalement d'argent que je voyais autour de moi, tant dans le choix des jouets que dans le décor en général.
En me raccompagnant chez moi, Justine me demanda comment ça se passait à l'école, si j'étais bonne élève. Je lui mentis en lui disant que j'étais moyenne, alors que j'étais plutôt bonne élève. Elle me parla un peu d'elle lorsqu'elle était encore scolarisée me disant qu'elle avait eu des difficultés. L'après-midi s'étant bien passé, on m'autorisa à aller avec Claudia à l'anniversaire d'une copine de classe, le six avril, accompagnées par Justine.
Je n'avais pas d'argent de poche pour acheter un cadeau et personne n'y pensant, je décidais d'offrir un jeu de cartes qui était à moi. Evidemment tout le monde avait amené un cadeau et je bénis mon idée.
Le jeudi après-midi se passa entr'autre à jouer aux devinettes et à se raconter des histoires drôles jusqu'au goûter, après quoi Justine nous ramena. Nous laissâmes Claudia chez ses parents et continuâmes vers la route de Prades où Josette louait un appartement.
A mon grand étonnement, à peine arrivées et sans prévenir Justine m'accusa devant toute la famille d'avoir volé le jeu de cartes que j'avais offert. Elle me fit la morale me parlant d'argent, de pauvreté et d'honnêteté. Je me défendis en disant que ce jeu était à moi mais le ton monta. Ma sœur Emma eut alors la bonne idée de vérifier quel était le jeu de cartes qui manquait dans le tiroir de la table de la cuisine. C'était bien le mien. J'étais donc réhabilitée mais Justine se fit, elle, prendre à partie par le reste de la famille.
Il fut question, à quelques temps de là, que Justine suive les cours de l'Ecole Normale de Rodez. Elle réussit le concours d'entrée et Josette la félicita mais, dès que sa nièce fut partie, elle commença à dire que celle-ci n'y arriverait jamais, qu'elle était bien trop nulle. Jalousie d'une femme dont le rêve avait toujours été de devenir institutrice!
Justine partit dans ces conditions et disparut quelques temps plus tard sans que nous sachions ce qu'elle est devenue.
Peu de temps après, alors que je me disputais avec Denys, mon jeune frère, il me lança :
- "C'est à cause de toi que Justine est partie! Elle ne veut plus jamais te voir ni entendre parler de toi! Imbécile : C'est ta mère! Tout le monde le sait sauf toi!"
J'ai juré ce jour-là à Denys que j'allais le tuer pour ce qu'il venait de dire. Josette arriva à temps pour nous séparer sinon j'aurais sûrement mis ma menace à exécution.
Le temps est passé, je n'ai pas tué Denys qui coule des jours heureux, mais je n'ai pas revu Justine non plus. Disparue… Comme cela arrive parfois dans les familles. Disparue volontaire, si tant est qu'on puisse l'être. Disparue par choix ou par manque de possibilités de choix, je ne sais pas.
24/LA LEGENDE
Disparue Justine, les langues allèrent bon train et elle devint presque une légende. Les uns dirent qu'elle était partie parce qu'elle voulait épouser un musicien et que ses parents n'étaient pas d'accord. Les autres dirent quelques années plus tard qu'elle vivait avec un chirurgien dentiste à Aurillac. On la dit aujourd'hui dans la capitale, mais qui sait?
J'avais écris voici quelques années un poème sur sa légende, il trouve aujourd'hui sa place ici me semble-t-il.
LES ON DIT
Disparue un beau matin
Au bras d'un musicien
Parce que tes parents
N'étaient pas d'accord
Tu as dû changer d'horizon
Refaire ta vie depuis
Sans doute troquer ton nom
Vivre sans eux et leur avis
"Le cœur a ses raisons" dit-on
Le tien bat-il encore
Au son de cette musique
Qui t'éclairait de l'intérieur?
Si tu me lis un jour sache
Que je voudrais que ton chemin
Croise le mien
Au moins une autre fois
Si tu m'entends
Reviens me dire
Qui tu es
Et pas ce qu'on en dit.
Noël, dans les années 1970… Noël à Sézam.
Le Père-Noël, que je sais déjà être les parents, m'a amené une superbe poupée noire. J'en rêvais après en avoir vue une de couleur semblable dans la vitrine du grand bazar de Saint Geniez d'Olt. Mais Josette m'avait dit que je n'en aurais pas à cause du prix trop élevé. Etonnée donc de recevoir ce cadeau je dis à Josette "- Mais tu m'avais dit que c'était trop cher…" elle me rétorqua "- Ce n'est pas ce que je t'ai dit!"
Sur ce André, entrain de boire, se mêla à la conversation : "- Moi, je me demande combien a bien pu coûter cette poupée… Maintenant je sais où est passé l'argent d’Edouard et qui le lui a volé! Tu peux l'appeler Justine ta poupée! Justine la voleuse!"
- "André ne dis pas ça! Ça n'a rien à voir!" dit Josette.
- "Ah! On n'a pas volé son argent à Edouard? Alors pourquoi est-il venu m'en parler? C'est Justine qui le lui a volé pour payer cette poupée! Je vais aller voir son père demain matin pour lui dire qui l'a volé et pourquoi!"
Si le début de cette soirée s'annonçait bien contrairement à l'habitude, l'alcool aidant, André monta le ton et gâcha un Noël de plus.
Le lendemain, il mit ses menaces à exécution et alla voir son beau-frère Edouard a qui il raconta son délire d'alcoolique invétéré invectivant sa nièce sans l'ombre d'une preuve. Ainsi naquit la mauvaise histoire de "Justine la voleuse" qui n'avait probablement rien fait.
André était passé à Vieurals, chez Edouard, le jour où l'argent avait disparu. S'il accusait sa nièce ainsi c'est sûrement qu'il était sûr que le vrai coupable ne se dénoncerait pas et comment pouvait-il en être sûr s'il fut s'agit d'un autre que lui? La question reste posée.
Après cela, je n'ai jamais donné de nom à la poupée noire mais je l'ai gardée comme un témoin de cette mauvaise scène de délire de celui qu'il me fallait appeler "papa" et qui se comportait d'une façon aussi odieuse. Elle est toujours là, comme un reproche mettant mes Thénardiers à l'index. Comment pardonner à cet individu cette dénonciation probablement volontairement calomnieuse?
Et d'ailleurs, si Justine avait réellement volé cet argent pour faire un cadeau à un enfant, que lui dire à part "merci" comme seul reproche? C'est pourtant ainsi que naquit sa mauvaise réputation.
23/CE N’EST QU’UN AU REVOIR?
Justine, ma cousine, travaillait chez le dentiste de Saint-Geniez d'Olt, dont la fille aînée Claudia a mon âge et était alors en classe avec moi.
J'ai un lourd contentieux avec Claudia qui m'a appris en cours préparatoire que le Père Noël c'est les parents, ce que j'ai mis longtemps à lui pardonner, sans doute parce que cette révélation annihilait mon beau rêve d'égalité sans distinction sociale. Claudia pensait qu'il suffit de demander de l'argent à la banque pour qu'on nous en donne, alors que j'avais déjà la notion de pauvreté que je ne lui ai jamais expliquée, lui laissant ses illusions.
Un jeudi, jour de congé des élèves dans les années soixante-dix, Justine vint me chercher pour que je passe l'après-midi chez Claudia.
Je jouais avec Claudia pendant que ma cousine faisait le ménage et j'étais un peu écoeurée par l'étalement d'argent que je voyais autour de moi, tant dans le choix des jouets que dans le décor en général.
En me raccompagnant chez moi, Justine me demanda comment ça se passait à l'école, si j'étais bonne élève. Je lui mentis en lui disant que j'étais moyenne, alors que j'étais plutôt bonne élève. Elle me parla un peu d'elle lorsqu'elle était encore scolarisée me disant qu'elle avait eu des difficultés. L'après-midi s'étant bien passé, on m'autorisa à aller avec Claudia à l'anniversaire d'une copine de classe, le six avril, accompagnées par Justine.
Je n'avais pas d'argent de poche pour acheter un cadeau et personne n'y pensant, je décidais d'offrir un jeu de cartes qui était à moi. Evidemment tout le monde avait amené un cadeau et je bénis mon idée.
Le jeudi après-midi se passa entr'autre à jouer aux devinettes et à se raconter des histoires drôles jusqu'au goûter, après quoi Justine nous ramena. Nous laissâmes Claudia chez ses parents et continuâmes vers la route de Prades où Josette louait un appartement.
A mon grand étonnement, à peine arrivées et sans prévenir Justine m'accusa devant toute la famille d'avoir volé le jeu de cartes que j'avais offert. Elle me fit la morale me parlant d'argent, de pauvreté et d'honnêteté. Je me défendis en disant que ce jeu était à moi mais le ton monta. Ma sœur Emma eut alors la bonne idée de vérifier quel était le jeu de cartes qui manquait dans le tiroir de la table de la cuisine. C'était bien le mien. J'étais donc réhabilitée mais Justine se fit, elle, prendre à partie par le reste de la famille.
Il fut question, à quelques temps de là, que Justine suive les cours de l'Ecole Normale de Rodez. Elle réussit le concours d'entrée et Josette la félicita mais, dès que sa nièce fut partie, elle commença à dire que celle-ci n'y arriverait jamais, qu'elle était bien trop nulle. Jalousie d'une femme dont le rêve avait toujours été de devenir institutrice!
Justine partit dans ces conditions et disparut quelques temps plus tard sans que nous sachions ce qu'elle est devenue.
Peu de temps après, alors que je me disputais avec Denys, mon jeune frère, il me lança :
- "C'est à cause de toi que Justine est partie! Elle ne veut plus jamais te voir ni entendre parler de toi! Imbécile : C'est ta mère! Tout le monde le sait sauf toi!"
J'ai juré ce jour-là à Denys que j'allais le tuer pour ce qu'il venait de dire. Josette arriva à temps pour nous séparer sinon j'aurais sûrement mis ma menace à exécution.
Le temps est passé, je n'ai pas tué Denys qui coule des jours heureux, mais je n'ai pas revu Justine non plus. Disparue… Comme cela arrive parfois dans les familles. Disparue volontaire, si tant est qu'on puisse l'être. Disparue par choix ou par manque de possibilités de choix, je ne sais pas.
24/LA LEGENDE
Disparue Justine, les langues allèrent bon train et elle devint presque une légende. Les uns dirent qu'elle était partie parce qu'elle voulait épouser un musicien et que ses parents n'étaient pas d'accord. Les autres dirent quelques années plus tard qu'elle vivait avec un chirurgien dentiste à Aurillac. On la dit aujourd'hui dans la capitale, mais qui sait?
J'avais écris voici quelques années un poème sur sa légende, il trouve aujourd'hui sa place ici me semble-t-il.
LES ON DIT
Disparue un beau matin
Au bras d'un musicien
Parce que tes parents
N'étaient pas d'accord
Tu as dû changer d'horizon
Refaire ta vie depuis
Sans doute troquer ton nom
Vivre sans eux et leur avis
"Le cœur a ses raisons" dit-on
Le tien bat-il encore
Au son de cette musique
Qui t'éclairait de l'intérieur?
Si tu me lis un jour sache
Que je voudrais que ton chemin
Croise le mien
Au moins une autre fois
Si tu m'entends
Reviens me dire
Qui tu es
Et pas ce qu'on en dit.
25/LA VERITE
Un dimanche, quelque temps avant la disparition de Justine, j’avais surpris une conversation entre Antoine, mon oncle, et André, mon père, où il était question d'elle… Le doute s’était emparé de moi et, justement, Justine venait à la maison cet après-midi là !
Lorsqu’elle arriva, j’attendis le moment opportun pour lui parler. C’est Jacques Brel qui me donna l’occasion tant attendue : « Ces gens là… » chantait-il ce jour là à la télévision… J’en profitais pour expliquer devant Josette et Emma que "ces gens là" c’était notre famille et qu’il fallait que Justine s’en aille si elles ne voulaient pas qu’ils recommencent…
Après une brève conversation elle avait compris le danger et partit dans sa 2 CV. C’est à ce moment-là qu’elle disparut, effectivement « à cause de moi ! » comme on devait me le reprocher plus tard ! J’ai tendance à penser qu’elle ne doit pas, elle, regretter cette famille de cinglés !
Mais quand j’entendais Jacques Brel chanter « J’ai jamais tué de chats !Ou alors y’a longtemps, ou y sentaient pas bon… » un souvenir terrible se réveillait en moi…
C’était avant mes dix ans. Une chatte avait donné naissance à plusieurs chatons et Josette voulait que l’on en tue un qui était de trop selon elle. Personne n’était volontaire, pas même André à qui elle ne cessait de demander de le faire. Un jour ils partirent tous à Rieuzens voir ma tante Reine. Je restais seule. Je m’emparais du chaton et voulus le tuer comme j’avais vu André ou Josette le faire à de multiple reprises : en le jetant contre un mur ! Evidemment je ne fis que le blesser car je n’avais pas la force physique voulue pour ce genre de chose. Il miaulait le crâne ouvert ! Comprenant soudain la monstruosité de mon geste je ne pus qu’abréger ses souffrances en l’écrasant avec une grosse pierre. Je me sentais soudain assassin ! J’étais terrifiée par ce que je venais de faire ! Je me promis de ne jamais recommencer…
Lorsque Josette rentra elle me demanda où était le chaton disparu je lui répondis que je l’avais tué. Elle me demanda alors pourquoi j’avais fait ça. Je ne répondis jamais à sa question. La réponse était pourtant toute simple : pour te faire plaisir, pour que tu m’aimes enfin un peu "Folcoche"!… (Confère les livres : "Vipère au poing", "Le petit cheval", "Le cri de la chouette" et "Le matrimoine" d'Hervé Bazin.)
Un dimanche, quelque temps avant la disparition de Justine, j’avais surpris une conversation entre Antoine, mon oncle, et André, mon père, où il était question d'elle… Le doute s’était emparé de moi et, justement, Justine venait à la maison cet après-midi là !
Lorsqu’elle arriva, j’attendis le moment opportun pour lui parler. C’est Jacques Brel qui me donna l’occasion tant attendue : « Ces gens là… » chantait-il ce jour là à la télévision… J’en profitais pour expliquer devant Josette et Emma que "ces gens là" c’était notre famille et qu’il fallait que Justine s’en aille si elles ne voulaient pas qu’ils recommencent…
Après une brève conversation elle avait compris le danger et partit dans sa 2 CV. C’est à ce moment-là qu’elle disparut, effectivement « à cause de moi ! » comme on devait me le reprocher plus tard ! J’ai tendance à penser qu’elle ne doit pas, elle, regretter cette famille de cinglés !
Mais quand j’entendais Jacques Brel chanter « J’ai jamais tué de chats !Ou alors y’a longtemps, ou y sentaient pas bon… » un souvenir terrible se réveillait en moi…
C’était avant mes dix ans. Une chatte avait donné naissance à plusieurs chatons et Josette voulait que l’on en tue un qui était de trop selon elle. Personne n’était volontaire, pas même André à qui elle ne cessait de demander de le faire. Un jour ils partirent tous à Rieuzens voir ma tante Reine. Je restais seule. Je m’emparais du chaton et voulus le tuer comme j’avais vu André ou Josette le faire à de multiple reprises : en le jetant contre un mur ! Evidemment je ne fis que le blesser car je n’avais pas la force physique voulue pour ce genre de chose. Il miaulait le crâne ouvert ! Comprenant soudain la monstruosité de mon geste je ne pus qu’abréger ses souffrances en l’écrasant avec une grosse pierre. Je me sentais soudain assassin ! J’étais terrifiée par ce que je venais de faire ! Je me promis de ne jamais recommencer…
Lorsque Josette rentra elle me demanda où était le chaton disparu je lui répondis que je l’avais tué. Elle me demanda alors pourquoi j’avais fait ça. Je ne répondis jamais à sa question. La réponse était pourtant toute simple : pour te faire plaisir, pour que tu m’aimes enfin un peu "Folcoche"!… (Confère les livres : "Vipère au poing", "Le petit cheval", "Le cri de la chouette" et "Le matrimoine" d'Hervé Bazin.)
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DEUXIEME PARTIE : SARAH
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"Il nous faut trouver une nouvelle théorie de la sexualité humaine qui évite la domination d'un genre et l'acceptation servile de l'autre. Les gens peuvent travailler, vivre et aimer ensemble dans une plus grande harmonie s'ils honorent et respectent leur propre masculinité comme leur propre féminité. La société semble se diriger vers cette idée, certes avec anxiété, mais, pour la majorité, c'est encore un sujet de condamnation."
Colin SPENCER
"Histoire de l'homosexualité de l'Antiquité à nos jours."
Editions Le Pré aux Clercs, 1998
26/LE MENSONGE
Suite au viol de Justine et Sarah en 1974, j’avais complètement oublié qui était cette dernière. Pourtant, je la croisais parfois à Saint-Geniez d’Olt rue Frayssinous quand j’allais chez une de mes tantes. Elle me fascinait… Mais je n’osais pas l’aborder.
Un jour, Sarah accusa un jeune-homme du bourg de l’avoir violée. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre ! Très vite la ville se trouva partagée en deux camp : ceux qui la croyaient et les partisans du jeune-homme qui disaient qu’il n’avait pas pu faire ce dont on l’accusait…
Colin SPENCER
"Histoire de l'homosexualité de l'Antiquité à nos jours."
Editions Le Pré aux Clercs, 1998
26/LE MENSONGE
Suite au viol de Justine et Sarah en 1974, j’avais complètement oublié qui était cette dernière. Pourtant, je la croisais parfois à Saint-Geniez d’Olt rue Frayssinous quand j’allais chez une de mes tantes. Elle me fascinait… Mais je n’osais pas l’aborder.
Un jour, Sarah accusa un jeune-homme du bourg de l’avoir violée. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre ! Très vite la ville se trouva partagée en deux camp : ceux qui la croyaient et les partisans du jeune-homme qui disaient qu’il n’avait pas pu faire ce dont on l’accusait…
A l'école, les deux sœurs de Sarah furent prises à parties par d'autres élèves. Je les défendit argumentant que seuls Sarah et le jeune-homme savaient lequel des deux mentait.
La famille du jeune était aisée. Ses parents proposèrent de l’argent à Denis, le père de Sarah, à condition qu’elle ne porte pas plainte et qu’elle n’entache pas ainsi l’honneur de leur fils. Denis accepta et déménagea de Saint-Geniez emmenant toute sa famille et mettant fin ainsi à cette polémique.
Eux qui avaient toujours été pauvres, firent construire une maison près de Rodez et on n’entendit plus parler de cette famille à Saint-Geniez d’Olt… L’incident était clos.
Bien sûr, ces événement se déroulèrent alors que Sarah avait déjà été violée deux fois par André et Antoine qu’elle ne dénonça par contre jamais !
La famille du jeune était aisée. Ses parents proposèrent de l’argent à Denis, le père de Sarah, à condition qu’elle ne porte pas plainte et qu’elle n’entache pas ainsi l’honneur de leur fils. Denis accepta et déménagea de Saint-Geniez emmenant toute sa famille et mettant fin ainsi à cette polémique.
Eux qui avaient toujours été pauvres, firent construire une maison près de Rodez et on n’entendit plus parler de cette famille à Saint-Geniez d’Olt… L’incident était clos.
Bien sûr, ces événement se déroulèrent alors que Sarah avait déjà été violée deux fois par André et Antoine qu’elle ne dénonça par contre jamais !
Peu de temps après, une femme vint me chercher à Sézam pour m'emmener à Espalion rendre visite à une personne qui s'y trouvait dans une maison de repos tenue par des religieuses. A l'arrivée, la femme discuta un moment avec une sœur, tout à coup celle ci cria en ma direction : " Attention! Attention!" Sans bouger je lui répondis : "Arrêtez de crier comme ça! Vous ne pouvez pas parler doucement!"
Sachant un possible danger dans mon dos, je pris pourtant tout mon temps pour me retourner. Là, je me trouvais face à une jeune-fille au regard perdu.
- "Bonjour!" l'interpellais-je simplement.
- "Comment tu t'appelles?" me demanda-t-elle.
- " Joëlle… C'est joli ici, tu me fais visiter ton jardin?" Je vis un mur s'effondrer dans ses yeux et nous partîmes ensemble laissant discuter les deux adultes.
La jeune-fille n'était autre que Sarah, une Sarah traumatisée qui avait même oublié comment on lisait et écrivait!
A ma dernière visite à la maison de repos, elle m'annonça qu'elle avait réussi à réapprendre tout ça et qu'elle allait quitter les religieuses pour rejoindre sa famille dans leur nouvelle maison.
- "Tu es contente?" lui demandais-je…
- "Super contente! Ca va être génial!"
- "C'est la dernière fois qu'on se voit, alors?…"
Simple logique d'enfant qui assombrit un peu son regard et le mien… En tout cas, pour le jeune violeur ce n'était pas elle qui avait menti.
Sachant un possible danger dans mon dos, je pris pourtant tout mon temps pour me retourner. Là, je me trouvais face à une jeune-fille au regard perdu.
- "Bonjour!" l'interpellais-je simplement.
- "Comment tu t'appelles?" me demanda-t-elle.
- " Joëlle… C'est joli ici, tu me fais visiter ton jardin?" Je vis un mur s'effondrer dans ses yeux et nous partîmes ensemble laissant discuter les deux adultes.
La jeune-fille n'était autre que Sarah, une Sarah traumatisée qui avait même oublié comment on lisait et écrivait!
A ma dernière visite à la maison de repos, elle m'annonça qu'elle avait réussi à réapprendre tout ça et qu'elle allait quitter les religieuses pour rejoindre sa famille dans leur nouvelle maison.
- "Tu es contente?" lui demandais-je…
- "Super contente! Ca va être génial!"
- "C'est la dernière fois qu'on se voit, alors?…"
Simple logique d'enfant qui assombrit un peu son regard et le mien… En tout cas, pour le jeune violeur ce n'était pas elle qui avait menti.
27/L’APPEL DE DJIBOUTI
Un jour, peu de temps après, je revis Denis le Jean Valjean de mon enfance… Il était venu avec un technicien des Postes et Télécommunications afin de brancher un téléphone chez nous pour la journée. Tout le monde était en effervescence dans la maison ! C’était la fille aînée de Denis qui devait m’appeler d’un endroit mystérieux…
Le fameux téléphone sonna enfin et j’eus au bout du fil Sarah, dont j’avais oublié jusqu’à l’existence !
Elle me demanda si quelqu’un écoutait notre conversation, ce n’était pas le cas, Josette n’osant pas le faire devant des étrangers.
Sarah me dit alors qu’elle se trouvait à Djibouti, en voyage de noces, alors qu’elle et son mari auraient dû être dans une ville où il y avait eu une catastrophe et où il y avait beaucoup de morts et de disparus. Elle me demanda si je ne m’étais pas trop inquiétée pour elle. Je répondis non ne sachant même pas de quoi elle me parlait…
Elle me demanda alors si André ne me faisait pas « des trucs avec son zizi », je répondis encore non. Elle insista, mais ce que je disais était vrai.
Elle s’enhardit alors et m’avoua qu’elle était ma vraie maman, ce à quoi je répondis du tac au tac : « pourquoi je ne suis pas avec toi alors ? » Un peu embarrassée elle essaya de m’expliquer que ça n’était pas possible mais qu’elle et son mari, Simon, me faisaient un bisou… Dans le doute, je pris le double bisou.
Quand elle raccrocha, ma logique d’enfant n’était guère éclairée par ses réponses, je demandais quand même, midi arrivant, qu’on regarde le journal télévisé et les informations sur la catastrophe à l’étranger… C’était vrai.
Un jour, peu de temps après, je revis Denis le Jean Valjean de mon enfance… Il était venu avec un technicien des Postes et Télécommunications afin de brancher un téléphone chez nous pour la journée. Tout le monde était en effervescence dans la maison ! C’était la fille aînée de Denis qui devait m’appeler d’un endroit mystérieux…
Le fameux téléphone sonna enfin et j’eus au bout du fil Sarah, dont j’avais oublié jusqu’à l’existence !
Elle me demanda si quelqu’un écoutait notre conversation, ce n’était pas le cas, Josette n’osant pas le faire devant des étrangers.
Sarah me dit alors qu’elle se trouvait à Djibouti, en voyage de noces, alors qu’elle et son mari auraient dû être dans une ville où il y avait eu une catastrophe et où il y avait beaucoup de morts et de disparus. Elle me demanda si je ne m’étais pas trop inquiétée pour elle. Je répondis non ne sachant même pas de quoi elle me parlait…
Elle me demanda alors si André ne me faisait pas « des trucs avec son zizi », je répondis encore non. Elle insista, mais ce que je disais était vrai.
Elle s’enhardit alors et m’avoua qu’elle était ma vraie maman, ce à quoi je répondis du tac au tac : « pourquoi je ne suis pas avec toi alors ? » Un peu embarrassée elle essaya de m’expliquer que ça n’était pas possible mais qu’elle et son mari, Simon, me faisaient un bisou… Dans le doute, je pris le double bisou.
Quand elle raccrocha, ma logique d’enfant n’était guère éclairée par ses réponses, je demandais quand même, midi arrivant, qu’on regarde le journal télévisé et les informations sur la catastrophe à l’étranger… C’était vrai.
28/LA MERE REVENDICATRICE
En juin 1982, j’assistais à Saint-Affrique dans le sud Aveyron à la première réunion d’une association organisatrice de stages « Jeunes-Volontaires ».
Il y avait là une femme, très à l’aise semble-t-il, accompagnée d’une fille que je supposais être la sienne. Une vague de jalousie m’envahit et je me mis à les détester sans même les connaître. Elles représentaient pour moi tout ce que je n’ai pas eu mais que j’aurais bien aimé avoir : l’entente entre elles, la complicité, l’affection sûrement…
Il s’avèra en fait que ces deux personnes étaient sœurs et non mère et fille ! La jalousie se calma, restait la haine que j’éprouvais pour celle que j'avais prise pour la mère…
J’étais ici pour participer à l’un de ces stages, j’avais choisi de faire le mien dans un château du Ségala…
Les différents intervenants se présentèrent et, avec ma chance habituelle, le château qui m’intéressait était justement représenté par cette femme qui dit s’appeler Sarah ! Je ne changeai pourtant pas de projet…
Le stage commença, le 19 juillet, et peu à peu je sympathisais avec Sarah et je finis par me dire que le premier sentiment n’était décidément pas toujours le bon ! Je m’entendais plutôt bien avec Simon, son mari, et avec sa sœur Anne qui participait au stage avec moi. Très vite, je passais mes dimanches chez Simon et Sarah.
Je trouvais Sarah parfois un peu bizarre, surtout quand elle me racontait des histoires d’enfants séparés de leur mère, d’enfants qui retrouvaient leur vraie mère…
Un soir, alors que je devais dormir chez eux, elle mit une bouillotte dans mon lit à l’avance pour qu’il soit chaud quand j’irai me coucher. Comme je la remerciai, elle me dit : «- tu peux m’appeler Maman ! » Interloquée, je lui répondis « - Ca sûrement pas ! » elle me demanda pourquoi et je lui dis qu’une mère « j’en ai déjà une et que ça n’est pas vraiment une réussite », elle n’insista pas…
Le 19 janvier 1983, mon stage devait se poursuivre pendant encore six mois. A midi Sarah, Simon et deux de leurs amis devaient manger chez nous les J.V. Lorsque j’entrais dans la cuisine Sarah se précipita sur moi pour me souhaiter un bon anniversaire… Je pensais à une plaisanterie mais elle était très sérieuse, presque trop… J’argumentais alors que je suis née en avril et pas en janvier… Elle insista me disant qu’elle était ma mère et qu’elle se souvenait quand même de ma date de naissance puisque c’est elle qui m’avait donné le jour ! A bout d’arguments, je lui montrais ma carte d’identité mais elle prétendit alors que mon état-civil n’était pas le bon et que j’étais sa fille ! Je finis par rire de cette idée, je la vexais en ne la prenant pas au sérieux comme elle l’aurait voulu, elle quitta la pièce et, surprise par sa réaction je demandais aux autres ce qu’elle avait … Personne ne répondant à ma question, j’emboîtais le pas à Sarah qui ne m’en dit pas plus.
Elle défendit sa thèse jusqu’en 1986 d’allusion en allusion, jusqu’à ce que je craque !!!
29/DE VOUS A MOI
ou :
LE CERVEAU ATOMISE
Avril 1986 : le Monde apprend avec horreur l'accident qui vient de se produire dans la centrale de Tchernobyl en U.R.S.S.
J'ai 22 ans depuis le début du mois, je suis au chômage et je vis momentanément à Sézam, sur l'Aubrac Aveyronnais, chez mes parents… Ici on continue de consommer les salades, tomates, et autres produits du jardin malgré le nuage toxique échappé de Tchernobyl… Il paraît d'ailleurs que ce nuage n'aurait pas franchi les frontières françaises où si peu…
Mai 1986 : j'autoédite mon premier recueil de poèmes (j'ai obtenu le prix Pierre Loubière en 1984 et depuis bon nombre de personnes demandent à lire ce que j'écris.).
Juin 1986 : je fais du porte à porte pour vendre ma poésie… A Albi dans le Tarn, à Rodez, Villefranche de Rouergue et Décazeville dans l'Aveyron…
Juillet 1986 : je « pète les plombs » alors que je suis à Sézam. Il y a déjà quelques semaines que ça ne va plus : fan de Renaud j'ai été déçue par son dernier concert à Rodez en mai, mon chat Max à été tué par ma mère en mon absence le jour de ce concert, je lui en veux : ce n'était pas un accident, et Sarah qui me harcèle avec son histoire de mère… Le médecin appelé en urgence alors que j'ai voulu me tirer une balle dans la tête m'envoie en ambulance à l'hôpital Combarel à Rodez… La psychiatre qui rencontre alors ma mère décrète que je veux faire chanter mes parents et décide de m'interner à l'hôpital psychiatrique privé de Rodez… C'était une balle à blanc qui m'a simplement brûlé la tempe, mais la piqûre de tranxène 50 que l'on m'a injectée suffit à ne pas me faire réagir alors que Denys mon jeune frère me demande de m'exprimer afin d'éviter cet internement. La seule réaction qu'il obtient de moi est un "je m'en fous" abruti par le "médicament".
Je me réveille dans une chambre à la peinture pisseuse avec un crucifix au dessus du lavabo… Je ne sais même pas où je suis, mais c'est moche. Je me rendors!
On me réveille, une infirmière où ce qui doit l'être m'annonce la visite de ma mère dit-elle… J'ai encore du mal à émerger… La porte se rouvre, une tête de même infirmière apparaît et m'annonce triomphante : "- votre mère"! Une voix lui répond dans le brouillard : "- mais je ne suis pas sa mère!" Et je vois alors apparaître à son tour dans l'encoignure de la porte Sarah, la présidente en 1983 de l'Association pour laquelle je travaillais en Ségala et avec qui j'ai gardé des relations amicales. Dans mon brouillard je ne comprends rien à rien : je ne sais même pas où je suis et même la bouteille d'eau de source posée sur la table de chevet semble irréaliste dans ce décor! Sarah entre, referme la porte derrière elle et me dit qu'elle m'a apporté « un petit truc » en désignant un emballage plastique dans sa main… Je ne comprends toujours rien : que fait elle dans cet endroit que je ne connais pas et comment a-t-elle su où me trouver? A force de brouillard je sens quelque chose qui va craquer dans ma tête et ce sont des paroles d'une violence extrême qui sortent… Une phrase, une seule : "- Casse toi où c'est moi qui te vire!"
Sentant toute la violence en moi prête à jaillir, elle quitte la chambre et referme la porte derrière elle. Instantanément je l'entends hurler dans le couloir des choses que je ne comprends pas davantage, je me bouche les oreilles et parle à voix basse, des mots incohérents sortent de ma bouche que je n'arrive pas à contrôler. Ca dure longtemps… Le silence revient peu à peu… Ils m'ont piqué mes fringues… Je veux partir mais pour aller où, je suis "paumée"! Je suis "paumée" comme jamais je ne l'ai été : ce doit être le tranxène 50… J'ai mal à la tête et j'ai l'oreille droite qui siffle sans arrêt (j'ai tiré de ce côté là). Finalement, je me rendors hébétée.
Au réveil je réclame mes habits mais je reste pourtant couchée… Marie-Claude l'infirmière qui a remplacé la précédente me fournit gentiment en cigarettes et en feu, je ne sais pas ce qu'on a fait de mon paquet et de mon briquet, apparemment ils se sont perdu depuis Sézam… J'essaie tant bien que mal de comprendre, de rassembler les pièces du puzzle mais il semble que je ne les aies pas toutes… révolver… tranxène 50 et mon pied dans le ventre du médecin … Denys à Combarel qui me secoue en criant… ici, Sarah, ma mère et l'infirmière et… une cigarette s'il vous plaît…merci! Il y a combien de temps que je suis là? Je l'ignore. On me dira après que j'ai vu le médecin interne, que j'ai parlé avec lui que je l'ai fait rire, qu'il m'a demandé si j'ai les mêmes yeux que ma mère et que je lui ai répondu qu'il paraît que oui entr'autres conneries! Foutaises!… Je crois bien que cette fois-ci ça a pété dans ma tête, et toujours ce mal de tête comme si mon cerveau se décollait, comme si mon crâne était devenu trop petit pour le contenir, et toujours ce sifflement…
Je me rendors, mais on me réveille déjà : « le psychiatre assis dans son bureau » demande à me parler. Je m'habille et pars accompagnée d'une infirmière à la rencontre d'un psychiatre noir parce que des îles. Première rencontre houleuse : il m'emmerde ce mec avec ses questions tordues auxquelles je ne veux pas répondre! J'ai retrouvé dans mes poches mon paquet de cigarettes et du feu, il est interdit de fumer dans ce bureau, "il est interdit d'interdire", et monsieur chiant m'emmerde : j'allume une cigarette… Il gueule et me vire de son antre fait pour les non fumeurs ou les fumeurs petits soldats disciplinés! Il me fera payer mon geste de rébellion au centuple plus tard mais je l'ignore encore.
Dans le couloir sa secrétaire m'appelle et me demande si j'ai bien un cousin qui s'appelle Simon, je réfléchis deux secondes et m'en trouve un en effet dans ma quarantaine de cousins germains…Elle me dit qu'il veut me parler et me tend le téléphone… Je ne comprends toujours rien : c'est en réalité Simon, le mari de Sarah, qui appelle depuis la cabine sur le parking de l'hôpital et me dit qu'il vient me chercher. Je regagne ma chambre sous escorte et attends… On frappe, c'est lui… Je ne bouge pas de mon fauteuil l'esprit de moins en moins clair… Il parle, je ne me souviendrai que d'une chose alors que nous sortons de l'hôpital : Sarah est dans la voiture, sa fille aussi mais elle dort et il ne faut pas parler… Ca tombe bien ça n'est pas de parler que j'ai envie mais de crier tout mon saoul! Je refuse de monter dans la voiture, une renault 4 orange qui n'est pas la leur, et je les laisse partir. Je prends la route derrière eux à pieds pour Rodez et alors que la 4L est sur le point de disparaître je lui fais un superbe bras d'honneur! Mais est-ce à elle que je le fais vraiment? Où à un passé que Tchenobyl et son nuage ont décidément bien emporté? Eux qui se soucient des ingrédients et notamment des colorants E tout ce qu'on voudra contenus dans leur nourriture, préfèrent-ils encore les salades des jardins? En ce début juillet 1986, moi non.
Arrivée à Rodez, je vais chez mon frère. Je le trouve prêt à partir camper au lac de Pareloup avec son amie Caroline. Soit! Je vais donc rester seule chez eux. C'est aussi bien après tout, ainsi je vais sûrement pouvoir continuer à reconstituer mon puzzle!… Faux! La nuit arrivant, un mauvais délire s'empare de moi… Je ne supporte plus la musique… Je l'arrête… Elle continue dans ma tête comme un écho! J'entends aussi la voix de mon frère et celle de certains de ses amis que je connais… Ils m'observent et chuchotent… Vont-ils se taire à la fin! Et cette maudite musique qui n'en finit pas! Au diable Charlélie Couture et les autres! Je prends des ciseaux et m'applique à casser, couper puis brûler les bandes de toutes les cassettes audio qui m'encerclent… Un vrai carnage musical!
Soudain j'entends un sifflement et vois bouger, onduler le cobra qui se trouve dans la pièce! A la cuisine je découvre un marteau dont je m'arme… Je retourne dans la chambre et fracasse la tête de l'animal de plâtre enroulé autour d'un globe de lampe! Le sifflement a cessé et le reptile ne bouge plus devant mes yeux… Je ramasse les morceaux écoeurée et descends la poubelle pleine de ces objets décidément trop bruyants!
La nuit passe interminable avec les voix des invisibles. Je m'endors au matin…
Lorsque Denys et Caroline rentrent, ils ne peuvent que constater le carnage impuissants… Mon frère veut comprendre pourquoi j'ai fais ça… Je me tais ne pouvant retracer mon délire, je lui rembourse la casse et m'en vais. Je rentre à Sézam en auto-stop.
Arrivée à destination, à peine entrée dans la maison familliale, ce n'est pas un "bonjour" que je lance mais un "tous fous dans cette maison sauf moi!"
Quelques jours plus tard, installée dans le grenier où je préfère dormir à l'été, je joue seule au jeu de l'oie interprétant les cases selon mon imagination et les attribuant l'une après l'autre aux gens que je connais… Tout à coup "le tombeau" fait irruption dans mon antre et me propose de jouer avec moi… "Le tombeau", c'est ma sœur Rosalie arrivée à l'instant de Lyon où elle vit avec ses trois filles… Je refuse de partager mon délire avec elle et elle quitte l'étage où je me trouve, rejoignant le reste de la famille réunie au complet dans la cuisine.
Le lendemain vers seize heures mes quatre frères et sœurs envahissent mon espace vital et se mettent en devoir de m'emmener de force. Mal réveillée je comprends mal ce qui se passe mais je résiste à l'attaque tant bien que mal traitant "le tombeau" de salope au passage… En fait, je vis la nuit et dors le jour pour ne plus avoir à supporter les reproches de mes parents, pour ne plus les voir ni les entendre me reprocher entr'autres d'être au chômage.
Les quatre "moustiquaires" arrivent enfin à m'emmener de force roulée dans une couverture, ils m'enfournent dans la voiture d’Emma, mon autre sœur et roulez petits bolides vers Rodez.
Lorsque je sors du véhicule, avenue Victor Hugo, la couverture tombe et mon frère Julien la ramasse et me la remet sur les épaules en maugréant. On m'entraîne alors vers le secrétariat du docteur Mish, un psychiatre. La "secrétine" me demande de me rhabiller et d'attendre que le docteur me reçoive flanquée de mes salopards de frères et sœurs dont la devise semble être ce jour là "Une contre tous? Tous contre une!"
La porte du cabinet médical s'ouvre enfin et le psychiatre que je connais apparaît dans l'embrasure… Il me propose de m'hospitaliser dans sa clinique aux Peyrières… Je menace de me jeter par une fenêtre s'il m'interne… Les fenêtres de son établissement n'étant pas sécurisées, il m'envoie à un psychiatre de ses amis à Castelviel près de Toulouse… Mes frères et sœurs veulent que je m'y rende en ambulance, il refuse et les oblige à m'y conduire, leur faisant ainsi payer leur désir de signer à tout prix une H.D.T. (Hospitalisation Demandée par un Tiers) pour se débarrasser de moi, en accord avec mes paysans de parents qui ne comprennent décidément rien à ce qui m'arrive! La psychologie n'est vraiment pas leur truc!…
Revoilà donc l'équipée infernale… Je fume dans la voiture et mets volontairement mes cendres par terre puisqu'il n'y a pas de cendrier à l'arrière du véhicule… Petite vengeance en direct! Je souhaite qu'ils se perdent avant d'arriver à Castelviel… Voilà L'Union, puis Toulouse : ils sont perdu! Bien fait! Malheureusement pour moi, ils finissent par trouver la clinique et là exigent de signer une H.D.T. pour m'interner, en accord avec mes parents… On leur répond qu'ici tout les pensionnaires sont en cure libre… Mon Dieu qu'ils ont l'air déçus les petits justiciers bleus de rage! Blandine mon infirmière m'entraîne vers la chambre où je vais passer trois semaines avant de signer une décharge et de rentrer dans l'Aveyron en auto-stop…
Après Rodez où aller? Si je rentre à Sézam, ma famille va encore me faire enfermer de force… Simon et Sarah doivent être partis en vacances en ce mois d'août 1986 et même si ce n'est pas le cas, je ne veux pas qu'ils se trouvent mêlés à cette histoire de fous!… J'erre un peu dans Rodez au gré des rues qui s'enchaînent… Hésitante sur la direction à prendre, je m'assieds sur des marches rue Saint-Cyrice puis repars… Fatiguée, je m'assieds à nouveau avenue Durand Degros… France, une de mes cousines germaines, m'appelle depuis la fenêtre de son bureau de l'autre côté de l'avenue… Je m'empresse de partir flairant la trahison ( je saurai plus tard qu'elle a téléphoné à mes parents pour les prévenir qu'elle m'a vue à Rodez!)…
Je continue de marcher sans but lorsqu'un de mes cousins germains : Patrick arrête son véhicule à côté de moi au passage à niveau des Balquières… Il s'étonne de me trouver là et devant mon manque de précision sur ma destination décide de m'emmener chez lui.
Sa femme Laure s'étonne de me voir là et prétexte devoir aller appeler son frère Denys depuis la cabine téléphonique… Je ne doute pas un instant qu'en réalité c'est ma famille qu'elle est partie prévenir par téléphone… Elle me prend vraiment pour une imbécile, mais je ne dis rien… Je passe la nuit chez eux aux Costes Rouges à regarder une retransmission d'un concert de Michel Jonaz dont je suis loin d'être fan.
Le matin arrive. Je demande à Patrick et Laure si je peux rester chez eux, ils me répondent que non puisque je n'ai même pas dormi de la nuit (cherchez l'erreur!)… Je vais jusqu'à l'arrêt de bus et attends… Quoi? Peut-être une idée sur l'endroit où je pourrai bien me rendre sans risquer d'être à nouveau internée.
Les bus et les heures passent sans que je bouge n'arrivant pas à me décider à quitter mon abri… Tout à coup une 4L bleue se gare près de moi : ce sont les gendarmes alertés par des habitants du lieu qui veulent savoir ce que je fais là et contrôler mon identité, il est seize heures trente… Je dois avoir l'air un peu perdue au sortir de ma rêverie et je reste très évasive dans les réponses que je fais aux cow-boys nationaux… Ils m'emmènent au poste de gendarmerie… Là je m'assieds et attends qu'on se décide à mon sujet… Les hommes en bleu téléphonent au maire de la commune où je suis née et apprennent ainsi le nom de mes parents que je n'ai pas voulu donner estimant que ma carte d'identité suffisait. Radio gendarmes égrène ses information dans mon dos et j'attrape le fou-rire! Le fonctionnaire assit face à moi de l'autre côté du bureau hausse un sourcil suspicieux : il doit me croire complètement fêlée!… Maintenant il fouille mon sac de voyage et y découvre des courriers qui m'ont été envoyés à Castelviel, il suffit de lire le tampon de quelques autres documents en provenant pour savoir qu'il s'agit d'une clinique psychiatrique… "Merde! Et remerde!" Maintenant ils ne vont plus me lâcher!
Laure, la cousine germaine par alliance qui n'a pas voulu m'héberger plus d'une nuit, arrive et me dit que ce sont mes parents qui l'ont prévenue que je me trouvais à la gendarmerie… Un peu plus tard, ma mère et mon frère aîné arrivent. Les gendarmes plutôt sympa m'ont servi de quoi manger… Ils s'empressent de me confier à ma famille avec la recommandation expresse de me faire soigner… Et c'est repartit pour un tour! Devant l'hôpital psychiatrique j’essaie de casser la chaîne de la folie en tournant en sens inverse des aiguilles d’une montre comme dans le film « Midnight Express », mais ceux qui sont là ne l’ont pas vu et ne comprennent pas le message. On m’interne donc pour plus d’un mois, mais qu’ai-je fait au bon dieu ? J’en sais trop assurément…
J’apprendrai en 2004 que mon jeune frère Denys m’a accusé d’avoir pratiqué un inceste sur lui ce qui a monté tout le monde contre moi y compris le psychiatre : stupide ! Comme ils l’apprendront plus tard je suis cent pour cent homosexuelle et je n’ai jamais couché avec les gens de ma famille, ce qui n’est pas le cas de Denys qui s’adonne joyeusement à un inceste à répétition doublement consenti avec sa mère depuis ses dix-sept ans! Le monde est fou et c’est moi qui paie les pots cassés !
Et que dire du père et de l’oncle qui ont violé deux fois deux filles devant nous les trois derniers enfants ? La première fois j’avais cinq ans, la deuxième j’en avais dix et je les ai dénoncé si haut et si fort que le lendemain les hommes du village ont débarqué dans ma chambre à Sézam pour m’apprendre à me taire… Je n’ai du mon salut qu’à un saut maladroit par la fenêtre du premier étage, si maladroit qu’en tombant je me suis cognée la tête sur une pierre de la cour et j’ai oublié pendant trente ans les raisons de cette chute volontaire… Mais je ne suis pas la seule à avoir des problèmes…
L'après 1986 pour les médecins accoucheurs fut une horreur! Nombreux furent les nouveaux nés tués à la naissance parce que difformes voire carrément monstrueux… Il y eut dans ces années là douze fois plus de bébés "morts-nés"qu'à l'accoutumé dans la préfecture Aveyronnaise… Beaucoup plus d'accouchements par césariennes aussi dû à des hydrocéphalies (de l'eau à la place du cerveau du nouveau né qui a une tête très grosse). Ceci causa des cas de conscience indescriptibles aux médecins et sage-femmes : fallait-il laisser vivre et donc condamner à souffrir ces enfants du Tchernobyl local ou devait-on écourter leur vie et éviter ainsi la souffrance de toute leur famille et la leur? Loin de moi la seule idée de porter le moindre jugement sur ce que le personnel soignant se sentit contraint de faire par une nature devenue folle!
Quant à moi, après les aléas d'une soit disant dépression atypique en 1986 et 1993 qui ne sont en fait que des internements abusifs à cause des mensonges d’un jeune frère jaloux; en 1995 : à 31 ans une macrocytose soit disant essentielle me déclare la guerre, saloperie de Tchernobyl! En 1999 : cerise sur le gâteau, je fais une dépression, pas atypique du tout, dû à de la sorcellerie, doublée de cette foutue maladie des globules rouges eux aussi difformes qui continuent à ce jour à jouer au PACMAN entre eux! Voilà ce qu’est l’hérédité de parents tous les deux alcooliques! Et, en 2005, se déclare en plus une polynévrite due à deux vertèbres abîmées dans ma chute du premier étage de la maison familliale sur les pavés de la cour à l'âge de dix ans!…
30/QUI A TUE GRAND-MAMAN ?
1987, Louise, ma grand-mère maternelle est alitée suite à une chute dans l’escalier de sa maison, Josette est avec elle pour la soigner. Louise a d’abord été hospitalisée mais elle tenait à rentrer chez elle car elle ne veux pas mourir à l’hôpital et j’ai intercédé en sa faveur auprès de ses filles pour qu’elles accèdent à son vœu le plus cher.
En juin, je pars à Briançon effectuer un stage de préparation aux métiers du tertiaire, avant de partir je vais dire au revoir à Louise qui est habituée alors à ma visite quotidienne. Lorsque je lui rappelle que je pars dans les Alpes, elle se met à pleurer en me disant qu’elle va mourir et qu’elle ne me reverra pas ! J’essaie de la rassurer en lui précisant que je serai en vacances au mois d’août et que je reviendrai la voir à ce moment là, mais rien n’y fait et lorsque je la quitte elle pleure toujours.
De Briançon, j’appelle très souvent chez ma grand-mère pour avoir de ses nouvelles mais, un jour de juillet, personne ne répond au téléphone. J’ai un mauvais pressentiment et j’appelle Sézam où l’on me dit que la vieille dame va bien mais qu’elle est hospitalisée.
Arrive août et les congés tant attendus ! Je vais d’abord à Lyon chez ma sœur Rosalie pour m’occuper de ses filles durant quinze jours. Là m’attend la mauvaise nouvelle : Mémé est morte, je n’apprécie pas du tout que l’on ne m’ai pas prévenue! Mais je ne dis rien me souvenant des prédictions de la défunte avant mon départ dans les Alpes… C’est elle qui avait raison à quelques jours près !
En réalité, elle n’aurait pas dû avoir raison, mais ma mère cette chère Josette est passée par là… Une nuit ma grand-mère réclamait à boire et Josette était de mauvaise humeur comme très souvent. Sa mère insistant trop à son goût, elle prit le plus grand récipient qu’elle trouva, le remplit d’eau et fit boire la vieille femme sans s’arrêter… Ne pouvant pas reprendre sa respiration, celle-ci finit par s’étouffer ! Et ce n’est que le lendemain à six heures que Josette donna l’alerte…Le crime parfait !
ou :
LE CERVEAU ATOMISE
Avril 1986 : le Monde apprend avec horreur l'accident qui vient de se produire dans la centrale de Tchernobyl en U.R.S.S.
J'ai 22 ans depuis le début du mois, je suis au chômage et je vis momentanément à Sézam, sur l'Aubrac Aveyronnais, chez mes parents… Ici on continue de consommer les salades, tomates, et autres produits du jardin malgré le nuage toxique échappé de Tchernobyl… Il paraît d'ailleurs que ce nuage n'aurait pas franchi les frontières françaises où si peu…
Mai 1986 : j'autoédite mon premier recueil de poèmes (j'ai obtenu le prix Pierre Loubière en 1984 et depuis bon nombre de personnes demandent à lire ce que j'écris.).
Juin 1986 : je fais du porte à porte pour vendre ma poésie… A Albi dans le Tarn, à Rodez, Villefranche de Rouergue et Décazeville dans l'Aveyron…
Juillet 1986 : je « pète les plombs » alors que je suis à Sézam. Il y a déjà quelques semaines que ça ne va plus : fan de Renaud j'ai été déçue par son dernier concert à Rodez en mai, mon chat Max à été tué par ma mère en mon absence le jour de ce concert, je lui en veux : ce n'était pas un accident, et Sarah qui me harcèle avec son histoire de mère… Le médecin appelé en urgence alors que j'ai voulu me tirer une balle dans la tête m'envoie en ambulance à l'hôpital Combarel à Rodez… La psychiatre qui rencontre alors ma mère décrète que je veux faire chanter mes parents et décide de m'interner à l'hôpital psychiatrique privé de Rodez… C'était une balle à blanc qui m'a simplement brûlé la tempe, mais la piqûre de tranxène 50 que l'on m'a injectée suffit à ne pas me faire réagir alors que Denys mon jeune frère me demande de m'exprimer afin d'éviter cet internement. La seule réaction qu'il obtient de moi est un "je m'en fous" abruti par le "médicament".
Je me réveille dans une chambre à la peinture pisseuse avec un crucifix au dessus du lavabo… Je ne sais même pas où je suis, mais c'est moche. Je me rendors!
On me réveille, une infirmière où ce qui doit l'être m'annonce la visite de ma mère dit-elle… J'ai encore du mal à émerger… La porte se rouvre, une tête de même infirmière apparaît et m'annonce triomphante : "- votre mère"! Une voix lui répond dans le brouillard : "- mais je ne suis pas sa mère!" Et je vois alors apparaître à son tour dans l'encoignure de la porte Sarah, la présidente en 1983 de l'Association pour laquelle je travaillais en Ségala et avec qui j'ai gardé des relations amicales. Dans mon brouillard je ne comprends rien à rien : je ne sais même pas où je suis et même la bouteille d'eau de source posée sur la table de chevet semble irréaliste dans ce décor! Sarah entre, referme la porte derrière elle et me dit qu'elle m'a apporté « un petit truc » en désignant un emballage plastique dans sa main… Je ne comprends toujours rien : que fait elle dans cet endroit que je ne connais pas et comment a-t-elle su où me trouver? A force de brouillard je sens quelque chose qui va craquer dans ma tête et ce sont des paroles d'une violence extrême qui sortent… Une phrase, une seule : "- Casse toi où c'est moi qui te vire!"
Sentant toute la violence en moi prête à jaillir, elle quitte la chambre et referme la porte derrière elle. Instantanément je l'entends hurler dans le couloir des choses que je ne comprends pas davantage, je me bouche les oreilles et parle à voix basse, des mots incohérents sortent de ma bouche que je n'arrive pas à contrôler. Ca dure longtemps… Le silence revient peu à peu… Ils m'ont piqué mes fringues… Je veux partir mais pour aller où, je suis "paumée"! Je suis "paumée" comme jamais je ne l'ai été : ce doit être le tranxène 50… J'ai mal à la tête et j'ai l'oreille droite qui siffle sans arrêt (j'ai tiré de ce côté là). Finalement, je me rendors hébétée.
Au réveil je réclame mes habits mais je reste pourtant couchée… Marie-Claude l'infirmière qui a remplacé la précédente me fournit gentiment en cigarettes et en feu, je ne sais pas ce qu'on a fait de mon paquet et de mon briquet, apparemment ils se sont perdu depuis Sézam… J'essaie tant bien que mal de comprendre, de rassembler les pièces du puzzle mais il semble que je ne les aies pas toutes… révolver… tranxène 50 et mon pied dans le ventre du médecin … Denys à Combarel qui me secoue en criant… ici, Sarah, ma mère et l'infirmière et… une cigarette s'il vous plaît…merci! Il y a combien de temps que je suis là? Je l'ignore. On me dira après que j'ai vu le médecin interne, que j'ai parlé avec lui que je l'ai fait rire, qu'il m'a demandé si j'ai les mêmes yeux que ma mère et que je lui ai répondu qu'il paraît que oui entr'autres conneries! Foutaises!… Je crois bien que cette fois-ci ça a pété dans ma tête, et toujours ce mal de tête comme si mon cerveau se décollait, comme si mon crâne était devenu trop petit pour le contenir, et toujours ce sifflement…
Je me rendors, mais on me réveille déjà : « le psychiatre assis dans son bureau » demande à me parler. Je m'habille et pars accompagnée d'une infirmière à la rencontre d'un psychiatre noir parce que des îles. Première rencontre houleuse : il m'emmerde ce mec avec ses questions tordues auxquelles je ne veux pas répondre! J'ai retrouvé dans mes poches mon paquet de cigarettes et du feu, il est interdit de fumer dans ce bureau, "il est interdit d'interdire", et monsieur chiant m'emmerde : j'allume une cigarette… Il gueule et me vire de son antre fait pour les non fumeurs ou les fumeurs petits soldats disciplinés! Il me fera payer mon geste de rébellion au centuple plus tard mais je l'ignore encore.
Dans le couloir sa secrétaire m'appelle et me demande si j'ai bien un cousin qui s'appelle Simon, je réfléchis deux secondes et m'en trouve un en effet dans ma quarantaine de cousins germains…Elle me dit qu'il veut me parler et me tend le téléphone… Je ne comprends toujours rien : c'est en réalité Simon, le mari de Sarah, qui appelle depuis la cabine sur le parking de l'hôpital et me dit qu'il vient me chercher. Je regagne ma chambre sous escorte et attends… On frappe, c'est lui… Je ne bouge pas de mon fauteuil l'esprit de moins en moins clair… Il parle, je ne me souviendrai que d'une chose alors que nous sortons de l'hôpital : Sarah est dans la voiture, sa fille aussi mais elle dort et il ne faut pas parler… Ca tombe bien ça n'est pas de parler que j'ai envie mais de crier tout mon saoul! Je refuse de monter dans la voiture, une renault 4 orange qui n'est pas la leur, et je les laisse partir. Je prends la route derrière eux à pieds pour Rodez et alors que la 4L est sur le point de disparaître je lui fais un superbe bras d'honneur! Mais est-ce à elle que je le fais vraiment? Où à un passé que Tchenobyl et son nuage ont décidément bien emporté? Eux qui se soucient des ingrédients et notamment des colorants E tout ce qu'on voudra contenus dans leur nourriture, préfèrent-ils encore les salades des jardins? En ce début juillet 1986, moi non.
Arrivée à Rodez, je vais chez mon frère. Je le trouve prêt à partir camper au lac de Pareloup avec son amie Caroline. Soit! Je vais donc rester seule chez eux. C'est aussi bien après tout, ainsi je vais sûrement pouvoir continuer à reconstituer mon puzzle!… Faux! La nuit arrivant, un mauvais délire s'empare de moi… Je ne supporte plus la musique… Je l'arrête… Elle continue dans ma tête comme un écho! J'entends aussi la voix de mon frère et celle de certains de ses amis que je connais… Ils m'observent et chuchotent… Vont-ils se taire à la fin! Et cette maudite musique qui n'en finit pas! Au diable Charlélie Couture et les autres! Je prends des ciseaux et m'applique à casser, couper puis brûler les bandes de toutes les cassettes audio qui m'encerclent… Un vrai carnage musical!
Soudain j'entends un sifflement et vois bouger, onduler le cobra qui se trouve dans la pièce! A la cuisine je découvre un marteau dont je m'arme… Je retourne dans la chambre et fracasse la tête de l'animal de plâtre enroulé autour d'un globe de lampe! Le sifflement a cessé et le reptile ne bouge plus devant mes yeux… Je ramasse les morceaux écoeurée et descends la poubelle pleine de ces objets décidément trop bruyants!
La nuit passe interminable avec les voix des invisibles. Je m'endors au matin…
Lorsque Denys et Caroline rentrent, ils ne peuvent que constater le carnage impuissants… Mon frère veut comprendre pourquoi j'ai fais ça… Je me tais ne pouvant retracer mon délire, je lui rembourse la casse et m'en vais. Je rentre à Sézam en auto-stop.
Arrivée à destination, à peine entrée dans la maison familliale, ce n'est pas un "bonjour" que je lance mais un "tous fous dans cette maison sauf moi!"
Quelques jours plus tard, installée dans le grenier où je préfère dormir à l'été, je joue seule au jeu de l'oie interprétant les cases selon mon imagination et les attribuant l'une après l'autre aux gens que je connais… Tout à coup "le tombeau" fait irruption dans mon antre et me propose de jouer avec moi… "Le tombeau", c'est ma sœur Rosalie arrivée à l'instant de Lyon où elle vit avec ses trois filles… Je refuse de partager mon délire avec elle et elle quitte l'étage où je me trouve, rejoignant le reste de la famille réunie au complet dans la cuisine.
Le lendemain vers seize heures mes quatre frères et sœurs envahissent mon espace vital et se mettent en devoir de m'emmener de force. Mal réveillée je comprends mal ce qui se passe mais je résiste à l'attaque tant bien que mal traitant "le tombeau" de salope au passage… En fait, je vis la nuit et dors le jour pour ne plus avoir à supporter les reproches de mes parents, pour ne plus les voir ni les entendre me reprocher entr'autres d'être au chômage.
Les quatre "moustiquaires" arrivent enfin à m'emmener de force roulée dans une couverture, ils m'enfournent dans la voiture d’Emma, mon autre sœur et roulez petits bolides vers Rodez.
Lorsque je sors du véhicule, avenue Victor Hugo, la couverture tombe et mon frère Julien la ramasse et me la remet sur les épaules en maugréant. On m'entraîne alors vers le secrétariat du docteur Mish, un psychiatre. La "secrétine" me demande de me rhabiller et d'attendre que le docteur me reçoive flanquée de mes salopards de frères et sœurs dont la devise semble être ce jour là "Une contre tous? Tous contre une!"
La porte du cabinet médical s'ouvre enfin et le psychiatre que je connais apparaît dans l'embrasure… Il me propose de m'hospitaliser dans sa clinique aux Peyrières… Je menace de me jeter par une fenêtre s'il m'interne… Les fenêtres de son établissement n'étant pas sécurisées, il m'envoie à un psychiatre de ses amis à Castelviel près de Toulouse… Mes frères et sœurs veulent que je m'y rende en ambulance, il refuse et les oblige à m'y conduire, leur faisant ainsi payer leur désir de signer à tout prix une H.D.T. (Hospitalisation Demandée par un Tiers) pour se débarrasser de moi, en accord avec mes paysans de parents qui ne comprennent décidément rien à ce qui m'arrive! La psychologie n'est vraiment pas leur truc!…
Revoilà donc l'équipée infernale… Je fume dans la voiture et mets volontairement mes cendres par terre puisqu'il n'y a pas de cendrier à l'arrière du véhicule… Petite vengeance en direct! Je souhaite qu'ils se perdent avant d'arriver à Castelviel… Voilà L'Union, puis Toulouse : ils sont perdu! Bien fait! Malheureusement pour moi, ils finissent par trouver la clinique et là exigent de signer une H.D.T. pour m'interner, en accord avec mes parents… On leur répond qu'ici tout les pensionnaires sont en cure libre… Mon Dieu qu'ils ont l'air déçus les petits justiciers bleus de rage! Blandine mon infirmière m'entraîne vers la chambre où je vais passer trois semaines avant de signer une décharge et de rentrer dans l'Aveyron en auto-stop…
Après Rodez où aller? Si je rentre à Sézam, ma famille va encore me faire enfermer de force… Simon et Sarah doivent être partis en vacances en ce mois d'août 1986 et même si ce n'est pas le cas, je ne veux pas qu'ils se trouvent mêlés à cette histoire de fous!… J'erre un peu dans Rodez au gré des rues qui s'enchaînent… Hésitante sur la direction à prendre, je m'assieds sur des marches rue Saint-Cyrice puis repars… Fatiguée, je m'assieds à nouveau avenue Durand Degros… France, une de mes cousines germaines, m'appelle depuis la fenêtre de son bureau de l'autre côté de l'avenue… Je m'empresse de partir flairant la trahison ( je saurai plus tard qu'elle a téléphoné à mes parents pour les prévenir qu'elle m'a vue à Rodez!)…
Je continue de marcher sans but lorsqu'un de mes cousins germains : Patrick arrête son véhicule à côté de moi au passage à niveau des Balquières… Il s'étonne de me trouver là et devant mon manque de précision sur ma destination décide de m'emmener chez lui.
Sa femme Laure s'étonne de me voir là et prétexte devoir aller appeler son frère Denys depuis la cabine téléphonique… Je ne doute pas un instant qu'en réalité c'est ma famille qu'elle est partie prévenir par téléphone… Elle me prend vraiment pour une imbécile, mais je ne dis rien… Je passe la nuit chez eux aux Costes Rouges à regarder une retransmission d'un concert de Michel Jonaz dont je suis loin d'être fan.
Le matin arrive. Je demande à Patrick et Laure si je peux rester chez eux, ils me répondent que non puisque je n'ai même pas dormi de la nuit (cherchez l'erreur!)… Je vais jusqu'à l'arrêt de bus et attends… Quoi? Peut-être une idée sur l'endroit où je pourrai bien me rendre sans risquer d'être à nouveau internée.
Les bus et les heures passent sans que je bouge n'arrivant pas à me décider à quitter mon abri… Tout à coup une 4L bleue se gare près de moi : ce sont les gendarmes alertés par des habitants du lieu qui veulent savoir ce que je fais là et contrôler mon identité, il est seize heures trente… Je dois avoir l'air un peu perdue au sortir de ma rêverie et je reste très évasive dans les réponses que je fais aux cow-boys nationaux… Ils m'emmènent au poste de gendarmerie… Là je m'assieds et attends qu'on se décide à mon sujet… Les hommes en bleu téléphonent au maire de la commune où je suis née et apprennent ainsi le nom de mes parents que je n'ai pas voulu donner estimant que ma carte d'identité suffisait. Radio gendarmes égrène ses information dans mon dos et j'attrape le fou-rire! Le fonctionnaire assit face à moi de l'autre côté du bureau hausse un sourcil suspicieux : il doit me croire complètement fêlée!… Maintenant il fouille mon sac de voyage et y découvre des courriers qui m'ont été envoyés à Castelviel, il suffit de lire le tampon de quelques autres documents en provenant pour savoir qu'il s'agit d'une clinique psychiatrique… "Merde! Et remerde!" Maintenant ils ne vont plus me lâcher!
Laure, la cousine germaine par alliance qui n'a pas voulu m'héberger plus d'une nuit, arrive et me dit que ce sont mes parents qui l'ont prévenue que je me trouvais à la gendarmerie… Un peu plus tard, ma mère et mon frère aîné arrivent. Les gendarmes plutôt sympa m'ont servi de quoi manger… Ils s'empressent de me confier à ma famille avec la recommandation expresse de me faire soigner… Et c'est repartit pour un tour! Devant l'hôpital psychiatrique j’essaie de casser la chaîne de la folie en tournant en sens inverse des aiguilles d’une montre comme dans le film « Midnight Express », mais ceux qui sont là ne l’ont pas vu et ne comprennent pas le message. On m’interne donc pour plus d’un mois, mais qu’ai-je fait au bon dieu ? J’en sais trop assurément…
J’apprendrai en 2004 que mon jeune frère Denys m’a accusé d’avoir pratiqué un inceste sur lui ce qui a monté tout le monde contre moi y compris le psychiatre : stupide ! Comme ils l’apprendront plus tard je suis cent pour cent homosexuelle et je n’ai jamais couché avec les gens de ma famille, ce qui n’est pas le cas de Denys qui s’adonne joyeusement à un inceste à répétition doublement consenti avec sa mère depuis ses dix-sept ans! Le monde est fou et c’est moi qui paie les pots cassés !
Et que dire du père et de l’oncle qui ont violé deux fois deux filles devant nous les trois derniers enfants ? La première fois j’avais cinq ans, la deuxième j’en avais dix et je les ai dénoncé si haut et si fort que le lendemain les hommes du village ont débarqué dans ma chambre à Sézam pour m’apprendre à me taire… Je n’ai du mon salut qu’à un saut maladroit par la fenêtre du premier étage, si maladroit qu’en tombant je me suis cognée la tête sur une pierre de la cour et j’ai oublié pendant trente ans les raisons de cette chute volontaire… Mais je ne suis pas la seule à avoir des problèmes…
L'après 1986 pour les médecins accoucheurs fut une horreur! Nombreux furent les nouveaux nés tués à la naissance parce que difformes voire carrément monstrueux… Il y eut dans ces années là douze fois plus de bébés "morts-nés"qu'à l'accoutumé dans la préfecture Aveyronnaise… Beaucoup plus d'accouchements par césariennes aussi dû à des hydrocéphalies (de l'eau à la place du cerveau du nouveau né qui a une tête très grosse). Ceci causa des cas de conscience indescriptibles aux médecins et sage-femmes : fallait-il laisser vivre et donc condamner à souffrir ces enfants du Tchernobyl local ou devait-on écourter leur vie et éviter ainsi la souffrance de toute leur famille et la leur? Loin de moi la seule idée de porter le moindre jugement sur ce que le personnel soignant se sentit contraint de faire par une nature devenue folle!
Quant à moi, après les aléas d'une soit disant dépression atypique en 1986 et 1993 qui ne sont en fait que des internements abusifs à cause des mensonges d’un jeune frère jaloux; en 1995 : à 31 ans une macrocytose soit disant essentielle me déclare la guerre, saloperie de Tchernobyl! En 1999 : cerise sur le gâteau, je fais une dépression, pas atypique du tout, dû à de la sorcellerie, doublée de cette foutue maladie des globules rouges eux aussi difformes qui continuent à ce jour à jouer au PACMAN entre eux! Voilà ce qu’est l’hérédité de parents tous les deux alcooliques! Et, en 2005, se déclare en plus une polynévrite due à deux vertèbres abîmées dans ma chute du premier étage de la maison familliale sur les pavés de la cour à l'âge de dix ans!…
30/QUI A TUE GRAND-MAMAN ?
1987, Louise, ma grand-mère maternelle est alitée suite à une chute dans l’escalier de sa maison, Josette est avec elle pour la soigner. Louise a d’abord été hospitalisée mais elle tenait à rentrer chez elle car elle ne veux pas mourir à l’hôpital et j’ai intercédé en sa faveur auprès de ses filles pour qu’elles accèdent à son vœu le plus cher.
En juin, je pars à Briançon effectuer un stage de préparation aux métiers du tertiaire, avant de partir je vais dire au revoir à Louise qui est habituée alors à ma visite quotidienne. Lorsque je lui rappelle que je pars dans les Alpes, elle se met à pleurer en me disant qu’elle va mourir et qu’elle ne me reverra pas ! J’essaie de la rassurer en lui précisant que je serai en vacances au mois d’août et que je reviendrai la voir à ce moment là, mais rien n’y fait et lorsque je la quitte elle pleure toujours.
De Briançon, j’appelle très souvent chez ma grand-mère pour avoir de ses nouvelles mais, un jour de juillet, personne ne répond au téléphone. J’ai un mauvais pressentiment et j’appelle Sézam où l’on me dit que la vieille dame va bien mais qu’elle est hospitalisée.
Arrive août et les congés tant attendus ! Je vais d’abord à Lyon chez ma sœur Rosalie pour m’occuper de ses filles durant quinze jours. Là m’attend la mauvaise nouvelle : Mémé est morte, je n’apprécie pas du tout que l’on ne m’ai pas prévenue! Mais je ne dis rien me souvenant des prédictions de la défunte avant mon départ dans les Alpes… C’est elle qui avait raison à quelques jours près !
En réalité, elle n’aurait pas dû avoir raison, mais ma mère cette chère Josette est passée par là… Une nuit ma grand-mère réclamait à boire et Josette était de mauvaise humeur comme très souvent. Sa mère insistant trop à son goût, elle prit le plus grand récipient qu’elle trouva, le remplit d’eau et fit boire la vieille femme sans s’arrêter… Ne pouvant pas reprendre sa respiration, celle-ci finit par s’étouffer ! Et ce n’est que le lendemain à six heures que Josette donna l’alerte…Le crime parfait !
CHEZ TOI
(A Mémé de Vieurals)
Chez toi
L'odeur du café
La marque "Duralex"
Et l'âge qu'on lit
Au fond du verre plein.
Chez toi
Le goût des biscuits périmés
Achetés
Au cas où quelqu'un viendrait
Mais venu trop tard.
Chez toi
Les brindilles qui craquent
Dans l'âtre peint en rouge vif.
Chez toi
Ce bonheur tranquille
Qui ne revivra pas.
Rodez, le 24 décembre 1993.
31/LE RATICIDE
Fin 1987 je termine mon stage à Briançon et rentre passer les fêtes de fin d’années à Sézam, avant de repartir début janvier dans l’Oise pour un stage de technicien d’exploitation sur gros systèmes IBM. Denys rentre lui de Paris le 12 décembre et nous fêtons ses vingt ans à la maison.
Quelques jours avant noël, un matin, André déboule dans ma chambre en m’appelant. Je lui réponds, il dit alors que je « lui ai tué Denys »… Je ne comprends pas grand-chose et me dis que mon père est devenu fou ! Ma sœur, Emma, qui dort dans le même lit que moi se réveille à son tour et essaie de comprendre ce qui se passe. Tout ce qu’elle obtient comme réponse c’est qu’il y a à la cuisine du poison partout… Et Denys qui ne se réveille toujours pas… Nous nous levons et allons voir au rez-de-chaussée. Il y a, en effet, du raticide dans une casserole avec de l’eau et la même potion dans mon bol sur la table, c’est à devenir fou !
André m’accuse d’avoir empoisonné son fils, heureusement pour moi, Emma s’interpose : elle a dormi avec moi et est sûre que je ne me suis pas relevée cette nuit là. Je m’énerve un peu : puisque Denys ne se réveille pas, il faudrait songer à appeler un médecin !
Josette pleure, sur commande, ses larmes de crocodile habituelles et me menace disant que je suis folle et qu’il faut m’enfermer pour avoir fait ça à mon frère ! Heureusement le docteur arrive… C’est un médecin remplaçant qui n’apprécie pas ma colère alors que je me défends contre les attaques perfides de Josette et il menace de me faire interner si je ne me calme pas ! Je commence à comprendre ce que je risque et je baisse d’un ton; à court d’argument je me saisis du téléphone et appelle Sarah à la rescousse. Visiblement je la dérange et quand j’ai fini de lui expliquer le problème tout ce qu’elle trouve à me répondre c’est : «- Mais tu sais, c’est pas grave de coucher avec son frère… » Ils sont décidément tous devenus fous !
Le médecin nous rassure sur l’état de Denys qui a peut-être avalé du raticide mais n’en a pas croqué ce qui aurait provoqué une hémorragie interne.
Sarah me demande de lui passer Josette, ce que je fais. Elles décident que je dois aller passer noël à Lyon, chez ma sœur Rosalie, alors que Denys restera à Sézam, ainsi séparés il sera pensent-elles plus facile de nous surveiller. Je proteste, je veux surveiller Denys moi-même me disant qu’il va recommencer ! On m’oblige à partir…
Je passe un noël correct à Lyon malgré mon inquiétude. Le lendemain, je rentre à Sézam avec Emma. Nous faisons une étape à Marvejols d’où Emma appelle Sézam. Elle s’énerve au téléphone et finit par me jeter le combiné en me disant qu’elle ne comprend rien à ce que lui dit Josette. Je prends le téléphone calmement et écoute ce que dit la mère : Denys a recommencé, cette fois-ci il a essayé de se pendre et il est hospitalisé à Rodez dans le service de réanimation!
J’apprendrai plus tard que le médecin réanimateur s’est demandé pourquoi on avait mis plus de vingt minutes avant de tenter de dépendre mon frère…
De retour à Sézam, Josette me prend à partie et me reproche de vouloir abandonner Denys, alors qu’il a besoin de moi, en voulant partir dans l’Oise. Je lui réponds simplement que je ne peux rien faire, qu’il est entre les mains des médecins et que si on m’avait écouté au lieu de m’envoyer à Lyon rien ne serait arrivé puisque après l’épisode du raticide j’avais proposé de lui faire rencontrer un psychiatre pour éviter la récidive.
J’apprendrai plus tard qu’en réalité il n’a pas récidivé puisque ce n’était pas lui qui avait mis du raticide partout dans la cuisine. Ce n’était pas lui, c’était Josette qui avait fait cette mise en scène afin de me refaire interner ! Le piège ne s’est pas refermé sur la bonne personne… Décidément, elle n’aime pas que l’on perce à jours ses petits secrets ! Et que ne ferait-elle pas pour me réduire au silence, si possible définitivement ?…
32/L’EMPOISONNEUSE
Josette avait toujours été la championne de l’empoisonnement. Les chiens et chats du voisinage en savaient quelque chose ! Elle les empoisonnait avec de la mort aux rats et jetait leur corps sur le bord de la route pour faire croire qu’ils avaient été écrasés par une voiture, ou sur un des nombreux fumiers de Sézam ! Elle était l’empoisonneuse du village des fous !
D’autres mettaient les petits chiens ou petits chats en surnombre dans un sac fermé qu’ils jetaient dans une fontaine du village afin de les noyer ! La barbarie était coutumière à Sézam et personne ne s’en étonnait plus… Quand j’étais enfant, Martin m’avait donné un petit chien noir, un petit bâtard adorable ! Le lendemain, je dus partir pour une semaine d’école à Saint-Geniez. Lorsque je revins, le samedi suivant, Josette m’annonça que le petit chien était mort écrasé par un tracteur et elle ajouta qu’elle avait gardé son corps pour me le montrer afin que je la crois ! J’étais sûre que c’était Josette l’assassin ! Elle m’entraîna dans la grange où reposait l’animal. Je pris son corps et allais l’enterrer dans un coin de jardin où reposaient déjà d’autres chiens, chats ou oiseaux morts. Avec mes frères nous fabriquions des croix avec des branches que nous plantions sur chaque tombe mais nous n’avions pas encore vu le film « Jeux Interdits » bien que nous fassions la même chose ! Au grand dam de Josette qui détruisait régulièrement nos croix païennes !
En 1988 j’étais donc dans l’Oise et les années suivantes jusqu’en 1993 à Paris. C’est au cours d’un bref séjour à Sézam à cette époque là que je surpris une conversation entre Denys et Josette. Il était question d’un couple de toulousains et de leurs deux enfants morts empoisonnés par des champignons. Les gendarmes étaient venus mener l’enquête mais Josette avait prétendu ne pas avoir rencontré les toulousains dans les bois la veille…
D’après ce que je compris, Josette (encore elle !) avait donné des champignons à cette famille et elle qui prétend ne connaître et ne ramasser que des cèpes, leur avait en fait donné des amanites phalloïdes en leur disant qu’ils pouvaient les manger sans crainte, ce qu’ils avaient fait en toute confiance !
L’éternelle jalousie des autochtones pour LEURS champignons venait de coûter la vie à quatre personnes dont deux enfants en bas âge…
D’autres mettaient les petits chiens ou petits chats en surnombre dans un sac fermé qu’ils jetaient dans une fontaine du village afin de les noyer ! La barbarie était coutumière à Sézam et personne ne s’en étonnait plus… Quand j’étais enfant, Martin m’avait donné un petit chien noir, un petit bâtard adorable ! Le lendemain, je dus partir pour une semaine d’école à Saint-Geniez. Lorsque je revins, le samedi suivant, Josette m’annonça que le petit chien était mort écrasé par un tracteur et elle ajouta qu’elle avait gardé son corps pour me le montrer afin que je la crois ! J’étais sûre que c’était Josette l’assassin ! Elle m’entraîna dans la grange où reposait l’animal. Je pris son corps et allais l’enterrer dans un coin de jardin où reposaient déjà d’autres chiens, chats ou oiseaux morts. Avec mes frères nous fabriquions des croix avec des branches que nous plantions sur chaque tombe mais nous n’avions pas encore vu le film « Jeux Interdits » bien que nous fassions la même chose ! Au grand dam de Josette qui détruisait régulièrement nos croix païennes !
En 1988 j’étais donc dans l’Oise et les années suivantes jusqu’en 1993 à Paris. C’est au cours d’un bref séjour à Sézam à cette époque là que je surpris une conversation entre Denys et Josette. Il était question d’un couple de toulousains et de leurs deux enfants morts empoisonnés par des champignons. Les gendarmes étaient venus mener l’enquête mais Josette avait prétendu ne pas avoir rencontré les toulousains dans les bois la veille…
D’après ce que je compris, Josette (encore elle !) avait donné des champignons à cette famille et elle qui prétend ne connaître et ne ramasser que des cèpes, leur avait en fait donné des amanites phalloïdes en leur disant qu’ils pouvaient les manger sans crainte, ce qu’ils avaient fait en toute confiance !
L’éternelle jalousie des autochtones pour LEURS champignons venait de coûter la vie à quatre personnes dont deux enfants en bas âge…
33/L’ODEUR DE L’AMOUR
Je pensais sans cesse à elle, depuis des années. La dernière fois que je l'avais vue, elle m'avait déposée à Rodez, c'était en juillet 1993.
Nous avions parlé dans la voiture, parlé d'elle puis de moi.
J'avais rompu cette année-là avec ma compagne de quatre longues années et j'étais un peu à bout nerveusement. Les derniers mois, puis mon départ de Paris n'avaient pas été simples. J'avais malgré tout obtenu mon diplôme d'analyste programmeur sur gros systèmes informatiques. Elle, elle avait poursuivi ses études tout en travaillant.
Lorsque le véhicule s'arrêta, j'hésitais un instant à descendre pour rejoindre l'enfer familial, désormais coutumier.
Je venais de lui offrir des roses Baccarats, aussi belles que mon amour secret pour elle depuis dix ans, amour tu, non vécu et, croyais-je, non partagé.
Elle me fit alors comprendre qu'il était réciproque et, alors que j'hésitais, un peu abasourdie par cet aveu, elle m'enlaça et m'embrassa d'une façon toute autre que simplement amicale. Ce baiser me remua au tréfonds de moi-même et je le lui rendis.
Je sentais monter la passion en moi, l'ancienne passion jamais vécue qui s'éveillait! Je pouvais enfin toucher sa peau, la caresser tendrement et l'embrasser à nouveau à en perdre haleine.
Tout cela me semblait être de la folie, mais une si douce folie! Ses yeux brillaient, sa peau devenait moite lorsque je la serrais si fort contre moi que mon cœur me semblait prêt à éclater de bonheur. Rien ne me paraissait possible à long terme, mais tout était soudain possible dans l'instant! J'étais ivre de son odeur, l'odeur de l'amour à ce moment là pour moi.
Soudain, elle pâlit : une voiture de police nous croisa, fit demi-tour et s'arrêta. Elle me dit :
- "Je ne peux pas leur montrer mes papiers, je ne suis pas en règle…"
- "Laisse-moi faire!" la rassurais-je.
Lorsque l'homme en bleu nous demanda notre identité, je tendis ma carte et lui présentais ma voisine comme étant ma mère. Elle détourna la tête pour ne pas éclater de rire, mais même ses yeux riaient.
- "Ma mère, monsieur : Sarah, Sarah F. d'Aurelle-Verlac! Tout le monde l'appelle Josette, mais son premier prénom c'est Sarah!"
- "Votre mère?" reprit-il un peu abasourdi par mon air joyeux – amoureux, serait plus juste.
- "C'est cela, monsieur! J'ai une jeune mère, ça arrive, mais elle est sympathique, non?"
- "On téléphonera à Aurelle-Verlac, pour vérifier…"
- "Vous pouvez, monsieur l'agent!" lui rétorquais-je gentiment.
Il s'éloigna finalement sans même demander les papiers de la voiture et Sarah, car c'était encore elle, me dit :
- "Tu es gonflée!"
- "N'est-ce pas?!" éclatais-je de rire.
Quelques "Je t'aime" et quelques baisers-caresses plus loin, il nous fallut bien nous séparer, pleines de cet amour tout neuf. Un signe de main et un dernier "Je t'aime" me parvinrent alors que la voiture s'éloignait sans moi.
Lorsque j'arrivais à Sézam, (commune d'Aurelle-Verlac, monsieur l'agent!), ma mère m'attendait avec un groupe de voisins :
- "Les gendarmes ont téléphoné, me dit-elle l'air impérieux, qui était avec toi?!"
Et, comme je ne voulais pas répondre :
- " Oh! Je finirai bien par le savoir!"
Au moment où j'écris, douze ans plus tard, elle l'ignore encore, tout comme son comité d'accueil vindicatif…
34/LA BROUILLE
Après près de trois mois passés en hôpital psychiatrique, dont vingt-huit jours au secret en chambre d’isolement, la fin de ce nouvel internement abusif, dû à Josette, arriva.
Quelque temps après ma sortie de l'hôpital, le 19 novembre 1993, j’appelais Sarah. Dès qu’elle sut que c’était moi, elle m’agressa me disant en substance qu’elle en avait assez de moi, que ma mère était folle à cause de moi, qu’elle était au fond d’un hôpital psychiatrique et que je ferais bien mieux de m’en occuper plutôt que de casser les pieds à tout le monde avec mes jérémiades ! Puis le discours changea : ma mère et ma sœur s’en était sorties, elles, et si je ne voulais pas m’en sortir c’était mon problème…
Au bout d’un moment je l’interrompis et lui dit très clairement que si elle savait quelque chose elle n’avait qu’à le dire mais que dans le cas contraire elle était priée de se taire définitivement sur ce sujet !
Elle continua ses affirmations contradictoires et je perdis patience surtout dans la mesure où ce n’était pas moi qui avait abordé ce sujet, plus que sensible pour moi. Je conclus la conversation, si on peut l’appeler ainsi, en lui promettant de ne plus jamais mettre les pieds chez elle et je lui raccrochais au nez ! Quant à elle, elle m’envoya en décembre une lettre me disant qu’elle vivait avec Simon depuis vingt ans, qu’elle avait deux enfants qu’elle aime et qu’elle ne comptait pas changer quoi que ce soit à sa vie, elle concluait en écrivant : « je ne t’aime pas, je ne t’ai jamais aimée et je ne t’aimerai jamais ! » Je ne lui en demandais pas tant !
Douze ans plus tard, je ne suis toujours pas retournée chez Sarah et Simon et je ne crois pas que j’y retournerai un jour l’amitié la plus forte s’étant changée en haine.
35/PSYCHIATRIE
J'avais loué un appartement à Rodez pour être séparée de ma famille qui m'avait faite interner.
Un soir, je reçus un appel téléphonique anonyme me disant qu'une femme voulait de mes nouvelles, me sermonnant pour n'avoir pas donné signe de vie durant les derniers mois.
La personne qui me parlait disait qu'on m'avait cherchée mais que, ne m'ayant pas trouvée, on avait craint le pire, que celle qui voulait de mes nouvelles me sachant suicidaire avait fait surveiller et surveillé elle-même le pont de Bourran, où elle avait empêché une jeune fille de sauter dans le vide en lui expliquant que j'avais disparu, que j'avais déjà fait des tentatives de suicide dans le passé, et qu'elle ne savait même pas si j'étais encore en vie.
La femme qui me téléphonait me dit que l'héroïne était près d'elle et qu'elle pleurait mais ne voulut pas préciser son identité.
Je m'énervais un peu, n'aimant pas le côté anonyme de la conversation et ne voulant pas me laisser aller à attribuer un nom à celle qui s'inquiétait ainsi de mon sort, ayant été plutôt secouée par mon internement et craignant un piège de la part peut-être de ma famille.
De plus, mon stage au pays des fous était de notoriété publique et me faisait passer pour une folle furieuse en ville et ce pouvait donc être aussi un mauvais plaisant, mon numéro de téléphone étant dans l'annuaire.
Lorsque je raccrochais, j'ignorais toujours qui j'avais eu au bout du fil et ne permis pas à mon esprit de divaguer pour identifier la mystérieuse inconnue qui faisait appeler ses amies chez moi.
Je ne pus cependant pas m'empêcher de penser à Sarah, que je n'avais pas revue depuis le mois de juillet, parce qu'elle était mariée depuis longtemps, et nous étions déjà en décembre!…
L'enfermement en chambre d'isolement et les nombreuses piqûres que l'on m'avait faites avaient perturbé une mémoire déjà défaillante à cause de traumatismes de l'enfance et de l'adolescence, et je n'étais plus sûre de grand chose et vraiment peu amène, la dépression suite à ce nouvel internement abusif ayant pris le dessus sur mon optimisme et ma joie de vivre.
Je pensais sans cesse à elle, depuis des années. La dernière fois que je l'avais vue, elle m'avait déposée à Rodez, c'était en juillet 1993.
Nous avions parlé dans la voiture, parlé d'elle puis de moi.
J'avais rompu cette année-là avec ma compagne de quatre longues années et j'étais un peu à bout nerveusement. Les derniers mois, puis mon départ de Paris n'avaient pas été simples. J'avais malgré tout obtenu mon diplôme d'analyste programmeur sur gros systèmes informatiques. Elle, elle avait poursuivi ses études tout en travaillant.
Lorsque le véhicule s'arrêta, j'hésitais un instant à descendre pour rejoindre l'enfer familial, désormais coutumier.
Je venais de lui offrir des roses Baccarats, aussi belles que mon amour secret pour elle depuis dix ans, amour tu, non vécu et, croyais-je, non partagé.
Elle me fit alors comprendre qu'il était réciproque et, alors que j'hésitais, un peu abasourdie par cet aveu, elle m'enlaça et m'embrassa d'une façon toute autre que simplement amicale. Ce baiser me remua au tréfonds de moi-même et je le lui rendis.
Je sentais monter la passion en moi, l'ancienne passion jamais vécue qui s'éveillait! Je pouvais enfin toucher sa peau, la caresser tendrement et l'embrasser à nouveau à en perdre haleine.
Tout cela me semblait être de la folie, mais une si douce folie! Ses yeux brillaient, sa peau devenait moite lorsque je la serrais si fort contre moi que mon cœur me semblait prêt à éclater de bonheur. Rien ne me paraissait possible à long terme, mais tout était soudain possible dans l'instant! J'étais ivre de son odeur, l'odeur de l'amour à ce moment là pour moi.
Soudain, elle pâlit : une voiture de police nous croisa, fit demi-tour et s'arrêta. Elle me dit :
- "Je ne peux pas leur montrer mes papiers, je ne suis pas en règle…"
- "Laisse-moi faire!" la rassurais-je.
Lorsque l'homme en bleu nous demanda notre identité, je tendis ma carte et lui présentais ma voisine comme étant ma mère. Elle détourna la tête pour ne pas éclater de rire, mais même ses yeux riaient.
- "Ma mère, monsieur : Sarah, Sarah F. d'Aurelle-Verlac! Tout le monde l'appelle Josette, mais son premier prénom c'est Sarah!"
- "Votre mère?" reprit-il un peu abasourdi par mon air joyeux – amoureux, serait plus juste.
- "C'est cela, monsieur! J'ai une jeune mère, ça arrive, mais elle est sympathique, non?"
- "On téléphonera à Aurelle-Verlac, pour vérifier…"
- "Vous pouvez, monsieur l'agent!" lui rétorquais-je gentiment.
Il s'éloigna finalement sans même demander les papiers de la voiture et Sarah, car c'était encore elle, me dit :
- "Tu es gonflée!"
- "N'est-ce pas?!" éclatais-je de rire.
Quelques "Je t'aime" et quelques baisers-caresses plus loin, il nous fallut bien nous séparer, pleines de cet amour tout neuf. Un signe de main et un dernier "Je t'aime" me parvinrent alors que la voiture s'éloignait sans moi.
Lorsque j'arrivais à Sézam, (commune d'Aurelle-Verlac, monsieur l'agent!), ma mère m'attendait avec un groupe de voisins :
- "Les gendarmes ont téléphoné, me dit-elle l'air impérieux, qui était avec toi?!"
Et, comme je ne voulais pas répondre :
- " Oh! Je finirai bien par le savoir!"
Au moment où j'écris, douze ans plus tard, elle l'ignore encore, tout comme son comité d'accueil vindicatif…
34/LA BROUILLE
Après près de trois mois passés en hôpital psychiatrique, dont vingt-huit jours au secret en chambre d’isolement, la fin de ce nouvel internement abusif, dû à Josette, arriva.
Quelque temps après ma sortie de l'hôpital, le 19 novembre 1993, j’appelais Sarah. Dès qu’elle sut que c’était moi, elle m’agressa me disant en substance qu’elle en avait assez de moi, que ma mère était folle à cause de moi, qu’elle était au fond d’un hôpital psychiatrique et que je ferais bien mieux de m’en occuper plutôt que de casser les pieds à tout le monde avec mes jérémiades ! Puis le discours changea : ma mère et ma sœur s’en était sorties, elles, et si je ne voulais pas m’en sortir c’était mon problème…
Au bout d’un moment je l’interrompis et lui dit très clairement que si elle savait quelque chose elle n’avait qu’à le dire mais que dans le cas contraire elle était priée de se taire définitivement sur ce sujet !
Elle continua ses affirmations contradictoires et je perdis patience surtout dans la mesure où ce n’était pas moi qui avait abordé ce sujet, plus que sensible pour moi. Je conclus la conversation, si on peut l’appeler ainsi, en lui promettant de ne plus jamais mettre les pieds chez elle et je lui raccrochais au nez ! Quant à elle, elle m’envoya en décembre une lettre me disant qu’elle vivait avec Simon depuis vingt ans, qu’elle avait deux enfants qu’elle aime et qu’elle ne comptait pas changer quoi que ce soit à sa vie, elle concluait en écrivant : « je ne t’aime pas, je ne t’ai jamais aimée et je ne t’aimerai jamais ! » Je ne lui en demandais pas tant !
Douze ans plus tard, je ne suis toujours pas retournée chez Sarah et Simon et je ne crois pas que j’y retournerai un jour l’amitié la plus forte s’étant changée en haine.
35/PSYCHIATRIE
J'avais loué un appartement à Rodez pour être séparée de ma famille qui m'avait faite interner.
Un soir, je reçus un appel téléphonique anonyme me disant qu'une femme voulait de mes nouvelles, me sermonnant pour n'avoir pas donné signe de vie durant les derniers mois.
La personne qui me parlait disait qu'on m'avait cherchée mais que, ne m'ayant pas trouvée, on avait craint le pire, que celle qui voulait de mes nouvelles me sachant suicidaire avait fait surveiller et surveillé elle-même le pont de Bourran, où elle avait empêché une jeune fille de sauter dans le vide en lui expliquant que j'avais disparu, que j'avais déjà fait des tentatives de suicide dans le passé, et qu'elle ne savait même pas si j'étais encore en vie.
La femme qui me téléphonait me dit que l'héroïne était près d'elle et qu'elle pleurait mais ne voulut pas préciser son identité.
Je m'énervais un peu, n'aimant pas le côté anonyme de la conversation et ne voulant pas me laisser aller à attribuer un nom à celle qui s'inquiétait ainsi de mon sort, ayant été plutôt secouée par mon internement et craignant un piège de la part peut-être de ma famille.
De plus, mon stage au pays des fous était de notoriété publique et me faisait passer pour une folle furieuse en ville et ce pouvait donc être aussi un mauvais plaisant, mon numéro de téléphone étant dans l'annuaire.
Lorsque je raccrochais, j'ignorais toujours qui j'avais eu au bout du fil et ne permis pas à mon esprit de divaguer pour identifier la mystérieuse inconnue qui faisait appeler ses amies chez moi.
Je ne pus cependant pas m'empêcher de penser à Sarah, que je n'avais pas revue depuis le mois de juillet, parce qu'elle était mariée depuis longtemps, et nous étions déjà en décembre!…
L'enfermement en chambre d'isolement et les nombreuses piqûres que l'on m'avait faites avaient perturbé une mémoire déjà défaillante à cause de traumatismes de l'enfance et de l'adolescence, et je n'étais plus sûre de grand chose et vraiment peu amène, la dépression suite à ce nouvel internement abusif ayant pris le dessus sur mon optimisme et ma joie de vivre.
36/NOEL A LA PORTE
Noël 1994… Noël à Rodez… Après un accrochage avec la famille d'Olivia, ma nouvelle compagne, nous quittons Rodez pour Sète où nous vivons. J'ai malgré tout un appartement dans cette première ville, appartement que j'ai prêté pour quelques semaines à un couple de cousins d'Olivia.
Un jour, l'homme nous téléphona à Sète pour dire que quelqu'un était venu faire un scandale devant ma porte, qu'il n'avait pas ouvert, que c'était une femme, probablement une de mes anciennes conquêtes.
Je pensais à Sarah, mais elle était mariée, je le savais, et je ne la voyais pas faire un tel scandale, sans compter que nous ne nous étions pas revues depuis l'épisode des gendarmes un an et demi plus tôt. Elle avait pris l'initiative de couper les ponts entre nous, sûrement prise de regrets, imaginais-je.
J'eus beau chercher, je ne voyais pas du tout de qui il pouvait s'agir n'ayant pas "d'ex.", comme il disait, dans les environs de Rodez, la seule femme avec qui j'avais vécu avant Olivia étant en région Parisienne et ne correspondant pas du tout à la description qu'il me faisait de celle qu'il avait entrevu par le judas, celle qui avait fait à la fois une déclaration d'amour, une crise de jalousie, de colère et de désespoir devant mon appartement.
Je regrettais un peu que ces cousins n'aient pas ouvert pour savoir de qui il s'agissait et de quoi il retournait exactement puis, le temps passant, j'oubliais l'incident.
Noël 1994… Noël à Rodez… Après un accrochage avec la famille d'Olivia, ma nouvelle compagne, nous quittons Rodez pour Sète où nous vivons. J'ai malgré tout un appartement dans cette première ville, appartement que j'ai prêté pour quelques semaines à un couple de cousins d'Olivia.
Un jour, l'homme nous téléphona à Sète pour dire que quelqu'un était venu faire un scandale devant ma porte, qu'il n'avait pas ouvert, que c'était une femme, probablement une de mes anciennes conquêtes.
Je pensais à Sarah, mais elle était mariée, je le savais, et je ne la voyais pas faire un tel scandale, sans compter que nous ne nous étions pas revues depuis l'épisode des gendarmes un an et demi plus tôt. Elle avait pris l'initiative de couper les ponts entre nous, sûrement prise de regrets, imaginais-je.
J'eus beau chercher, je ne voyais pas du tout de qui il pouvait s'agir n'ayant pas "d'ex.", comme il disait, dans les environs de Rodez, la seule femme avec qui j'avais vécu avant Olivia étant en région Parisienne et ne correspondant pas du tout à la description qu'il me faisait de celle qu'il avait entrevu par le judas, celle qui avait fait à la fois une déclaration d'amour, une crise de jalousie, de colère et de désespoir devant mon appartement.
Je regrettais un peu que ces cousins n'aient pas ouvert pour savoir de qui il s'agissait et de quoi il retournait exactement puis, le temps passant, j'oubliais l'incident.
37/LE TRAQUENARD
En 1997, nous vivons à Frontignan Olivia, ma nouvelle compagne, et moi. Nous avons deux amis : Hans, un marginal qui vit dans une caravane sur un terrain vague avec une dizaine de chiens plus abattardis et plus puceux les uns que les autres, et Nathalie, une droguée qui se prostitue pour se payer sa dose.
Nous passons voir Hans de temps en temps car il nous sert de boîte aux lettres pour les gens à qui nous ne voulons pas donner notre véritable adresse, c’est à dire pour les aveyronnais dont je me méfie!
Ce jour là, Hans a bu comme souvent, Olivia va voir les chiens hors de la caravane et je reste seule avec l’homme. Il compose alors un numéro de téléphone et appelle une femme Sarah. Il lui dit qu’il a sa fille là et qu’il va la violer, puis la tuer, faire dévorer son corps par ses chiens et enterrer les restes dans son terrain vague où personne ne viendra les chercher ! La femme lui répond qu’il aurait tort de se gêner et lui souhaite de bien en profiter.
Je n’en crois pas mes oreilles et je sors discrètement mon couteau de ma poche et l’ouvre… Hans raccroche et se retourne menaçant… Je le tiens en respect en lui mentant, en lui disant que j’ai déjà tué un homme et que je n’hésiterai pas à recommencer s’il le faut… Il continue à se rapprocher au moment où Olivia entre dans la caravane. Elle nous demande à quoi nous jouons, je lui réponds pour ne pas l’effrayer que je montre juste mon couteau à Hans… Il lui demande alors si elle a le sien… Elle le sort de sa poche et le lui tend naïvement, il s’en empare et me dit : « maintenant j’en ai un aussi et je peux tuer Olivia ! » Je lui rétorque que s’il fait seulement mine de se rapprocher encore d’elle, je n’hésiterais pas à "le planter" même dans le dos ! Il hésite puis plie le couteau et me le tend, je prends le Laguiole et entraîne ma compagne à l’extérieur où je lui explique la situation. Nous quittons rapidement les lieux pour ne jamais y revenir !
Quelques jours plus tard Nathalie me parle encore de cette Sarah que Hans a conduite chez elle. A ses dires, cette femmes a deux enfants qu’elle aime beaucoup et dont elle lui a montré une photo, deux petits blonds qu’elle semble adorer ! Mais la Sarah en question recherche sa fille aînée et souhaite qu’elle prenne contact avec elle…
Je devais apprendre plus tard que ce traquenard m’avait été tendu par Josette avec la complicité de mon frère Denys. L’autre Denis devait se retourner dans sa tombe !
En 1997, nous vivons à Frontignan Olivia, ma nouvelle compagne, et moi. Nous avons deux amis : Hans, un marginal qui vit dans une caravane sur un terrain vague avec une dizaine de chiens plus abattardis et plus puceux les uns que les autres, et Nathalie, une droguée qui se prostitue pour se payer sa dose.
Nous passons voir Hans de temps en temps car il nous sert de boîte aux lettres pour les gens à qui nous ne voulons pas donner notre véritable adresse, c’est à dire pour les aveyronnais dont je me méfie!
Ce jour là, Hans a bu comme souvent, Olivia va voir les chiens hors de la caravane et je reste seule avec l’homme. Il compose alors un numéro de téléphone et appelle une femme Sarah. Il lui dit qu’il a sa fille là et qu’il va la violer, puis la tuer, faire dévorer son corps par ses chiens et enterrer les restes dans son terrain vague où personne ne viendra les chercher ! La femme lui répond qu’il aurait tort de se gêner et lui souhaite de bien en profiter.
Je n’en crois pas mes oreilles et je sors discrètement mon couteau de ma poche et l’ouvre… Hans raccroche et se retourne menaçant… Je le tiens en respect en lui mentant, en lui disant que j’ai déjà tué un homme et que je n’hésiterai pas à recommencer s’il le faut… Il continue à se rapprocher au moment où Olivia entre dans la caravane. Elle nous demande à quoi nous jouons, je lui réponds pour ne pas l’effrayer que je montre juste mon couteau à Hans… Il lui demande alors si elle a le sien… Elle le sort de sa poche et le lui tend naïvement, il s’en empare et me dit : « maintenant j’en ai un aussi et je peux tuer Olivia ! » Je lui rétorque que s’il fait seulement mine de se rapprocher encore d’elle, je n’hésiterais pas à "le planter" même dans le dos ! Il hésite puis plie le couteau et me le tend, je prends le Laguiole et entraîne ma compagne à l’extérieur où je lui explique la situation. Nous quittons rapidement les lieux pour ne jamais y revenir !
Quelques jours plus tard Nathalie me parle encore de cette Sarah que Hans a conduite chez elle. A ses dires, cette femmes a deux enfants qu’elle aime beaucoup et dont elle lui a montré une photo, deux petits blonds qu’elle semble adorer ! Mais la Sarah en question recherche sa fille aînée et souhaite qu’elle prenne contact avec elle…
Je devais apprendre plus tard que ce traquenard m’avait été tendu par Josette avec la complicité de mon frère Denys. L’autre Denis devait se retourner dans sa tombe !
38/LA LETTRE
Sarah continuant à se faire passer pour ma mère auprès de mes amis, j’en eu assez et voici la lettre que je lui écrivis (ENVOYEE LE 17/07/2005).
« Chère Sarah,
Tu te souviens sans aucun doute des raisons de notre brouille fin 1993 : une conversation téléphonique au cours de laquelle tu as traîné ma vraie mère dans la boue.
Je te le répète et te le confirme : non, je ne suis pas ta fille. Je ne sais d’ailleurs pas qui t’a mis cette idée saugrenue dans la tête. Arrête d’alimenter cette légende. Je sais, d’après ce que tu m’as dit, que tu as eut une première expérience sexuelle à 12 ans. J’ignore si un enfant est né suite à cela mais je ne le suis pas ça c’est sûr. Il paraît d’ailleurs que tu as été réglée tardivement… Et l'ange Gabriel était occupé ce jour là! En plus, lorsque tu as eu 12 ans, j’étais née depuis plusieurs mois, mauvais calcul de ta part.
Lorsque tu as commencé à me reparler de ton hypothèse en juin 1982 et jusqu’en 1986, je t’ai tenu ce discours là, non? J’en ai assez plus de vingt ans après, d’entendre encore parler de cette histoire qui ne tient pas la route deux secondes.
J’aimerais assez que tu cesses de me harceler par personnes interposées à ce propos. Si tu y crois vraiment tu n’as qu’à demander une recherche en filiation. Je m’y prêterai afin que cesse définitivement cette rumeur malsaine. Je ne suis pas l’enfant idéal et je te le répète je ne suis pas ta fille et je ne l’ai jamais été.
Autre chose, je sais que tu ne supporte pas l’idée que je sois lesbienne et pas bisexuelle ou hétérosexuelle. Je suis désolée pour toi mais je suis née et j’ai grandi ainsi et ne veux ni ne peux rien changer à ça.
Il est des gens dans l’Hérault qui se souviennent de tes visites et de ce que tu leur a dit à l’époque en te faisant passer pour ma mère. Si ça ce n’est pas du harcèlement je ne sais pas comment ça s’appelle ! Je te le dis très amicalement : ne pousse pas le bouchon trop loin et fiche moi la paix une bonne fois pour toute. Tu remarqueras qu’en 1993 je t’avais promis de ne plus revenir chez toi, j’ai tenu ma promesse, ton mari Simon et tes enfants le savent et toi aussi. Et ce n’est pas la lettre aberrante que tu m’as envoyée en décembre 1993, laissant penser que je t’avais fait des avances, qui y changera quoi que ce soit. Tu sais pertinemment que je ne t’ai jamais fait aucune avance et ce pour une raison très simple : je ne couche pas avec les femmes de mes amis ni d’ailleurs avec des femmes mariées même si leur mari m’est inconnu. C’est une forme d’éthique comme une autre !
Tout ce que je veux : c’est préserver ma tranquillité d’esprit loin de tes obsessions maternelles et mon équilibre, fragilisé parfois par quelques légendes qui ont la vie dure. Trop dure pour moi. Je te demande donc soit de prouver ce dont tu es persuadée à tort par une recherche en filiation ou tout autre moyen incontestable, soit d’oublier cette hypothèse gratuite selon laquelle tu prétends être ma mère naturelle.
Je te précise que j’ai passé, il y a deux ans, une expertise psychiatrique et comme tu peux le constater on ne m’a pas internée, tire les conclusions toi même…
Cette lettre n’est pas une déclaration de guerre ni une menace pour toi, juste un appel à la raison et au calme. Evite de gâcher les bons souvenirs, qu’ils datent de 1982 à 1993 où de mon enfance : tu sais quand tu habitais rue Frayssinous à St Geniez… Tu devrais peut-être retourner y faire un tour ça te rappellerait sûrement des souvenirs y compris de mensonges. Mais cesse avec ton énorme mensonge sur mes origines ou prouve ce que tu affirmes sans baisser les yeux. Admets donc que je ne peux pas être ton enfant !
Tu as une grande famille, la mienne est beaucoup plus réduite, peut être y a-t-il une parenté quand même… En tout cas ce n’est pas le fait d’avoir assisté, à 5 et 10 ans, à deux tournantes dans lesquelles tu étais, avec Justine, qui fait de moi ta fille. Quant aux fois ou tu as été à Sézam en mon absence tu devrais te méfier, tu prends des risques.
Voilà, je te remercie de m’avoir lue jusqu’au bout.
Bisous à vous 4.
Magnolia.
P.S. : Et ce n’est pas un peu de baby-sitting, quelques visites au fil des ans et quelques coups de fil, dont un de DJIBOUTI, qui font de toi ma mère !… Arrête de fantasmer !!! »
Tu te souviens sans aucun doute des raisons de notre brouille fin 1993 : une conversation téléphonique au cours de laquelle tu as traîné ma vraie mère dans la boue.
Je te le répète et te le confirme : non, je ne suis pas ta fille. Je ne sais d’ailleurs pas qui t’a mis cette idée saugrenue dans la tête. Arrête d’alimenter cette légende. Je sais, d’après ce que tu m’as dit, que tu as eut une première expérience sexuelle à 12 ans. J’ignore si un enfant est né suite à cela mais je ne le suis pas ça c’est sûr. Il paraît d’ailleurs que tu as été réglée tardivement… Et l'ange Gabriel était occupé ce jour là! En plus, lorsque tu as eu 12 ans, j’étais née depuis plusieurs mois, mauvais calcul de ta part.
Lorsque tu as commencé à me reparler de ton hypothèse en juin 1982 et jusqu’en 1986, je t’ai tenu ce discours là, non? J’en ai assez plus de vingt ans après, d’entendre encore parler de cette histoire qui ne tient pas la route deux secondes.
J’aimerais assez que tu cesses de me harceler par personnes interposées à ce propos. Si tu y crois vraiment tu n’as qu’à demander une recherche en filiation. Je m’y prêterai afin que cesse définitivement cette rumeur malsaine. Je ne suis pas l’enfant idéal et je te le répète je ne suis pas ta fille et je ne l’ai jamais été.
Autre chose, je sais que tu ne supporte pas l’idée que je sois lesbienne et pas bisexuelle ou hétérosexuelle. Je suis désolée pour toi mais je suis née et j’ai grandi ainsi et ne veux ni ne peux rien changer à ça.
Il est des gens dans l’Hérault qui se souviennent de tes visites et de ce que tu leur a dit à l’époque en te faisant passer pour ma mère. Si ça ce n’est pas du harcèlement je ne sais pas comment ça s’appelle ! Je te le dis très amicalement : ne pousse pas le bouchon trop loin et fiche moi la paix une bonne fois pour toute. Tu remarqueras qu’en 1993 je t’avais promis de ne plus revenir chez toi, j’ai tenu ma promesse, ton mari Simon et tes enfants le savent et toi aussi. Et ce n’est pas la lettre aberrante que tu m’as envoyée en décembre 1993, laissant penser que je t’avais fait des avances, qui y changera quoi que ce soit. Tu sais pertinemment que je ne t’ai jamais fait aucune avance et ce pour une raison très simple : je ne couche pas avec les femmes de mes amis ni d’ailleurs avec des femmes mariées même si leur mari m’est inconnu. C’est une forme d’éthique comme une autre !
Tout ce que je veux : c’est préserver ma tranquillité d’esprit loin de tes obsessions maternelles et mon équilibre, fragilisé parfois par quelques légendes qui ont la vie dure. Trop dure pour moi. Je te demande donc soit de prouver ce dont tu es persuadée à tort par une recherche en filiation ou tout autre moyen incontestable, soit d’oublier cette hypothèse gratuite selon laquelle tu prétends être ma mère naturelle.
Je te précise que j’ai passé, il y a deux ans, une expertise psychiatrique et comme tu peux le constater on ne m’a pas internée, tire les conclusions toi même…
Cette lettre n’est pas une déclaration de guerre ni une menace pour toi, juste un appel à la raison et au calme. Evite de gâcher les bons souvenirs, qu’ils datent de 1982 à 1993 où de mon enfance : tu sais quand tu habitais rue Frayssinous à St Geniez… Tu devrais peut-être retourner y faire un tour ça te rappellerait sûrement des souvenirs y compris de mensonges. Mais cesse avec ton énorme mensonge sur mes origines ou prouve ce que tu affirmes sans baisser les yeux. Admets donc que je ne peux pas être ton enfant !
Tu as une grande famille, la mienne est beaucoup plus réduite, peut être y a-t-il une parenté quand même… En tout cas ce n’est pas le fait d’avoir assisté, à 5 et 10 ans, à deux tournantes dans lesquelles tu étais, avec Justine, qui fait de moi ta fille. Quant aux fois ou tu as été à Sézam en mon absence tu devrais te méfier, tu prends des risques.
Voilà, je te remercie de m’avoir lue jusqu’au bout.
Bisous à vous 4.
Magnolia.
P.S. : Et ce n’est pas un peu de baby-sitting, quelques visites au fil des ans et quelques coups de fil, dont un de DJIBOUTI, qui font de toi ma mère !… Arrête de fantasmer !!! »
39/LE NOM DU CHRIST
Veux-tu la vérité Sarah ? Denis, ton père, aimait beaucoup ta mère. Mais celle-ci était hantée par la peur de perdre un enfant. Cela se produisit à la naissance de sa première fille. La femme de Denis s’était endormie après l’accouchement et le mari se retrouvait avec dans les bras une petite fille morte ! Il para au plus pressé et remplaça l’enfant par un autre dans le plus grand secret! Ce bébé de remplacement, c’était toi… Tu es née le 25 mai 1951 et non le 10 novembre 1952, et tu es une des filles abandonnées par les fiancées du Diable. Ta vraie mère t’avait donné un prénom : Christiane, parce qu’il contenait le nom du Christ… Denis te prénomma, lui, Sarah parce que c’était le premier prénom de ta vraie mère. Mais oui, tu as compris : non, tu n’est pas ma mère, tu es ma sœur aînée, le premier enfant de Josette, d’où cette ressemblance entre nous.
Veux-tu la vérité Sarah ? Denis, ton père, aimait beaucoup ta mère. Mais celle-ci était hantée par la peur de perdre un enfant. Cela se produisit à la naissance de sa première fille. La femme de Denis s’était endormie après l’accouchement et le mari se retrouvait avec dans les bras une petite fille morte ! Il para au plus pressé et remplaça l’enfant par un autre dans le plus grand secret! Ce bébé de remplacement, c’était toi… Tu es née le 25 mai 1951 et non le 10 novembre 1952, et tu es une des filles abandonnées par les fiancées du Diable. Ta vraie mère t’avait donné un prénom : Christiane, parce qu’il contenait le nom du Christ… Denis te prénomma, lui, Sarah parce que c’était le premier prénom de ta vraie mère. Mais oui, tu as compris : non, tu n’est pas ma mère, tu es ma sœur aînée, le premier enfant de Josette, d’où cette ressemblance entre nous.
40/L’EXPIATION
En 2004, des amis de femmes violées par les hommes de Sézam firent une expédition punitive. André, mon père, leur confia que lorsqu’ils voyaient une fille qui leur plaisait « il fallait qu’ils se la grimpent » ! Les justiciers, écoeurés, mutilèrent le sexe et/ou les testicules des violeurs. Un seul échappa au châtiment : Martin, ce cher Martin, mon sauveur en 1974, qui avait toujours refusé de prendre part à un viol, collectif ou non !
Le 19 août 2005, une nouvelle tournante fut organisée. Elle me concernait ainsi que ma compagne parce que j’avais envoyé quelques temps plus tôt mes deux poèmes intitulés « LE CŒUR AU NORD » et « LES DEUX VIEUX SINGES » à Justine et Sarah qui n’avaient pas apprécié ! Elles défendaient donc désormais leurs violeurs… S’agissait-il là du syndrome de Stockholm, ou de quelque chose d’approchant ? Peut-être aussi du syndrome de Münchausen ?
Josette et mon jeune frère Denys les avaient aidées à préparer le viol collectif. Les violeurs potentiels furent recrutés sur plusieurs départements du sud de la France .Trois cantons étaient représentés pour l’Aveyron, dont 35 violeurs volontaires pour le seul canton de Saint-Geniez d’Olt !. Certains pensaient et disaient haut et fort que «- Violer une gouine, ce n’est pas violer! »…
Mais nous avions été prévenues du complot et nous avions organisé notre riposte grâce à un commando mystérieusement sorti de l’ombre. Nous deux, nous nous étions absentée à point nommé. Voulant marquer les esprits, notre comité d’accueil, peu amène, marqua la centaine de violeur d’un « V » avec un fer rouge . Un « V » qui voulait dire : attention Violeur…
Non, décidément, le viol collectif n’était plus ce qu’il avait toujours été à Aurelle-Verlac ! Mais deux poèmes seulement avaient suffit à déplacer plus de cent violeurs volontaires… De la folie !
En 2004, des amis de femmes violées par les hommes de Sézam firent une expédition punitive. André, mon père, leur confia que lorsqu’ils voyaient une fille qui leur plaisait « il fallait qu’ils se la grimpent » ! Les justiciers, écoeurés, mutilèrent le sexe et/ou les testicules des violeurs. Un seul échappa au châtiment : Martin, ce cher Martin, mon sauveur en 1974, qui avait toujours refusé de prendre part à un viol, collectif ou non !
Le 19 août 2005, une nouvelle tournante fut organisée. Elle me concernait ainsi que ma compagne parce que j’avais envoyé quelques temps plus tôt mes deux poèmes intitulés « LE CŒUR AU NORD » et « LES DEUX VIEUX SINGES » à Justine et Sarah qui n’avaient pas apprécié ! Elles défendaient donc désormais leurs violeurs… S’agissait-il là du syndrome de Stockholm, ou de quelque chose d’approchant ? Peut-être aussi du syndrome de Münchausen ?
Josette et mon jeune frère Denys les avaient aidées à préparer le viol collectif. Les violeurs potentiels furent recrutés sur plusieurs départements du sud de la France .Trois cantons étaient représentés pour l’Aveyron, dont 35 violeurs volontaires pour le seul canton de Saint-Geniez d’Olt !. Certains pensaient et disaient haut et fort que «- Violer une gouine, ce n’est pas violer! »…
Mais nous avions été prévenues du complot et nous avions organisé notre riposte grâce à un commando mystérieusement sorti de l’ombre. Nous deux, nous nous étions absentée à point nommé. Voulant marquer les esprits, notre comité d’accueil, peu amène, marqua la centaine de violeur d’un « V » avec un fer rouge . Un « V » qui voulait dire : attention Violeur…
Non, décidément, le viol collectif n’était plus ce qu’il avait toujours été à Aurelle-Verlac ! Mais deux poèmes seulement avaient suffit à déplacer plus de cent violeurs volontaires… De la folie !
41/DEPOSITION
J'ai bien écrit des lettres et des poèmes d'amour à Sarah F. en juillet et août 2006. Je ne le nie pas et je ne les renie pas. Il faut que je précise que j'ai eut une aventure amoureuse avec elle en 1993. Il faut dire que quand une femme vous dit qu’avec son mari elle n'a jamais eut de plaisir, quand elle ajoute qu'elle vous aime et qu’elle prend l'initiative de vous embrasser, il faudrait être un goujat pour partir en courant!
Il faut encore que j'ajoute que Sarah F. et son mari Simon, avec qui je suis fâchée depuis fin 1993, sont venus à Paul Ramadier où j'habite au moins sept fois en mai et juin 2006. Ils sont restés à observer dans leur voiture. Quand j'habitais l'Hérault, de 1994 à 1998, ils avaient fait la même chose à Sète et Frontignan.
Ces "visites" quoique discrètes, m'ont fait penser que le temps de la réconciliation était peut-être venu, était en tous cas souhaitable. Je me suis donc rendue à leur domicile, le 31 Juillet 2006 pour prêcher l'amitié et la réconciliation. Ca n'a rien donné. J'ai donc ensuite prêché l'amour auprès de Sarah F. Ca n'a donné que cette plainte pour harcèlement.
Et je me demande aujourd'hui ce qu'ils me veulent puisque lorsque j'ai parlé de leurs "visites" à Ramadier à Simon F. le 31 juillet 2006, il m'a simplement répondu que je "bargeottais". Alors, ma compagne, Olivia, "bargeotte" elle aussi puisqu'elle les a vus à Ramadier, puisque Simon lui a même demandé depuis sa voiture : "Est ce que c'est bien ici qu'habite Magnolia des Cazes d’Aubais ?" … Ce a quoi elle a répondu qu'elle ne savait pas.
Alors, je vous le demande : QUI HARCELE QUI? ET POURQUOI?
Magnolia des Cazes d’Aubais.
42/L’ILLUSION
J’ai appris récemment que Sarah F. a retrouvé à l’automne 2006 les deux filles qui sont nées d’elle en 1964, elle ne me prend donc plus pour sa fille et c’est très bien ainsi.
Je suis amoureuse de Sarah depuis 1982, c’était mon secret par respect pour ce couple apparemment très unis, il n’a plus lieu d’être… J’ai appris à l’automne 2006 que Simon frappe Sarah et la viole depuis leur mariage en 1973. Comment ai-je pu être dupe aussi longtemps, durant vingt-quatre ans ! Il faut dire que Simon est un excellent comédien : doux, tendre, attentionné avec sa femme en présence de tiers ! Insoupçonnable !
Simon est l’un des enfants abandonnés par les fiancées du diable en 1953. Il est en réalité le fils aîné de Josette et donc le demi frère de Sarah, sa femme…
Simon F., prénommé Christian à la naissance, a un jumeau, un vrai jumeau, répondant lui aussi actuellement au prénom Simon, mais d'abord prénommé Denis. A leur naissance Josette, leur mère, tenta de les étrangler tous les deux et ils ne durent la vie qu’a l’intervention d’une femme venue aider pour cet accouchement. Ils sont nés tous deux le 23 décembre 1953 et non en février 1953 date de naissance officielle de Simon-Christian.
Ce qui est sûr, c’est que mon amitié avec Simon-Christian, nos dix ans d’amitié ne sont qu’une illusion de plus !
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TROISIEME PARTIE : PIERRE DE LUNE
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"De l'autre côté des terres, au delà de l'eau, où le regard ne va pas, dans une chambre au lit défait, deux femmes s'enlaçaient."
Sophie DELPECH
"Le roman d’une femme."
Cherche éditeur
.
43/LA FRANCE PROFONDE
A partir de 1995, un groupe que j'appellerai le Commando des Ombres enquêta sur mon histoire. L'enquête dura longtemps et les conclusions me semblèrent édifiantes!
Il en ressortit que Justine, ma cousine germaine officielle, serait bien ma mère. Elle aurait été victime d'un viol collectif durant l'été 1963 au cours d'une fête de village. Ca se serait passé en extérieur et il y aurait eu un témoin qui aurait empêché ses cinq agresseurs de la tuer et l’aurait ramenée chez ses parents. Elle aurait fait une amnésie suite à cette agression et aurait été soignée pour ça.
Au début, je pris cette version très au sérieux et allait même jusqu’à la publier dans un premier roman intitulé « Ce que je sais » paru en 1999, il me restait pourtant des doutes… Je fis donc ma propre enquête et il s’avéra que la vérité était tout autre… Mais pourquoi voulait on me faire croire à tout prix autre chose que la vérité sur mes origines depuis toujours ? Quel était donc l’enjeu secret de cette course des mères ? Décidément, la France profonde restait bien la France des secrets non révélés !
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"De l'autre côté des terres, au delà de l'eau, où le regard ne va pas, dans une chambre au lit défait, deux femmes s'enlaçaient."
Sophie DELPECH
"Le roman d’une femme."
Cherche éditeur
.
43/LA FRANCE PROFONDE
A partir de 1995, un groupe que j'appellerai le Commando des Ombres enquêta sur mon histoire. L'enquête dura longtemps et les conclusions me semblèrent édifiantes!
Il en ressortit que Justine, ma cousine germaine officielle, serait bien ma mère. Elle aurait été victime d'un viol collectif durant l'été 1963 au cours d'une fête de village. Ca se serait passé en extérieur et il y aurait eu un témoin qui aurait empêché ses cinq agresseurs de la tuer et l’aurait ramenée chez ses parents. Elle aurait fait une amnésie suite à cette agression et aurait été soignée pour ça.
Au début, je pris cette version très au sérieux et allait même jusqu’à la publier dans un premier roman intitulé « Ce que je sais » paru en 1999, il me restait pourtant des doutes… Je fis donc ma propre enquête et il s’avéra que la vérité était tout autre… Mais pourquoi voulait on me faire croire à tout prix autre chose que la vérité sur mes origines depuis toujours ? Quel était donc l’enjeu secret de cette course des mères ? Décidément, la France profonde restait bien la France des secrets non révélés !
44/MES VRAIES ORIGINES
Voici l’histoire des parents de la fille aux loups, une fille sauvage que l'on vit plusieurs fois en compagnie de loups dans les bois d'Aurelle (village abandonné par ses derniers habitants en 1950).
Les parents de la fille aux loups s'appelaient Albert Cayzal et Simone Cayzal née Aussillon.
Leur famille habitait en Afrique Noire, Simone et Albert étaient nés dans des tribus noires sur les bords du lac Kivu au Rwanda vers 1917, ces tribus émanaient de la tribu Twas (de type pygmoïde vivant de pêche, chasse et cueillette).
Leurs pères se connaissaient même s'ils faisaient partie de deux tribus différentes, mais proches géographiquement.
Albert Cayzal dont le nom au Rwanda était Hamahaa était le seul enfant blanc de sa tribu. Son père vivait dans cette tribu où il avait rencontré sa femme, botaniste et exploratrice, leurs familles étaient d'origine Belge.
Simone Aussillon dont le nom au Rwanda était Ahunimée était une métisse, son père était d'origine Belge, le grand-père maternel de sa mère se prénommait Houmida, c'était un chef de tribu noir qui avait épousé une blanche.
Simone et Albert s'étaient mariés à l'âge de douze ans et avaient eu huit enfants au Rwanda qui étaient tous morts. C'est ce drame de la mortalité infantile qui poussa les parents à venir en France.
Ils y vinrent en 1940 avec un de leurs amis et vécurent quelque temps chez lui à Mende en Lozère. Cet ami était né en Lozère vers 1880 et y revint donc à l'âge de la retraite en 1940, sa femme noire et ses enfants restèrent au Rwanda. Le reste de la famille d'Albert et de Simone habitait alors le Centre de la France.
Simone et Albert prirent ensuite des terres en fermage à Corbières (commune d'Aurelle-Verlac), où ils eurent deux garçons morts en bas âge et la fille aux loups. Lorsqu'elle naquit, le 25 décembre 1947, ils pensèrent que le même sort que ses frères l'attendait et ils ne prirent pas la peine de la déclarer à l'état civil.
Au début du printemps 1952, alors qu'il se rendait à une foire, le père fut attaqué par un imitateur du fameux brigand connu sous le nom de Masque Rouge. Imitateur car il l’attaqua à l’aller alors que le vrai Masque Rouge repérait ses victimes sur les foires et les attaquait au retour pour les délester de l'argent qu'elles y avaient gagné. Albert voulut se défendre mais tomba la tête la première sur une pierre et mourut sur le coup. On ne retrouva jamais son corps. Sa tête par contre fut jetée la nuit suivante à travers une fenêtre de sa maison de Corbières…
Sa femme paniqua et le faux Masque Rouge s'introduisit dans la maison et pendit la métisse. Il se débarrassa de son corps et de la tête de son mari en les donnant à manger à leurs propres cochons. Il ne lui restait plus qu'à s'approprier le bétail et la ferme du couple, la petite fille de quatre ans lui ayant échappé après avoir assisté à ces horreurs.
Le nouveau maître des lieux raconta que cette famille lui avait vendu tous ses biens avant de quitter le pays. Albert et Simone avaient, en effet, l'intention de retourner en Afrique, ce qui explique que personne ne se soit ému de leur disparition en 1952 date de leur mort.
45/PIERRE DE LUNE
Après l’assassinat de ses parents à Corbières, la fillette de quatre ans se réfugia dans les bois d'Aurelle où elle survécut en mangeant des châtaignes, des glands, des champignons et des baies diverses… Elle fit aussi de la farine de glands et se faisait cuire des galettes. La nuit elle rentrait dans les étables pour voler du lait et de la ficelle avec laquelle elle faisait des collets pour se nourrir. C’est Théodore de Crespiac qui lui avait appris l’art du braconnage. Un jour, elle prit un louveteau dans un de ses collets, elle le libéra et il resta avec elle. Plus tard, ce loup qu’elle avait appelé Thomas, comme son apôtre préféré, devint le chef d'une meute ; c'est pourquoi tous ces loups respectèrent celle dont le seul nom connu par ses contemporains fut la fille aux loups. Elle s’appelait en réalité Pierre de Lune…
Dans les années qui suivirent, la fille aux loups tenta à deux reprises de revenir à Corbières mais le faux Masque Rouge et les siens la chassèrent à coup de pierres, l'obligeant ainsi à retourner dans la forêt où ils espéraient bien qu'elle mourrait bientôt.
Elle n’était pas seule dans les bois d’Aurelle, il y avait bien sûr Théodore de Crespiac le fameux braconnier, mais aussi une religieuse qui venait lire les évangiles à Pierre de Lune et lui parler de dieu, il y avait Martin de Sézam, le cœur sur la main, qui lui apportait de la nourriture, et enfin les animaux, ses animaux avec qui elle avait le don de communiquer : Thomas le loup, Mako l’ours, Craps le raton laveur, Arthur le chien recueilli tout bébé dans la forêt et les autres bêtes de ces bois…
46/LE DERNIER BEBE D’AURELLE
En 1964, à 16 ans, la fille aux loups accoucha d'un enfant, le premier avril à 23 heures, dans l'église d'Aurelle aidée par la religieuse qui lui amenait régulièrement de la nourriture. Elle appela le bébé Magnolia, parce qu’elle trouvait que l’arbre du même nom, caché dans les bois d’Aurelle, était la plus belle chose au monde.
Elle lui passa au cou une médaille de naissance en or, payée avec les deniers du couvent de Lunet, qui portait deux inscriptions :
au recto :
Voici l’histoire des parents de la fille aux loups, une fille sauvage que l'on vit plusieurs fois en compagnie de loups dans les bois d'Aurelle (village abandonné par ses derniers habitants en 1950).
Les parents de la fille aux loups s'appelaient Albert Cayzal et Simone Cayzal née Aussillon.
Leur famille habitait en Afrique Noire, Simone et Albert étaient nés dans des tribus noires sur les bords du lac Kivu au Rwanda vers 1917, ces tribus émanaient de la tribu Twas (de type pygmoïde vivant de pêche, chasse et cueillette).
Leurs pères se connaissaient même s'ils faisaient partie de deux tribus différentes, mais proches géographiquement.
Albert Cayzal dont le nom au Rwanda était Hamahaa était le seul enfant blanc de sa tribu. Son père vivait dans cette tribu où il avait rencontré sa femme, botaniste et exploratrice, leurs familles étaient d'origine Belge.
Simone Aussillon dont le nom au Rwanda était Ahunimée était une métisse, son père était d'origine Belge, le grand-père maternel de sa mère se prénommait Houmida, c'était un chef de tribu noir qui avait épousé une blanche.
Simone et Albert s'étaient mariés à l'âge de douze ans et avaient eu huit enfants au Rwanda qui étaient tous morts. C'est ce drame de la mortalité infantile qui poussa les parents à venir en France.
Ils y vinrent en 1940 avec un de leurs amis et vécurent quelque temps chez lui à Mende en Lozère. Cet ami était né en Lozère vers 1880 et y revint donc à l'âge de la retraite en 1940, sa femme noire et ses enfants restèrent au Rwanda. Le reste de la famille d'Albert et de Simone habitait alors le Centre de la France.
Simone et Albert prirent ensuite des terres en fermage à Corbières (commune d'Aurelle-Verlac), où ils eurent deux garçons morts en bas âge et la fille aux loups. Lorsqu'elle naquit, le 25 décembre 1947, ils pensèrent que le même sort que ses frères l'attendait et ils ne prirent pas la peine de la déclarer à l'état civil.
Au début du printemps 1952, alors qu'il se rendait à une foire, le père fut attaqué par un imitateur du fameux brigand connu sous le nom de Masque Rouge. Imitateur car il l’attaqua à l’aller alors que le vrai Masque Rouge repérait ses victimes sur les foires et les attaquait au retour pour les délester de l'argent qu'elles y avaient gagné. Albert voulut se défendre mais tomba la tête la première sur une pierre et mourut sur le coup. On ne retrouva jamais son corps. Sa tête par contre fut jetée la nuit suivante à travers une fenêtre de sa maison de Corbières…
Sa femme paniqua et le faux Masque Rouge s'introduisit dans la maison et pendit la métisse. Il se débarrassa de son corps et de la tête de son mari en les donnant à manger à leurs propres cochons. Il ne lui restait plus qu'à s'approprier le bétail et la ferme du couple, la petite fille de quatre ans lui ayant échappé après avoir assisté à ces horreurs.
Le nouveau maître des lieux raconta que cette famille lui avait vendu tous ses biens avant de quitter le pays. Albert et Simone avaient, en effet, l'intention de retourner en Afrique, ce qui explique que personne ne se soit ému de leur disparition en 1952 date de leur mort.
45/PIERRE DE LUNE
Après l’assassinat de ses parents à Corbières, la fillette de quatre ans se réfugia dans les bois d'Aurelle où elle survécut en mangeant des châtaignes, des glands, des champignons et des baies diverses… Elle fit aussi de la farine de glands et se faisait cuire des galettes. La nuit elle rentrait dans les étables pour voler du lait et de la ficelle avec laquelle elle faisait des collets pour se nourrir. C’est Théodore de Crespiac qui lui avait appris l’art du braconnage. Un jour, elle prit un louveteau dans un de ses collets, elle le libéra et il resta avec elle. Plus tard, ce loup qu’elle avait appelé Thomas, comme son apôtre préféré, devint le chef d'une meute ; c'est pourquoi tous ces loups respectèrent celle dont le seul nom connu par ses contemporains fut la fille aux loups. Elle s’appelait en réalité Pierre de Lune…
Dans les années qui suivirent, la fille aux loups tenta à deux reprises de revenir à Corbières mais le faux Masque Rouge et les siens la chassèrent à coup de pierres, l'obligeant ainsi à retourner dans la forêt où ils espéraient bien qu'elle mourrait bientôt.
Elle n’était pas seule dans les bois d’Aurelle, il y avait bien sûr Théodore de Crespiac le fameux braconnier, mais aussi une religieuse qui venait lire les évangiles à Pierre de Lune et lui parler de dieu, il y avait Martin de Sézam, le cœur sur la main, qui lui apportait de la nourriture, et enfin les animaux, ses animaux avec qui elle avait le don de communiquer : Thomas le loup, Mako l’ours, Craps le raton laveur, Arthur le chien recueilli tout bébé dans la forêt et les autres bêtes de ces bois…
46/LE DERNIER BEBE D’AURELLE
En 1964, à 16 ans, la fille aux loups accoucha d'un enfant, le premier avril à 23 heures, dans l'église d'Aurelle aidée par la religieuse qui lui amenait régulièrement de la nourriture. Elle appela le bébé Magnolia, parce qu’elle trouvait que l’arbre du même nom, caché dans les bois d’Aurelle, était la plus belle chose au monde.
Elle lui passa au cou une médaille de naissance en or, payée avec les deniers du couvent de Lunet, qui portait deux inscriptions :
au recto :
« Magnolia
1er avril 1964 »
et au verso :
1er avril 1964 »
et au verso :
« Pierre de Lune
Ta Maman des Bois
Qui ne t’oubliera pas
Et t’aimera toujours
Magnolia… ».
Mako, l'ours, chassa une louve solitaire qui voulait s'en prendre au bébé, les autres loups la tuèrent avant qu'elle ne puisse nuire à quiconque.
Mal influencée par la religieuse, Pierre de Lune voulut donner à son enfant la chance qu'elle n'avait pas eut. Ainsi le bébé, une petite fille, fut emmené par la sœur sept jours à peine après sa naissance. Celle-ci l'abandonna à Sézam sur le perron d'une maison, celle de Marcelle qui trouva le "couffin" et son contenu le 7 avril 1964. Ce bébé c'était moi. Je suis donc le dernier bébé né à Aurelle…
Ta Maman des Bois
Qui ne t’oubliera pas
Et t’aimera toujours
Magnolia… ».
Mako, l'ours, chassa une louve solitaire qui voulait s'en prendre au bébé, les autres loups la tuèrent avant qu'elle ne puisse nuire à quiconque.
Mal influencée par la religieuse, Pierre de Lune voulut donner à son enfant la chance qu'elle n'avait pas eut. Ainsi le bébé, une petite fille, fut emmené par la sœur sept jours à peine après sa naissance. Celle-ci l'abandonna à Sézam sur le perron d'une maison, celle de Marcelle qui trouva le "couffin" et son contenu le 7 avril 1964. Ce bébé c'était moi. Je suis donc le dernier bébé né à Aurelle…
47/LE SANG DE SATAN
La religieuse qui m'avait déposée devant la porte de Marcelle fut prise d'un cas de conscience et revint quelques heures plus tard. Croyant bien faire, elle expliqua à Marcelle qui j'étais en lui recommandant de bien s'occuper de moi. Marcelle promit, mais Marcelle était une sorcière… La sorcière qui menait le Sabbat à Sézam.
Elle et ses pareils savaient que dans la descendance de la fille aux loups devait se trouver la réincarnation de la fée Viviane. Ils voulaient empêcher cela, c'est pourquoi Marcelle mêla mon sang à celui de Satan, le jour même où je fus trouvée sur le perron de sa maison, faisant ainsi une sorte de pacte qui changea mon ADN de naissance et le fit correspondre avec celui de mes futurs parents, Josette et André. Il fut dés lors impossible de prouver l'abandon, puis l'adoption très officieuse du bébé que j'étais… Ainsi se perdit mon ADN véritable, le sang de ma vraie famille et toute possibilité de descendance pour Pierre de Lune, ma vraie mère…
Le 7 avril 1964, Marcelle me trouva donc abandonnée devant sa porte. J'étais âgée d'à peine sept jours. Marcelle me confia le jour même à mes nouveaux parents et, avec l'aide du diable, fit perdre la mémoire à tous ceux qui avaient assisté ou participé à tout cela, à tous ceux qui savaient! Ainsi tout le monde fut désormais persuadé que je faisais bien partie de cette famille qui avait déclaré ma naissance en mairie à une fausse date le 3 avril 1964, avant mon arrivée à Sézam le 7, avec la complicité du maire et du médecin, qui savait forcément reconnaître un bébé naissant d’un enfant âgé d’une semaine déjà. Le docteur, d’ailleurs, refusa qu’on lui paie sa visite à domicile et, le dimanche suivant, mon nouveau père lui livra un kilo de truites fraîchement péchées par ses soins afin de le dédommager.
La religieuse qui m'avait déposée devant la porte de Marcelle fut prise d'un cas de conscience et revint quelques heures plus tard. Croyant bien faire, elle expliqua à Marcelle qui j'étais en lui recommandant de bien s'occuper de moi. Marcelle promit, mais Marcelle était une sorcière… La sorcière qui menait le Sabbat à Sézam.
Elle et ses pareils savaient que dans la descendance de la fille aux loups devait se trouver la réincarnation de la fée Viviane. Ils voulaient empêcher cela, c'est pourquoi Marcelle mêla mon sang à celui de Satan, le jour même où je fus trouvée sur le perron de sa maison, faisant ainsi une sorte de pacte qui changea mon ADN de naissance et le fit correspondre avec celui de mes futurs parents, Josette et André. Il fut dés lors impossible de prouver l'abandon, puis l'adoption très officieuse du bébé que j'étais… Ainsi se perdit mon ADN véritable, le sang de ma vraie famille et toute possibilité de descendance pour Pierre de Lune, ma vraie mère…
Le 7 avril 1964, Marcelle me trouva donc abandonnée devant sa porte. J'étais âgée d'à peine sept jours. Marcelle me confia le jour même à mes nouveaux parents et, avec l'aide du diable, fit perdre la mémoire à tous ceux qui avaient assisté ou participé à tout cela, à tous ceux qui savaient! Ainsi tout le monde fut désormais persuadé que je faisais bien partie de cette famille qui avait déclaré ma naissance en mairie à une fausse date le 3 avril 1964, avant mon arrivée à Sézam le 7, avec la complicité du maire et du médecin, qui savait forcément reconnaître un bébé naissant d’un enfant âgé d’une semaine déjà. Le docteur, d’ailleurs, refusa qu’on lui paie sa visite à domicile et, le dimanche suivant, mon nouveau père lui livra un kilo de truites fraîchement péchées par ses soins afin de le dédommager.
48/LA BOHEMIENNE
Après m’avoir abandonnée, la fille aux loups regrettant ce geste me chercha dans les villages environnants. Les habitants lâchèrent les chiens sur elle, lui jetèrent des pierres pour la chasser… Elle ne me retrouva que deux ans plus tard et, à partir de ce moment là, elle se cacha plusieurs fois, sur la route qui mène de Saint Geniez d'Olt à Vieurals, afin de me voir passer avec ma nouvelle mère, qui allait rendre visite à pieds à ses sœurs ou ses parents. Un jour, Pierre de Lune se montra entre Sézam et Rieuzens, à l’endroit appelé le « Carrouoc ». Josette, ma mère adoptive, lui jeta des pierres puis prit une branche pour la frapper. Pierre de Lune, sous-alimentée, se défendit comme elle put. Je criais : « Arrête ! Maman, arrête ! » pour que Josette cesse de frapper cette fille qui n’avait pas l’air méchante… Josette m’agrippa le bras et m’entraîna vers Rieuzens. Nous revînmes à Sézam en voiture, conduites par le beau-frère de Josette. J’essayais en vain de voir celle qu’ils appelaient « la bohémienne » à travers les vitres de la voiture, mais la fille aux loups resta invisible… Arrivées à la maison, du haut de mes trois ans je voulais m’enfuir pour la rejoindre, mais la porte était fermée et Josette avait mis la clef dans la poche de son tablier de cuisine.
Je revis Pierre de Lune à plusieurs reprises, mais à chaque fois ma famille adoptive arrivait à la chasser avant qu’elle ne réussisse à m’approcher assez pour m’enlever ou, plutôt, pour me reprendre avec elle. Dommage !
Elle entra même dans la maison de Sézam et, cachée au premier étage, elle nous regarda manger à travers les trous du plancher en pleurant. Une de ses larmes tomba sur la table devant mon frère Julien qui donna l’alerte. André monta à l’étage pour inspecter les lieux mais ne trouva personne. Julien insista en disant que c’était ma vraie mère qui était cachée, ce à quoi je répondis avec le cœur qui se déchire que ma vraie mère c’était Josette… Comme j’aurais aimé rejoindre ma vraie maman !
Mais Pierre de Lune mourut dans les bois, le 7 juin 1970, à 22 ans, des suites d’une pneumonie après un hiver particulièrement rigoureux au cours duquel elle prit froid malgré les peaux de loups morts dont elle se vêtait et ses tentatives de faire du feu que la neige éteignait aussitôt. Se couchèrent près d'elle et se laissèrent mourir son loup Thomas (l'apôtre préféré de la jeune femme), et l'ours d'Aurelle Mako arrivé trop tard cette nuit là pour pouvoir la réchauffer. Ce fut Martin de Sézam qui trouva leurs corps, alors qu’il leur apportait de la nourriture, il leur creusa une tombe dans laquelle il les enterra tous ensemble. Merci à toi Martin !
49/GASPARD
Gaspard Des Cazes d'Aubais, mon père, était berger tous les deux ans, à la belle saison, au Bournhou. Le reste du temps il travaillait en Algérie comme coordonnateur pour l’armée française et il n’avait six mois de congés que tous les deux ans. A la belle saison il était au Bournhou et l’hiver il résidait dans le nord de la Lozère.
Il avait dix-sept ans lorsqu’il avait rencontré Pierre de Lune et en était tombé passionnément amoureux. Il l’appelait son « rouge-gorge » parce qu’elle imitait à la perfection le chant des oiseaux et qu’elle avait un don pour communiquer avec les animaux !
Lorsqu’il sut qu’elle était morte, il ne savait pas que j’existais et, rien ne le retenant plus à la vie, il se laissa lui aussi mourir de chagrin. Ainsi se termina la lignée des Des Cazes d'Aubais, originaires de la haute bourgeoisie ruinée du Grand Duché du Luxembourg, en ce Gaspard, jeune vicomte, mon père.
Ainsi se termine également ce roman, sur une belle histoire d’amour, enfin une !!!
Magnolia; Rodez, le 20 août 2005.
Après m’avoir abandonnée, la fille aux loups regrettant ce geste me chercha dans les villages environnants. Les habitants lâchèrent les chiens sur elle, lui jetèrent des pierres pour la chasser… Elle ne me retrouva que deux ans plus tard et, à partir de ce moment là, elle se cacha plusieurs fois, sur la route qui mène de Saint Geniez d'Olt à Vieurals, afin de me voir passer avec ma nouvelle mère, qui allait rendre visite à pieds à ses sœurs ou ses parents. Un jour, Pierre de Lune se montra entre Sézam et Rieuzens, à l’endroit appelé le « Carrouoc ». Josette, ma mère adoptive, lui jeta des pierres puis prit une branche pour la frapper. Pierre de Lune, sous-alimentée, se défendit comme elle put. Je criais : « Arrête ! Maman, arrête ! » pour que Josette cesse de frapper cette fille qui n’avait pas l’air méchante… Josette m’agrippa le bras et m’entraîna vers Rieuzens. Nous revînmes à Sézam en voiture, conduites par le beau-frère de Josette. J’essayais en vain de voir celle qu’ils appelaient « la bohémienne » à travers les vitres de la voiture, mais la fille aux loups resta invisible… Arrivées à la maison, du haut de mes trois ans je voulais m’enfuir pour la rejoindre, mais la porte était fermée et Josette avait mis la clef dans la poche de son tablier de cuisine.
Je revis Pierre de Lune à plusieurs reprises, mais à chaque fois ma famille adoptive arrivait à la chasser avant qu’elle ne réussisse à m’approcher assez pour m’enlever ou, plutôt, pour me reprendre avec elle. Dommage !
Elle entra même dans la maison de Sézam et, cachée au premier étage, elle nous regarda manger à travers les trous du plancher en pleurant. Une de ses larmes tomba sur la table devant mon frère Julien qui donna l’alerte. André monta à l’étage pour inspecter les lieux mais ne trouva personne. Julien insista en disant que c’était ma vraie mère qui était cachée, ce à quoi je répondis avec le cœur qui se déchire que ma vraie mère c’était Josette… Comme j’aurais aimé rejoindre ma vraie maman !
Mais Pierre de Lune mourut dans les bois, le 7 juin 1970, à 22 ans, des suites d’une pneumonie après un hiver particulièrement rigoureux au cours duquel elle prit froid malgré les peaux de loups morts dont elle se vêtait et ses tentatives de faire du feu que la neige éteignait aussitôt. Se couchèrent près d'elle et se laissèrent mourir son loup Thomas (l'apôtre préféré de la jeune femme), et l'ours d'Aurelle Mako arrivé trop tard cette nuit là pour pouvoir la réchauffer. Ce fut Martin de Sézam qui trouva leurs corps, alors qu’il leur apportait de la nourriture, il leur creusa une tombe dans laquelle il les enterra tous ensemble. Merci à toi Martin !
49/GASPARD
Gaspard Des Cazes d'Aubais, mon père, était berger tous les deux ans, à la belle saison, au Bournhou. Le reste du temps il travaillait en Algérie comme coordonnateur pour l’armée française et il n’avait six mois de congés que tous les deux ans. A la belle saison il était au Bournhou et l’hiver il résidait dans le nord de la Lozère.
Il avait dix-sept ans lorsqu’il avait rencontré Pierre de Lune et en était tombé passionnément amoureux. Il l’appelait son « rouge-gorge » parce qu’elle imitait à la perfection le chant des oiseaux et qu’elle avait un don pour communiquer avec les animaux !
Lorsqu’il sut qu’elle était morte, il ne savait pas que j’existais et, rien ne le retenant plus à la vie, il se laissa lui aussi mourir de chagrin. Ainsi se termina la lignée des Des Cazes d'Aubais, originaires de la haute bourgeoisie ruinée du Grand Duché du Luxembourg, en ce Gaspard, jeune vicomte, mon père.
Ainsi se termine également ce roman, sur une belle histoire d’amour, enfin une !!!
Magnolia; Rodez, le 20 août 2005.
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MAGNOLIA DES CAZES D’AUBAIS : AU NOM DE NOUS
A PIERRE DE LUNE
QUE J’AI TANT CHERCHEE !
A PIERRE DE LUNE
QUI DONNE TOUT SON SENS A MA VIE…
A PIERRE DE LUNE :
MAMAN, JE T’AIME.
MAGNOLIA
Rodez, le 9 octobre 2004.
CONFIDENTIEL
« Je voulais simplement te dire
Que ton visage et ton sourire
Resteront près de moi sur mon chemin /…/
Peut-être on se retrouvera
Peut-être que, peut-être pas
Mais sache qu’ici bas
Je suis là
Ca restera comme une lumière
Qui me tiendra chaud dans mes hivers
Un petit feu de toi
Qui s’éteint pas. »
Jean-Jacques GOLDMAN.
MAGNOLIA
1er avril 1964
Pierre de Lune
Ta Maman des bois
Qui ne t’oubliera pas
Et t’aimera toujours
Magnolia…
PIERRE DE LUNE
Texte médaille de naissance de MAGNOLIA.
Toi petit Magnolia
Que j’attendais déjà
A l’ombre du grand magnolia
Où je me reposais souvent
Magnolia
Je pensais déjà à toi
Je t’attendais
Petit Magnolia
Au clair de lune
Pour Pierre de Lune
Ta Maman des bois.
PIERRE DE LUNE
15 Juin 2004.
ROCAILLE
Brûler ma peau
A l'ombre de ton chœur
Etancher ma soif de toi
D'une larme de basalte
Chapelle aux abois
Grandeur en lambeaux
Belle d'une beauté sauvage
Avec pour seule parure
Buissons et genêts
Couper les ailes
De ton Saint déserteur
Flambeau de l'espoir urbain
Eclaireur du sillon vide
Nature païenne papesse
Volcan de tendresse
Aurelle, village lové
Au creux de l'abandon.
MAGNOLIA
Nasbinals, 17 mai 1984.
NEE A CORBIERES
LE 25 DECEMBRE 1947
-A ma vraie et seule mère-
Qui suis-je?
Montrant les dents, le cœur léger,
Je suis la fille unique de LA FILLE AU LOUP,
Ce loup prénommé THOMAS (*)
Apôtre du doute qui vous étreint.
Je suis la fille unique de LA FILLE AU LOUP,
La sauvageonne brune aux yeux verts,
Orpheline de père et de mère,
Chassée de son village désormais sans soleil
Par des voisins vautours.
Au promeneur qui lui demande son nom
Elle répond : "AURELLE"…
Non, AURELLE n'est pas qu'un tas de ruines,
Mais la femme, la déesse,
Ma mère accouchant dans l'église abandonnée.
C'est depuis l'impossible oubli de son sang
Pour la fée du Volcan,
L'impossible oubli de la chapelle maternelle
Pour qui ma mémoire se damne
Depuis bientôt quarante ans…
MAGNOLIA
Onet le château, le 16 septembre 2002.
(*) prononcer le S.
EN QUELQUES MOTS,
ET TANT D’AMOUR…
Fille ou garçon
Tu l’ignorais
Mais parce que tu trouvais
Que le magnolia
Etait la plus belle
Chose au monde
Pas encore maman
Mais déjà fière de moi
Tu voulais
Me donner son nom.
Tu caressais ton ventre
En lui parlant,
Tes mots d’amour et ta douceur
Effeuillaient les saisons.
A la fin de la troisième
J’ai crié toute la nuit
J’avais beaucoup de choses
A te dire
Et j’étais née bavarde
Mais j’aimais déjà
Ecouter ta voix
De jeune Maman
Comme on écoute
Un chant d’oiseau :
En silence.
A l’instant où je suis née
Tu m’as passé au cou
Une chaîne d’or
Portant une médaille
Cadeau de ma Maman des bois
Qui ne m’oublierait pas
Et m’aimerait toujours
Cadeau de toi
Pierre de Lune
Comme un phare
En mon amnésie future
Cadeau de toi
Qui me rendait
Déjà poète à peine née
En quelques mots
Et tant d’amour !
Les plus beaux mots,
Les plus beaux textes
Que j’écrirai un jour
Si tu le veux,
Si je le peut
Seront tous dédiés
A ma Maman des bois
Qui m’a donné la vie,
Qui m’a donné l’envie,
L’amour des plus belles choses…
A Toi, Pierre de Lune
Pour l’éternité et plus encore…
MAGNOLIA
Rodez, le 15 juin 2004.
Nasbinals, 17 mai 1984.
NEE A CORBIERES
LE 25 DECEMBRE 1947
-A ma vraie et seule mère-
Qui suis-je?
Montrant les dents, le cœur léger,
Je suis la fille unique de LA FILLE AU LOUP,
Ce loup prénommé THOMAS (*)
Apôtre du doute qui vous étreint.
Je suis la fille unique de LA FILLE AU LOUP,
La sauvageonne brune aux yeux verts,
Orpheline de père et de mère,
Chassée de son village désormais sans soleil
Par des voisins vautours.
Au promeneur qui lui demande son nom
Elle répond : "AURELLE"…
Non, AURELLE n'est pas qu'un tas de ruines,
Mais la femme, la déesse,
Ma mère accouchant dans l'église abandonnée.
C'est depuis l'impossible oubli de son sang
Pour la fée du Volcan,
L'impossible oubli de la chapelle maternelle
Pour qui ma mémoire se damne
Depuis bientôt quarante ans…
MAGNOLIA
Onet le château, le 16 septembre 2002.
(*) prononcer le S.
EN QUELQUES MOTS,
ET TANT D’AMOUR…
Fille ou garçon
Tu l’ignorais
Mais parce que tu trouvais
Que le magnolia
Etait la plus belle
Chose au monde
Pas encore maman
Mais déjà fière de moi
Tu voulais
Me donner son nom.
Tu caressais ton ventre
En lui parlant,
Tes mots d’amour et ta douceur
Effeuillaient les saisons.
A la fin de la troisième
J’ai crié toute la nuit
J’avais beaucoup de choses
A te dire
Et j’étais née bavarde
Mais j’aimais déjà
Ecouter ta voix
De jeune Maman
Comme on écoute
Un chant d’oiseau :
En silence.
A l’instant où je suis née
Tu m’as passé au cou
Une chaîne d’or
Portant une médaille
Cadeau de ma Maman des bois
Qui ne m’oublierait pas
Et m’aimerait toujours
Cadeau de toi
Pierre de Lune
Comme un phare
En mon amnésie future
Cadeau de toi
Qui me rendait
Déjà poète à peine née
En quelques mots
Et tant d’amour !
Les plus beaux mots,
Les plus beaux textes
Que j’écrirai un jour
Si tu le veux,
Si je le peut
Seront tous dédiés
A ma Maman des bois
Qui m’a donné la vie,
Qui m’a donné l’envie,
L’amour des plus belles choses…
A Toi, Pierre de Lune
Pour l’éternité et plus encore…
MAGNOLIA
Rodez, le 15 juin 2004.
ENVIE DE TOI
Framboises
Fraises des bois
Figues et fromages
Furent l’apanage
Du ventre rond
De ma Maman sauvage
Qu’il me reste l’envie
D’apprivoiser
Tout en douceur
Je t’aime.
MAGNOLIA
Rodez, le 15 juin 2004.
MEA CULPA
Lorsque les Dieux
T’ont demandé
De bien vouloir
Veiller sur moi
Tu as pleuré.
Perles d’émotion
Qui chacune
Portait mon nom.
Pour trop de larmes
Et tant d’amour
Merci Maman.
MAGNOLIA
Rodez, le 15 juin 2004.
Framboises
Fraises des bois
Figues et fromages
Furent l’apanage
Du ventre rond
De ma Maman sauvage
Qu’il me reste l’envie
D’apprivoiser
Tout en douceur
Je t’aime.
MAGNOLIA
Rodez, le 15 juin 2004.
MEA CULPA
Lorsque les Dieux
T’ont demandé
De bien vouloir
Veiller sur moi
Tu as pleuré.
Perles d’émotion
Qui chacune
Portait mon nom.
Pour trop de larmes
Et tant d’amour
Merci Maman.
MAGNOLIA
Rodez, le 15 juin 2004.
LES SALAUDS
Ils m’ont enlevée à toi
Encore bébé
Ils ont changé
Le prénom que tu m’avais donné
Ils m’ont volé
La médaille d’or que tu m’avais offerte
Ils ont changé
La couleur de mes yeux bleus
Ils ont foncé
Mes cheveux blonds aujourd’hui bruns
Ils ont changé
Ma date de naissance
Ils m’ont déclarée leur fille
A l’officier d’état civil
Ils m’ont vite baptisée
Moi l’enfant de la forêt
Déjà bénie par les Elfes
Adieu Pierre de Lune
Ma Maman des bois
Ma route quitte la tienne
Les bons citoyens
Déjà assassins de tes parents
M’interdisent d’être à toi
Adieu Pierre de Lune
Ma Maman des bois
Me voilà leur chose,
Leur jouet facile à casser
Mon destin est tout tracé
Adieu Pierre de Lune
Ma Maman des bois
Jamais je ne te renierai
Mes pensées iront vers toi
Contre ça ils ne peuvent rien
Adieu Pierre de Lune
Ma Maman des bois
Tout mon amour est avec toi
Il me guidera
Tout au long de ce chemin
Qui toujours cherchera le tien
Et finira bien par le retrouver…
Bonjour Pierre de Lune
Ma Maman des bois,
Bonjour ma Maman unique!
MAGNOLIA
Rodez, le 15 juin 2004.
SILENCE ET ESPOIR
Emotions trop fortes
Qui déferlent et me submergent
Tremper ma plume
Au chœur de mes blessures
Pour écrire en lettres de sang
Avec eux
Je n’ai appris qu’à détester
Avec toi
Je réapprendrai à sourire
A aimer et à vivre
Même si mon enfance volée
Ne revient jamais
Au creux de tes bras
J’oublierai la peur
La violence et l’ennui
Merci d’être Toi
Ma Maman des bois
Forte et fragile à la fois
Merci…
MAGNOLIA
Rodez, le 25 juin 2004.
Ils m’ont enlevée à toi
Encore bébé
Ils ont changé
Le prénom que tu m’avais donné
Ils m’ont volé
La médaille d’or que tu m’avais offerte
Ils ont changé
La couleur de mes yeux bleus
Ils ont foncé
Mes cheveux blonds aujourd’hui bruns
Ils ont changé
Ma date de naissance
Ils m’ont déclarée leur fille
A l’officier d’état civil
Ils m’ont vite baptisée
Moi l’enfant de la forêt
Déjà bénie par les Elfes
Adieu Pierre de Lune
Ma Maman des bois
Ma route quitte la tienne
Les bons citoyens
Déjà assassins de tes parents
M’interdisent d’être à toi
Adieu Pierre de Lune
Ma Maman des bois
Me voilà leur chose,
Leur jouet facile à casser
Mon destin est tout tracé
Adieu Pierre de Lune
Ma Maman des bois
Jamais je ne te renierai
Mes pensées iront vers toi
Contre ça ils ne peuvent rien
Adieu Pierre de Lune
Ma Maman des bois
Tout mon amour est avec toi
Il me guidera
Tout au long de ce chemin
Qui toujours cherchera le tien
Et finira bien par le retrouver…
Bonjour Pierre de Lune
Ma Maman des bois,
Bonjour ma Maman unique!
MAGNOLIA
Rodez, le 15 juin 2004.
SILENCE ET ESPOIR
Emotions trop fortes
Qui déferlent et me submergent
Tremper ma plume
Au chœur de mes blessures
Pour écrire en lettres de sang
Avec eux
Je n’ai appris qu’à détester
Avec toi
Je réapprendrai à sourire
A aimer et à vivre
Même si mon enfance volée
Ne revient jamais
Au creux de tes bras
J’oublierai la peur
La violence et l’ennui
Merci d’être Toi
Ma Maman des bois
Forte et fragile à la fois
Merci…
MAGNOLIA
Rodez, le 25 juin 2004.
CLAIR DE BRUME
Quelques perles de Lune
Dans les yeux
De Pierre de Lune
Un peu de rosée
Se dépose sur mon cœur
Mais un éclat de rire étoilé
Le sien
Ricoche en plein soleil…
MAGNOLIA
Rodez, le 27 juin 2004.
AU NOM DE NOUS
Un matelas de fleurs
Sur lequel je suis née
Et ce premier mot : Maman
Que je disais cinq jours après
Puis la séparation
La souffrance et le doute
Dix sept ans plus tard
Six cicatrices zébraient mes poignets
Trop dure la séparation
La souffrance et le doute !
Lorsque tu as su
Longtemps après
Tu as pleuré
Tu as eut peur
Mais tu m’aimais
Je t’ai dit souffrance
Je t’ai dit confiance
Et Amour sans fin
Tu as séché tes larmes
Et tu m’as écoutée
Alors je t’ai dit promesse
Promesse de vivre
Jusqu’au bout
Promesse de vivre
Malgré tout
Sans jamais recommencer
Pour toi Pierre de Lune
Au nom de Nous.
MAGNOLIA
Rodez, le 2 juillet 2004.
LE CŒUR AU NORD
Le cœur au nord
Tu me sauves
Des tournantes de l’Aubrac
Dont j’ai été témoin
Dès l’âge de cinq ans
Oncle et père adoptifs violeurs
Justine et Sarah
Victimes à deux reprises
Si je ne te savais pas là
Je crois que je craquerais
Mais tu es là
Douce et rassurante
Pierre de Lune
Ma Maman des bois
Qui a toujours
Combattu la sauvagerie
Merci à toi Maman
De rester mon antidote…
MAGNOLIA
Rodez, le 20 juillet 2004.
___________________________________________________________________________
TABLE :
PREMIERE PARTIE : JUSTINE
- Chapitre 1 : Le Héros.
- Chapitre 2 : L’autre grand-père.
- Chapitre 3 : Les fiancées du Diable.
- Chapitre 4 : L'enfant des bois.
- Chapitre 5 : Jean Valjean.
- Chapitre 6 : Noël Noir.
- Chapitre 7 : Baby-sitting.
- Chapitre 8 : Pour leur plus grand malheur.
- Chapitre 9 : La folie du diable.
- Chapitre 10 : Les dessins.
- Chapitre 11 : L'accident.
- Chapitre 12 : Rue Frayssinous.
- Chapitre 13 : Entrez dans la danse.
- Chapitre 14 : A la claire fontaine.
- Chapitre 15 : J'irai plus dans vos boums.
- Chapitre 16 : Halloween d'été.
- Chapitre 17 : Les petits cons.
- Chapitre 18 : Le petit-fils indésirable.
- Chapitre 19 : Encore eux !!!
- Chapitre 20 : Beaux yeux.
- Chapitre 21 : La blonde et la brune.
- Chapitre 22 : La mauvaise réputation.
- Chapitre 23 : Ce n'est qu'un au revoir?
- Chapitre 24 : La légende.
- Chapitre 25 : La vérité.
DEUXIEME PARTIE :SARAH
- Chapitre 26 : Le mensonge.
- Chapitre 27 : L’appel de Djibouti.
- Chapitre 28 : La mère revendicatrice.
- Chapitre 29 : De vous à moi, ou le cerveau atomisé.
- Chapitre 30 : Qui a tué Grand-Maman ?
- Chapitre 31 : Le raticide.
- Chapitre 32 : L’empoisonneuse.
- Chapitre 33 : L’odeur de l’amour.
- Chapitre 34 : Psychiatrie.
- Chapitre 35 : La brouille.
- Chapitre 36 : Noël à la porte.
- Chapitre 37 : Le traquenard.
- Chapitre 38 : La lettre.
- Chapitre 39 : Le nom du Christ.
- Chapitre 40 : L’expiation.
- Chapitre 41 : Déposition.
- Chapitre 42 : L'illusion.
TROISIEME PARTIE : PIERRE DE LUNE
- Chapitre 43 : La France profonde.
- Chapitre 44 : Mes vraies origines.
- Chapitre 45 : Pierre de Lune.
- Chapitre 46 : Le dernier bébé d’Aurelle.
- Chapitre 47 : Le sang de Satan.
- Chapitre 48 : La Bohémienne.
- Chapitre 49 : Gaspard.
RECUEIL : AU NOM DE NOUS.
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FIN.
____________________________________________________________________________
FIN.
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